Universitaire, médiéviste (★ Chailland, Mayenne, 21.10.1904 † Paris (?) 15.11.1975).
Fils de Joseph Boutruche horloger, et de Marie Cordon, modiste. ∞ I 1929 Renée Godard († 1932) ; une fille. ∞ II 11.8.1940 Marie Thérèse Wetterwald (★ Guebwiller 1916), fille d’Emmanuel Wetterwald, architecte, et de Julie Schmirer ; 3 filles. Après une formation secondaire à Laval, Boutruche prépara sa licence d’histoire et de géographie à l’université de Rennes (1922-1924), un DES (1925) puis il exerça pendant deux ans à Vitré puis à Quimper et fut admis à l’agrégation en 1928, à l’issue du service militaire. Nommé à Brest, puis à Bordeaux (1929-1935), il se proposait de consacrer sa thèse aux grandes découvertes (il exerçait alors en classe préparatoire au concours de l’école des Colonies), lorsqu’il découvrit les Annales fondées par Lucien Febvre © et Marc Bloch © en 1929. Sur les encouragements de Marc Bloch, il se réorienta alors vers l’histoire économique et sociale du Bordelais médiéval. Maître de conférences en 1937, il succéda à Charles-Edmond Perrin à la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg et assura dès lors l’enseignement des sciences auxiliaires de l’histoire. Démobilisé en juin 1940, il retrouva ce poste à Clermont-Ferrand (sous l’intitulé Histoire médiévale à partir de 1941) et entra dans la clandestinité dans un village du Livradois après la rafle de novembre 1943 sous le nom de Roger Berville. À la libération de Clermont, Boutruche s’engagea dans la brigade Alsace-Lorraine et revint à Strasbourg en 1945 dans les rangs de la 1re Armée. Il fut l’un des artisans de la remise en route de l’Université, et notamment de la reconstitution de ses bibliothèques dispersées par les nazis. Sa thèse de doctorat sur La crise d’une société : seigneurs et paysans en Bordelais pendant la Guerre de Cents ans fut soutenue en décembre 1946 devant un jury présidé par Louis Halphen (réédition en 1965). Titulaire de la chaire d’histoire du Moyen Age à l’Université de Strasbourg en 1947, il fut nommé directeur d’études à la IVe section de l’École pratique des Hautes Études en 1953, en remplacement de L. Halphen et exerça les deux fonctions en parallèle. Professeur d’histoire économique du Moyen Âge à la Sorbonne à partir de 1958/59, il prit sa retraite en 1973. Considéré comme l’un des maîtres de l’histoire médiévale française et comme le continuateur de Marc Bloch à travers les deux volumes de Seigneurie et féodalité (t. I, 1959 et t. II, 1970), Boutruche exerça une influence décisive sur la génération de ses élèves. Très présent dans les institutions universitaires (notamment au jury d’agrégation) ; il rédigea le Bulletin consacré aux travaux portant sur l’histoire médiévale de la France dans la Revue historique (1949-1971) et fut l’un des artisans de la Nouvelle Clio.
P. Lemerle, Robert Boutruche, Philippe Contamine, La noblesse au Moyen Age XI-XVe siècle. Essais à la mémoire de Robert Boutruche, Paris, 1976, p. 7-13.
Georges Bischoff et Francis Rapp (2004)