Professeur et historien, (C) (★ Sélestat 2.1.1893 † Colmar 7.12.1972).
Fils de Jean Bopp, agriculteur et marchand de fromage, et de Marie-Antoinette Uffler. ∞ 5.3.1921 à Colmar Emma Méta Biehly, de Colmar. Il eut une dure jeunesse puisque son père mourut en 1902, laissant huit enfants à sa veuve qui, surcroît de malheur, était devenue presque aveugle quelques années auparavant. Élève très doué du Gymnasium de Sélestat, il eut la chance d’y être distingué et encouragé par un de ses professeurs, Henri Adrian ©. Passionné de philologie, il étudia à l’Université de Strasbourg le sanscrit, le grec, le latin, l’hébreu, le français et l’allemand et dès 1916, à 23 ans — ses études n’avaient été que peu perturbées par la guerre puisqu’il avait été reconnu rapidement inapte au service militaire — il passa très brillamment son Staatsexamen et devint docteur avec une thèse (Inauguraldissertation) sur le poète Pfeffel. La même année encore il fut nommé professeur auxiliaire au Gymnasium de Colmar qui forma avec la Realschule en 1919, le lycée Bartholdi. C’est là que se déroula toute sa carrière administrative jusqu’à sa retraite en 1960, avec une seule interruption en 1922-1923, année scolaire durant laquelle il effectua un stage au lycée de Saint-Omer. Pédagogue hors pair, il enseigna le français, le latin et le grec et, après la Seconde guerre mondiale, l’allemand, exerçant sur ses élèves une profonde influence. Doué d’une curiosité universelle et d’une grande capacité de travail, fortement aidée par son épouse, qui lui épargnait toute préoccupation matérielle, il consacra ses loisirs à l’étude de l’histoire de l’Alsace depuis le XVIIIe siècle dont il fut un des meilleurs spécialistes. La vie intellectuelle et littéraire, la société, les individus et les familles furent les sujets de prédilection de ses recherches; s’y ajoute pour les années tragiques 1940-45 l’étude des événements auxquels il assista en fervent Alsacien et en témoin lucide et courageux : son opposition au nazisme lui valut d’être arrêté et traduit le 2. 2. 1945 devant un tribunal militaire sommaire à Guebwiller et il ne dut la vie qu’à son sang-froid et sa présence d’esprit. Chevalier de la Légion d’honneur en 1961.
Son œuvre très considérable comprend de nombreuses études, souvent fort développées, parues dans des périodiques savants (Actes des congrès nationaux des sociétés savantes, Section d’histoire moderne et contemporaine, Revue d’Alsace., Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, Annuaire de la Société d’histoire du val et de la ville de Munster, Annuaire de la Société historique, littéraire et scientifique du Club Vosgien, Saisons d’Alsace, Elsass-Lothringisches Jahrbuch, etc.), quantité d’articles parus dans des magazines populaires tels que Chez soi et dans des quotidiens, les sept ouvrages suivants: Gottlieb Conrad Pfeffel als Prosaschriftsteller, Strasbourg, 1917 (sa thèse de doctorat) ; en collaboration avec Georges Boesch, Zwesche Fiehr und Liecht, Elsässisches Schauspiel in 3 Akten, Colmar, 1922 (Satire du travail des commissions de tri) ; Deutsche Grammatik, Ein Handbuch der deutschen Sprache, besonders für die höheren Schulsysteme in Elsass und Lothringen, Strasbourg-Paris, 1923 ; Le théâtre alsacien de Colmar 1899-1924, Colmar, 1924 ; L’Alsace sous l’occupation allemande 1940-1945, Le Puy, 1945 ; Die evangelischen Geistlichen und Theologen in Elsass und Lothringen von der Reformation bis zur Gegenwart, Neustadt an der Aisch, 1959, ouvrage dont les premières épreuves parurent en 1942 et dont la traduction française ne put être publiée après la guerre, faute de soutien financier; Die evangelischen Gemeinden und Hohen Schulen in Elsass und Lothringen von der Reformation bis zur Gegenwart, Neustadt an der Aisch, 1963, et deux éditions de textes: Charlotte von Schiller, geb. von Lengefeld, Die Nonne, Strasbourg, 1918, et Zwischen Politik und Diplomatie, Memoiren der Gräfin Treuberg, Strasbourg-Paris, 1922. On lui doit en outre des adaptations en alsacien pour le théâtre du Malade imaginaire (D’r igabeld Krank) en 1922 et de Georges Dandin en 1924.
C. Wilsdorf, « Marie Joseph Bopp 1893-1972 », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, t. 24, 1974-1975, p. 203-205, et notice nécrologique par A. Birckel, « L’écrivain d’Alsace et de Lorraine », n° 20, décembre 1973, p. 4-7.
Christian Wilsdorf (1984)