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BRESSLAU Harry

Professeur d’université, diplomatiste, (I) (★ Dannenberg, Hanovre, 22.3.1848 d. Heidelberg 27.10.1926) ∞ 1874 à Berlin C. Isay (I). Trois enfants (P) dont Ernst, professeur de zoologie à Strasbourg, et Hélène ép. Albert Schweitzer. Après un beau début de carrière à Berlin de 1872 à 1890, où il enseigna les sciences auxiliaires de l’histoire, sans s’y cantonner, d’abord comme Privatdozent, à partir de 1877 comme prof. extraord. d’histoire, Breslau sera le titulaire d’une chaire d’histoire à Strasbourg, 12.3.1890-31.3.1913, émérite le 1.4.1913. L’esprit du corps professoral, à son arrivée, était lsien : positivisme, idéologie nationale et libérale, contribution à la germanisation de l’Alsace par un enseignement apolitique de haut niveau. Il est recteur en 1904. Parallèlement à son activité à l’Université, il est accaparé par des responsabilités croissantes aux Monumenta Germaniae historica : membre de la direction centrale (1888), rédacteur du périodique Neues Archiv, de 1889 à 1903, directeur (1891/93) de la section Diplomata reg. et imp. des Monumenta Germaniae Historica. La prise en charge en 1912-1913 de la section Scriptores l’obligea à renoncer à sa chaire, mais il avait obtenu de rester à Strasbourg. Ses cours portaient sur de larges tranches de l’histoire médiévale et constitutionnelle surtout de l’Allemagne pour contenter les étudiants autochtones préoccupés avant tout de réussir à l’examen d’enseignant. Les exercices qu’il dirigeait à son séminaire n’ont attiré que vers la fin quelques rares aspirants indigènes au doctorat. L’histoire de l’Alsace est absente des intitulés de ses cours. Il avait manifesté son hostilité à la création d’une chaire d’histoire de l’Alsace qui serait détenue par un Alsacien de souche. Ses publications consacrées à cette histoire se réduisent à quelques articles de périodique, peu importants, traitant de points particuliers. Il fut membre actif et dirigeant d’institutions savantes : « Historische Kommission für Elsass-Lothringen », 1897, qui deviendra « Kommission für die Herausgabe elsässischer Geschichtsquellen », dont en 1912 il fut le secrétaire-président ; « Wissenschaftl. Gesellschaft in Strassburg », fondée en 1906, qu’il présida à partir de 1912, des mesures prises in extremis par Breslau, en nov. 1918, lui permettant de survivre outre-Rhin. Par ailleurs, une participation à la vie politique a été ressentie par B.  comme une obligation extra-universitaire. Entré au « Strassburger Bürgerverein », constitué le 31.1.1901, devenu en 1902 « Liberaler Verein der Stadt Strassburg », il sera élu membre du comité, puis président. Avec le professeur de droit F. Van Calker, il fut aussi l’instigateur de la création, en 1903, du parti régional « Liberale Landespartei » et siégea au comité directeur. A ce titre, Breslau fit des conférences dans presque toutes les villes d’Alsace, multipliant les contacts avec les autochtones, s’acclimatant de plus en plus. Pourtant, en 1908, après avoir été élu à la 2e présidence du parti, il se retira de la vie politique, démissionnant de l’Association libérale de Strasbourg où avaient pris le dessus depuis 1905-1906, dans le contexte d’une évolution rétrograde défavorable à la cause allemande, des gens qui lui rendaient plus difficile une action fructueuse (cf. Autobiogr. p. 22). Breslau militait pour le rétablissement de la germanité originelle, après des siècles d’aliénation, et s’élevait contre le retour offensif des partisans d’une francité pérennisée. On trouve sa signature sous une Erklärung der Hochschullehrer des Deutschen Reiches, 23.10.1914. Encore en octobre 1918, il exprima l’espoir d’un vote populaire pour un statut d’État neutre. Il refusa de quitter Strasbourg « à temps », bien qu’il sût qu’il figurait comme « pangermaniste militant » sur une liste noire établie par des Alsaciens ; on lit dans le dossier A. Schweitzer, Archives départementales du Bas-Rhin AL 98/696, rapport du 26.9.1919 : la famille Breslau était pangermaniste. Plaidoyer de Breslau : il n’a jamais appartenu au parti pangermaniste, mais il avait, par son action, considérablement gêné les chefs de la propagande française en Alsace. L’un des tout premiers expulsés, il franchit le pont de Kehl le 2.12.1918 (d’après lui, l’ordre d’expulsion fut reçu la veille, mais l’original conservé aux Archives départementales du Bas-Rhin, AL 121/955 est daté Quartier g. IVe Armée 3.12.). Jusqu’à la fin de sa vie il séjourna alors à Heidelberg en 1919-1926 (s’occupant des Monumenta Germaniae Historica et de la « Strassburger wissenschaftliche Gesellschaft »). A en croire l’Autobiographie, p. 18, 40, 44, Breslau n’a jamais regretté d’être venu à Strasbourg : l’Alsace lui était bientôt « liebe Heimat » et il a considéré les 28 années qu’il y passa comme ayant été les plus heureuses de sa vie. Il a dit pourtant à son collègue Meinecke : « Wir leben hier doch nur wie in einer Kolonie ». Pour explorer sa personnalité et son activité érudite, on lira l’Autobiographie (1926), le témoignage de Meinecke et les nécrologies. Pour son comportement de juif assimilé et patriote, partisan de l’assimilation, cf. Liebeschütz. Pour ses vues sur les rapports franco-allemands (appropriation progressive par la France de l’héritage de Lothaire, maintien de l’Allemagne en état de faiblesse, opposition à son unité, revanchisme, au total : une persévérante attitude d’ennemie héréditaire ; l’Alsace), cf. le discours à l’Aubette de Strasbourg le 31.10.1914 et l’Histoire des Monumenta 1921, p. 749-752. Ce réquisitoire ne doit pas faire oublier une attirance certaine pour la romanité et la France, à propos de laquelle il a écrit : les désirs de conquête et de vengeance sont des signes de virilité ; alliées, les deux nations domineraient facilement le monde. Dans ce discours, il s’est fait aussi l’interprète d’un messianisme allemand.

