Skip to main content

BORROMÉE Henry

Préfet du Bas-Rhin, (★ Paris 24.12.1873 † 22.4.1954). H. Borromée débuta dans l’administration préfectorale en 1896, en qualité de chef de cabinet du préfet de la Manche, pour accomplir une carrière classique de haut fonctionnaire de la 3République. Sous-préfet, puis secrétaire général de préfecture, il fut appelé, à l’âge de 40 ans, à la veille de la guerre, aux fonctions importantes de secrétaire général du Nord. La dignité dont il fit preuve au cours des années de guerre et son attitude patriotique lui valurent une condamnation à une peine d’emprisonnement par les autorités allemandes. Le gouvernement l’en récompensa en l’élevant au grade de préfet à Chartres (1916), puis à Angers (1920). Il fut appelé, en mars 1922, par Maurice Maunoury, ministre de l’Intérieur du cabinet Poincaré, à la préfecture de Strasbourg. Il allait demeurer huit ans dans ce poste important. En 1924, il dut faire face aux difficultés nées du changement d’orientation politique, résultant de l’arrivée au pouvoir du « Cartel des Gauches ». Les mesures envisagées au lendemain des élections de mai 1924 par le gouvernement Édouard Herriot, touchant le statut religieux et scolaire des départements recouvrés, suscitèrent des réactions violentes dans l’opinion et la naissance d’un mouvement d’inspiration autonomiste. Cependant, l’entrée au gouvernement de l’un des dirigeants du parti catholique, le Dr. A. Oberkirch, © l’action dans le sens de l’apaisement du député démocrate Charles Frey, © facilitèrent la naissance d’un courant gouvernemental, qui permit à H. Borromée de faire face aux problèmes résultant de l’attitude frondeuse d’une partie des parlementaires et du Conseil général du Bas-Rhin, du malaise provoqué par le « procès de Colmar » et de l’élection, en 1929, d’un maire communiste autonomiste (Charles Hueber) à Strasbourg.

La présence aux affaires d’un gouvernement de centre-droit contribua, après les élections législatives de 1928, à l’apaisement des esprits. La tâche d’H. Borromée à la tête de l’administration du département en fut facilitée. Aussi est-ce avec regret qu’il apprit, par la voie de la presse et de la radio, son départ de Strasbourg, le 24.5.1930.
En dépit d’une lettre courtoise du président du Conseil, ministre de l’Intérieur, André Tardieu, à ce haut fonctionnaire, H. Borromée demeura sans affectation après son départ de Strasbourg. La mesure qui le frappa provoqua une protestation des parlementaires alsaciens, amis du gouvernement (en particulier le Dr. Oberkirch et Charles Frey), et un débat au Conseil général sur une motion d’hommage au préfet. H. Borromée termina sa carrière en qualité d’administrateur d’importantes sociétés privées et n’obtint du gouvernement d’autre satisfaction que sa nomination au grade de commandeur de la Légion d’honneur. Il laissa en Alsace le souvenir d’un administrateur de qualité.

F.-G. Dreyfus, La vie politique en Alsace, 1919-1936, Paris, 1969 ; G. Baas, Le malaise alsacien 1919-1924, Strasbourg, 1972 ; Ch. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939, Strasbourg, 1982, p. 415-420.

Maurice A. Oster (1984)