Publiciste et homme politique, (Pl) (* Strasbourg 12.3.1811 † Nancy 26.5.1874).
Fils de Jacques Michel Boersch, homme de lettres, et de Christine Caroline Gérold. Célibataire. La révolution de 1830 marqua la vie étudiante de Charles Boersch qui ne cessa de manifester un vif intérêt pour le mondecontemporain, la conquête des libertés et le progrès économique. Boersch poursuivit avec succès ses études médicales, mais ne put supporter le spectacle de certains malades. Il avait présenté une thèse de doctorat, Essai sur la mortalité à Strasbourg dans les siècles passés et de nos jours dont seule la première partie fut publiée en 1836. Boersch attribua le recul du taux de mortalité aux progrès de l’hygiène et insista sur l’influence des facteurs économiques — le prix des grains en particulier — et de l’environnement social. Boersch entra dès 1832 au Courrier du Bas-Rhin, organe de la bourgeoisie protestante alsacienne et propriété de la famille Silbermann-Salzmann. Il quitta le journal trois ans plus tard lorsque la liberté de la presse fut restreinte et que des bailleurs de fonds à la maison d’édition imposèrent un certain contrôle. Boersch participa au lancement d’une première Revue d’Alsace en 1834. Elle devait contribuer à renforcer le rôle géographique et économique de la région. Boersch reprit le projet deux ans plus tard et dirigea la publication qui devait faire connaître la production littéraire aux industriels et les activités économiques aux écrivains ; les articles historiques s’inspirant de la conception moderne de Guizot. Boersch fut élu au conseil municipal de Strasbourg dès 1837 et s’intéressa aux constructions des lignes de chemin de fer et à l’instruction populaire, facteur de progrès et liberté. En qualité d’adjoint au maire, il présenta plusieurs rapports sur l’organisation des écoles primaires. Il siégea au Conseil académique et fit paraître, à partir de 1851, le Bulletin académique du Bas-Rhin. Cela lui valut d’être nommé secrétaire du Conseil départemental de l’Instruction publique. Charles Boersch, revenu au journal après 1842, se chargea de la rédaction du Journal de la Réforme protestante en 1847. Il joua dès lors un rôle politique important, participa à la campagne des banquets et entra en 1848 à la « commission municipale » et à la délégation chargée provisoirement de l’administration du département. Il combattit la politique de réaction du parti de l’ordre. Il démissionna de sa fonction d’adjoint au maire et de conseiller municipal en 1851 pour protester contre la dissolution de la garde nationale de Strasbourg. Il fut néanmoins constamment réélu sous le Second Empire et entra même au Conseil général dès 1852. Deux ans plus tard, il s’opposa vigoureusement au projet d’un groupe catholique qui réclamait l’appropriation par la ville des biens de la Fondation protestante du chapitre de Saint-Thomas. Boersch orienta le journal dans un sens libéral, appelant le progrès économique et scientifique, applaudissant à la formation des nationalités et œuvrant pour le triomphe des lumières. Charles Boersch partageait les opinions maçonniques de la bourgeoisie alsacienne ; il avait été reçu membre de la Loge des Frères Réunis en 1841. Le Courrier du Bas-Rhin constituait à la fin du Second Empire l’un des meilleurs organes de la presse provinciale. Charles Boersch dirigeait alors une petite équipe rédactionnelle où œuvrait Auguste Schnéegans ©. Le rédacteur en chef présenta sa candidature aux élections législatives de 1869 contre Alfred Renouard de Bussière ©, candidat officiel qui fut élu grâce aux voix des électeurs ruraux. Ch. Boersch avait cependant promis à l’évêque de voter pour le pouvoir temporel du pape. Lorsque le préfet du Bas-Rhin, le baron Pron ©, fut démis de ses fonctions à la mi-septembre 1870, Boersch assuma l’intérim jusqu’à l’arrivée d’Edmond Valentin ©, le 20 septembre. Élu à l’Assemblée de Bordeaux en février 1871, il protesta avec ses 27 collègues élus dans l’Est contre les conditions de paix. Il cessa d’œuvrer au Courrier du Bas-Rhin, vendu par son propriétaire, et confia des articles — Causeries strasbourgeoises — aux Affiches de Strasbourg. Il s’installa avec sa sœur Mathilde à Nancy. Cet optant se proposait alors de retracer l’histoire de l’Alsace depuis 1830. Charles B. fut assurément au XIXe siècle le plus grand journaliste de l’Alsace.
Essai sur la mortalité à Strasbourg, (partie rétrospective), Strasbourg, 1836, in 4°. Nombreux articles dans la Revue d’Alsace, cf. RA, Tables générales, T. 102, p. 16.
Ponteil, L’opposition politique à Strasbourg sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Paris, 1932; P. Leuilliot, La presse et l’histoire. Notes sur la presse en Alsace sous la Seconde République et le Second Empire, Cahiers de l’Association interuniversitaire de l’Est, Strasbourg, 1965 ; J.P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous la Seconde République et à la fin du Second Empire, Thèse de doctorat en journalisme, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Strasbourg, 1970, 4 vol. Ex. multigraphié à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, aux Archives municipales de Strasbourg et à l’Institut Français de Presse à Paris ; J.P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous le Second Empire (1852-1870), Publ. de la Société savante d’Alsace et des Régions de l’Est, Strasbourg, 1974 ; Archives municipales de Strasbourg, Legs Paul Gerschel. Boîte 15-5 : Tableau général des membres de la Loge des Frères réunis de 1811 à 1864 et boîte 37-4 : Liste des membres fondateurs du Cercle maçonnique; Courrier du Bas-Rhin, du 20.6.1837 et Archives municipales de Strasbourg, Archives administratives, 550-3074 et 3084 (élections de 1869 et 1871).
Jean-Pierre Kintz (1984)