Handbuch der Urkundenlehre für Deutschland u. Italien, Berlin, 1958 – 1960, 3 vol. (1res éd. : 1, 1889 ; 2 : 1, 1915, 2 : 2,1931) ; Jahrbücher des Deutschen Reichs unter Heinrich II., 3, Leipzig, 1875 ; unter Konrad II., 1879-1884 ; Monumenta Germaniae Historica, Diplomata reg. et imp. 3 (Heinrich II.), 1900-1903 ; 4 (Konrad II.), 1909 ; 5 : 1 (Heinrich III.), 1927 ; « Geschichte der Monumenta Germaniae historica », Neues Archiv, 42, 1921, XV – 770 p. Judaica : Zur Judenfrage. Sendschreiben an Herrn Prof. Dr. H. von Treitschke, 1880 ; collab. à 2 périod. juifs, Hebräische Bibliographie, 9, 1869 – 12, 1872, et Zeitschr. f. d. Gesch. d. Juden in Deutschl., 1, 1887 – 5, 1892 (1892 : « Aus Strassb. Judenakten », 1-2, 2 = « Zur Geschichte Josels v. Rosheim », p. 307-334). Alsatiques : 4 discours prononcés et parus à Strasb. : Aufgaben mittelalterlicher Quellenforschung, 1904 ; Das tausendjährige Jubiläum der deutschen Selbständigkeit, 1912 ; Strassb. Reden zum Weltkrieg, 1830. 1870. 1914, 1914 ; Bismarcks Stellung zu Preussentum u. Deutschtum, 1915. 2 rapports d’expertise, 1897, 1901, sur le Règlement forestier de Dabo du 27.6.1613, Jahrbuch für lothr. Gesch. u. Altertumskunde, 10, 1898 et 16, 1904 (Chr. Pfister, contre-expert, 1900, 1903, J.G. Esser, Schisselé, G. Huffel 1924). Des études mineures sur la Chronique d’Ebersheim, 1891, 1893 ; le Cartulaire de Ribeaupierre, 1894 ; l’Abbaye de Schwarzach, 1898 ; Grandidier, 1899.

Die Geschichtswiss. d. gegenwart in Selbstdarst., 2, 1926, p. 29-83 (55 p.), « H. Breslau », portr., p. 77-83, liste chronologique des publications ; Archives départementales du Bas-Rhin ; Neue Deutsche Biographie ; Nécrologies : K. Hampe, Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, 79, 1927 ; H. Reincke-Bloch, Historische Zeitschrift 136, 1927 ; A. Hessel, Archiv f. Urkundenforsch., 10, 1928 ; P. Kehr, Neues Archiv, 47, 1928 ; « Briefe namhafter Historiker an H. Breslau. », Die Welt als Geschichte, 14, 1954 (lettres choisies dans « Nachlass Bresslau » à la Staatsbibliothek Preuss. Kulturbesitz, sect. des mss, Berlin-Ouest, composé principal de plus de 1000 lettres de correspondants : collègues, éditeurs, institutions, gestion MGH, et de lui) ; H. Liebeschütz, Das Judentum im deutschen Geschichtsbild, 1967, not. p. 205-212 ; F. Meinecke, Autobiographische Schriften, Stuttgart, 1969, not. p. 138-171 « Erlebtes in Strassb. (1901-1906) » ; J. E. Craig, A mission for German learning : The university of Strasbourg and Alsatian society, 1870-1918, Ann Arbor, 1973 ; Satzungen des Liberalen Vereins der Stadt Strassburg (à la suite Satz. et Programm d. Liber. Landespartei), 1906 ; Verhandlungen der IV. Vertreterversammlung der Liberalen Landespartei in E.-L., Breslau, « Das Proportionalwahlsystem », p. 8-15, Strassb., 1907 ; Der Neue Bote. Ein Volkskalender, Strassb., 1908, not. p. 45-49, 67-69.

Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933, 1, 1980, p. 93 : « Bresslau (Hermann Miguel) », fils de Ernst Breslau et de Luise Hoff, émigrés d’Allemagne au Brésil en 1934, suivis de leurs 4 enfants, nés à Strasbourg.

Théodore Lang (1984)