Gentilhomme, (Pr) (★ Pays-Bas, date inconnue † Strasbourg 6.9.1556).
Fils de Charles de Bourgogne, seigneur de Bredam, et de Marguerite de Werchin, fille du baron Nicolas de Werchin, sénéchal héréditaire de Hainaut. ∞ I Yolande de Brederode († Veigy 1552 ?) ∞ II Isabeau de Rymersuwale (encore signalée à Cologne en 1570). Petit-fils de Baudouin de Lille, l’un des fils bâtards de Philippe le Bon, il fut élevé à la cour de l’empereur Charles-Quint, dont il était encore l’aide de camp en novembre 1543. On sait qu’au début de l’année 1544 il accueillit dans son château de Falais (aujourd’hui Fallais), près de Huy, un prédicateur évangélique, Jean de Saint-André. En mars, il émigra à Cologne avec son épouse et, de là, à Strasbourg, où il arriva peu avant le 8.5.1545. Il devint rapidement membre de l’Eglise française de cette ville. Le 12.6.1546, les délégués strasbourgeois tentèrent d’obtenir des États protestants réunis à Ratisbonne, à la Session de la Ligue de Smalcalde, qu’ils interviennent auprès de l’empereur en faveur du seigneur de Falais, en disgrâce. À vrai dire, il était déjà trop tard : le 10 juin, Charles-Quint avait ordonné la saisie de tous les biens, terres et seigneuries de son cousin. C’est en vain que celui-ci envoya à Charles-Quint une Excuse que Calvin © écrivit pour lui. Bientôt, en février 1547, Falais se rendit à Bâle et, en août 1548, cédant aux instances de Calvin, il s’établit à Veigy, près de Genève. Cependant, en novembre 1551, pour avoit pris la défense de son médecin, Jérôme Bolsec, qui avait refusé de souscrire à la doctrine calvinienne de la prédestination, il se brouilla avec le ministre de Genève, son ami de longue date pourtant. Après quelques incidents, il décida de retourner à Strasbourg, où il demeura les deux dernières années de sa vie, de l’été 1554 à l’été 1556. Comme à Veigy, sa maison devint un lieu de rassemblement pour les marginaux de la Réforme, partisans de Gaspard Schwenckfeld © ou de Sébastien Castellion. C’est ainsi que, le 17.8.1556, quinze jours avant sa mort, le recteur Jean Sturm signala à Calvin l’existence à Strasbourg d’une « académie schwenckfeldienne ou falésienne » sur laquelle nous ne sommes pas davantage renseignés.
L. Galesloot, « Jacques de Bourgogne, seigneur de Falais et sa famille. Un épisode des poursuites contre les sectaires aux Pays-Bas, 1545-1550 », Revue Trimestrielle, t. XXXIV, 1862, p. 5-51 ; E. Poswick, « Jacques de Bourgogne 1542-1557 », dans « Histoire du comté de Fallais », Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. XIX, 1886, p. 332-336 (Tiré-à-part, Liège, 1890, p. 94-103) ; A. Cartier, Introduction, dans L’Excuse de noble seigneur Jacques de Bourgogne seigneur de Falais et de Bredam par Jean Calvin, réimprimée pour la première fois sur l’unique exemplaire de l’édition de Genève, 1548, Paris, 1896, p. LXXV, 2e éd. revue et augmentée, Genève, 1911, p. VII-LXXVIII; Ph. Denis, « Jacques de Bourgogne, seigneur de Falais », Bibliotheca dissidentium. Répertoire des non-conformistes religieux des seizième et dix-septième siècles, t. IV, Baden-Baden, 1984, p.9-52.
Philippe Denis (1984)