Artiste-peintre, (★ Strasbourg 14.10.1871 † Strasbourg 9.7.1947). Fils d’Émile Charles Blumer, fabricant de parquets, et de Marie Caroline Flach. Il est le plus alsacien et le plus strasbourgeois de sa génération. Il vécut pendant toute sa vie à Strasbourg, au n° 11 quai des Bateliers, où il naquit, en bénéficiant à partir de son atelier d’une vue sur la cathédrale et sur le château des Rohan. D’abord élève de Lothaire de Seebach, il fréquenta l’Académie de Karlsruhe (1895-1897), puis l’Académie Julian à Paris (1898-1899) et il termina sa formation artistique par des stages dans les ateliers d’Eugène Carrière, de Jules Lefebvre et de Robert Fleury. Lucien Blumer a gravé à la pointe sèche, à l’aquatinte et dessiné des lithographies. Il devint le peintre des toits à lucarnes, des pignons et des façades ensoleillées ainsi que des quais du vieux Strasbourg. Il s’intéressa successivement aux fleurs, aux portraits, aux intérieurs et aux natures mortes. Son œuvre peut être divisée en deux parties d’une durée sensiblement égale : la première, influencée par Seebach, très marquée par l’impressionnisme ; la seconde avec des couleurs plus vives, des contrastes plus nets, une peinture plus lourde et peut-être plus rugueuse. Après avoir fait quelques voyages d’études, notamment à Florence et à Bruges, il revint à Strasbourg. Avec Émile Schneider, il y créa d’abord la Société des Artistes de Saint-Nicolas, puis avec Spindler, il fonda en 1905 la Revue alsacienne illustrée, pour devenir, enfin, président de l’Association des Artistes indépendants d’Alsace, fonction qu’il garda de 1912 à 1937. En 1897, il se présenta pour la première fois au public strasbourgeois à l’occasion d’une exposition à la Société des amis des arts à Strasbourg. Par la suite, on le revit de nombreuses fois à Strasbourg, de nouveau à la Société des amis des arts en 1901 et en 1904, au château des Rohan, au palais du Rhin, mais surtout à la Maison d’Art alsacienne (not. en 1906, 1907, 1911, 1913, 1914, 1924, 1 925, 1927, 1929, 1931, etc…). Il exposa aussi à Mulhouse, à Berlin, à Cologne, à Karlsruhe, à Wiesbaden, à Stuttgart, à Paris, où il fit ses débuts au Salon de 1899, et de 1922 à 1937 il exposa régulièrement au Salon d’Automne dont il était sociétaire. Il édita une collection de 150 cartes postales représentant le « Strasbourg disparu », collection qu’il constitua d’après les photographies datant de 1850 à 1910, notamment des photographies de Charles Winter. Les musées de Strasbourg (le Cabinet des Estampes, etc.), celui de l’Armée à Paris et celui de Haguenau conservent de ses toiles. L’État français acquit de lui Les effets de l’hiver sur la place du marché aux cochons de lait. Le Musée de l’Armée à Paris a acquis son Premier quatorze juillet dans la rue des Orfèvres, 1919. Le Musée Historique de Strasbourg lui acheta, en 1920, une toile exécutée lors de la démolition qui a précédé à la construction du Magmod.
M. Lenossos, « Lucien Blumer », Vie en Alsace, 1919, VII, 80 et s. ; A. Andrès, Les graveurs contemporains en Alsace, Colmar-Alsatia, 1948, p. 113 ; Société G. Engelmann Mulhouse, Soixante ans de gravures alsaciennes 1900-1960, 1961 ; R. Metz, les peintres alsaciens de 1870 à 1914, thèse, Strasbourg, 1971 ; R. Heitz, la peinture en Alsace, 1975.
François Lotz (1984)