Famille noble de Basse-Alsace qui tire son nom du village de Bootzheim près de Sélestat où elle avait ses premières possessions. Une branche de la même famille vivait également en Bade où elle avait acquis plusieurs fiefs. La branche alsacienne jouait un rôle important à Sélestat où elle exerçait la fonction de Schultheiss, notamment entre 1367 et 1389. Un conflit politique opposa au XIVe siècle Jean l’aîné de Botzheim à la bourgeoisie de Sélestat qui décida de modifier la constitution de la cité pour mettre fin à l’activité turbulente des lignages. Des pierres tombales de plusieurs membres de la famille Botzheim, notamment de Werner († 1332), Jean († 1352) et de son fils Jean († 1382), se trouvaient à l’église paroissiale de Sélestat dont ils étaient de grands bienfaiteurs. Leurs écus étaient jadis placés sur une poutre qui reliait deux piliers de la nef centrale. À Strasbourg on trouve les Botzheim à partir du XVIe siècle.
Jean,
humaniste, (★ Sasbach près Achern, Bade, vers 1480 † Uberlingen, Bade, 28.3.1535). Fils de Michel Botzheim, bailli épiscopal à Sasbach. Étudia à Heidelberg chez Wimpfeling à partir de 1496, puis à Bologne où il obtint le grade de docteur en 1504 ; obtint un vicariat à la cathédrale de Strasbourg, puis un canonicat à Constance (1512) où il élut résidence. Il y reçut de nombreux humanistes allemands et étrangers. Il compta entre autres Geiler de Kaysersberg © et surtout Erasme de Rotterdam © parmi ses amis. Partisan de la doctrine luthérienne au début, il l’abandonna par la suite et se retira en 1526 avec les autres chanoines à Uberlingen.
Bernard
(★ vers 1520 † Strasbourg 20.4.1591). Fils de Guillaume Botzheim, domicilié tantôt à Achern, tantôt à Offenburg. Étudia aux universités de Tübingen (1537), Heidelberg (1538), Cologne (1542), Bologne (1544) et obtint le doctorat à Sienne en 1545. Après la mort de Ludwig Bebio, avocat de la ville, il brigua en vain sa succession. Jean de Simmern, comte palatin, l’engagea alors à son service comme chancelier. En 1548 son talent oratoire attira l’attention de Jacques Sturm à la diète d’Augsbourg. Grâce à Sturm il entra l’année suivante au service de la ville de Strasbourg. Le Magistrat lui confia de nombreuses missions diplomatiques. En 1551 il négocia avec Christophe de Wurtemberg et les villes de Souabe sur l’attitude à adopter à l’égard du concile de Trente. En 1552 le margrave Bernard de Bade chercha en vain à se l’attacher. En 1556 il représenta la ville de Strasbourg à la diète de Ratisbonne ; en 1559 il négocia au sujet de la suppression de l’Intérim avec l’électeur palatin ; en 1561 il accompagna Henri de Mullenheim à l’assemblée de Naumburg ; en 1563 il intervint activement pour la signature de la Concorde de Wittenberg. A la diète de Ratisbonne, en 1567, il fut souvent sollicité comme conseiller par les princes et les représentants des villes.
Jean Frédéric,
(★ Strasbourg 12.12.1558 † 2.9.1625). Fils de Bernard de Botzheim et de Marguerite Höl de la famille des Haslach. Après avoir suivi les cours du Gymnase, il séjourna pendant cinq ans à l’étranger pour y apprendre les langues. Il voyagea en France, en Angleterre, en Belgique, en Italie et en Suisse. De retour à Strasbourg il fut élu membre du Petit Sénat en 1586, du Grand Sénat en 1589. En 1602 il devint membre des XXI ; en 1610 il entra au Conseil des XV et en 1618 au Conseil des XIII. Entre temps il avait été nommé administrateur du couvent des Pénitentes (1611), de celui de Saint-Nicolas-aux-Ondes (1614) et de l’Hôpital (1619). En 1620 il devint inspecteur de la Chancellerie. De 1617 à 1624 il exerça les fonctions de stettmeistre.
Jean Charles,
(★ Strasbourg 28.6.1594 † 17.1.1642). Fils de Jean Frédéric de Botzheim et d’Apolline Müeg de Boofzheim. ∞ I 5.7.1627 Esther Suzanne Boecklin de Boecklinsau († 1633) ; ∞ II 25.7.1634 Madeleine Ursule († 17.3.1635) fille de Guillaume Prechter. Après avoir étudié au Gymnase il séjourna à partir de 1612 en France, en Allemagne, en Angleterre et en Suisse. De retour à Strasbourg il devint successivement membre du Petit Sénat (1619), du Grand Sénat (1632), du Conseil des XV (1635), du Conseil des XIII (1637). De 1639 à 1642 il remplit également les fonctions de stettmeistre.
Quelques autres membres de la famille de B. méritent encore d’être signalés : Michel de Botzheim, détenteur des fiefs épiscopaux de la famille de Botzheim est établi à Riga en 1671 ; Jacques Christophe de Botzheim, propriétaire d’un château à Illkirch, est accusé de diffamation envers l’ammeistre Dominique Dietrich et d’avoir répandu le bruit que 4 ou 5 membres du Magistrat auraient touché de l’argent de Louis XIV pour « vendre » la ville à la France (mai 1673).
B. Hertzog, Edelsasser Chronick, Strasbourg, 1592, livre VII p. 27-30 ; E. Lehr, L’Alsace noble, Paris, 1871, t. Il et III ; Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace, Paris, 1879, t. Il, p. 73, 176, 188 ; J. Kindler v. Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, Vienne, 1886, p. 45-46 ; Kindler v. Knobloch, Oberbadisches Geschlechterbuch, t. 1, 1898, p. 145 ; J. Geny, Die Reichsstadt Schlettstadt, und ihr Antheil an den sozial-politischen und religiösen Bewegungen der Jahre 1490-1536, Fribourg Br., 1900 ; J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben des 16. Jh., Strasbourg, 1902 t. I, p. 33 ; Neue Deutsche Biographie, Berlin, 1955, t. 2, p. 490-491 (branche badoise) ; P. Adam, Histoire religieuse de Sélestat, t. I, Sélestat, 1967 ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas 447/18 et 46 ; Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux, séries AA et l-X.
François-Joseph Fuchs (1984)