Skip to main content

BIRKENWALD (famille de)

Nom porté pour la première fois par le gentilhomme normand Gabriel du Terrier, investi en 1649 du fief de Birkenwald, et transmis à ses descendants et à la famille alliée des Dupré de Dortal. D’après les documents les intéressés signaient indifféremment Bürck(en)wald ou Birck(en)wald.

 

La famille s’éteint avec la mort en 1804 de la marquise de Grimaldi née Fanny de Birkenwald, dernière titulaire du fief, et de sa mère, la douairière de Birkenwald, née Marie Élisabeth de Musiel de Berg décédée en 1822.

Le fief de Birkenwald qui relevait de l’abbaye d’Andlau était mixte et admettait donc les femmes quand les hoirs masculins faisaient défaut. Il comprenait le village et le château de Birkenwald, la dîme curiale, le village de Pfulgriesheim et quelques terres à Cosswiller, Salenthal et Marmoutier.

Les armes des du Terrier : d’azur à une fasce d’or chargée de trois losanges accolés de gueules, touchant les bords de la fasce et les flancs de l’écu, accompagnée en chef d’une étoile d’or à six rais, en pointe d’un croissant d’argent. L’écu timbré d’une couronne comtale ; deux sauvages de carnation en support, ceints et couronnés de lierre, appuyés sur leurs massues.

Celles des Dupré de Dortal : d’or à chevron d’azur, accompagné en chef de deux pommes de pin de sinople tigées de même, inclinées de chaque côté et en pointe d’un ours levé de sable. Cimier et support comme précédemment.

 

Gabriel du Terrier,

(† 30.8.1688). Originaire de Normandie, il est dit seigneur de Fontaine. Venu en 1636 avec les armées de Louis XIII en Alsace comme major d’un régiment à pied, il est chef de garnison et vice-gouverneur de Saverne, du Haut-Barr et d’autres lieux, ∞ Ile 12.6.1640 Marie-Ursule d’Andlau. Par ce mariage il devient le beau-frère de Jean de Giffen, conseiller épiscopal et homme de confiance de l’abbesse d’Andlau, son délégué aux conférences de Munster en 1645 et son mandataire à la diète de Ratisbonne. Cet appui familial explique pour beaucoup l’obtention du fief de Birkenwald et l’investiture du 11.1.1649 par l’abbesse Jeanne Sabine d’Offenbourg en dépit de sa lettre d’expectative du 4.9.1647 en faveur de Rodolphe de Neuenstein. Le nouveau seigneur de B. est immatriculé au Corps de la Noblesse immédiate de Basse Alsace.

À la mort de sa femme en 1651, sur les 6 enfants connus, procréés avec Marie Ursule d’Andlau, il ne lui restait que 2 fillettes en bas âge qu’il confie aux religieuses de Notre-Dame auxquelles il cède une maison sise à Saverne. Des deux pupilles, seule la cadette survivra, ∞ ll en 1658 Suzanne de L’Isle (★ 27.9.1617 † 8.2.1670) dont la pierre tombale se trouve encore dans le chœur de l’église de Pfulgriesheim. Elle donne à Gabriel du Terrier deux fils Wolfgang-Louis et François-Antoine-Melchior. Ces 2 fils par ordre de primogéniture, et à leur mort, la seule fille survivante du 1er lit, Françoise Sabine Richarde lui succéderont dans l’administration de la seigneurie de Birkenwald.

 

Wolfgang-Louis du Terrier,

(† Strasbourg 9.2.1711). En sa qualité d’aîné des fils il succède à son père. Il obtient pour lui, son frère et sa soeur l’investiture du fief le 4.6.1689. Entré dans le service des armes en 1671, il termine sa carrière comme lieutenant-colonel du régiment de cavalerie de Rosen. Depuis 1698 conseiller d’honneur et chevalier d’épée près du Conseil Souverain d’Alsace et conseiller ordinaire du présidial de la Noblesse d’Alsace, il est fait chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis le 5.7.1700. ∞ à Strasbourg Concorde Truchsess de Rheinfelden dont il a un fils Louis-Nicolas-Antoine (★ 17.8.1692) mort pendant son adolescence. N’ayant pas de descendant, le fief échoit à son frère.

 

François Antoine Melchior du Terrier,

(★ 30.6.1659 † 18.3.1713) Chevalier de l’ordre militaire de Saint-Lazare et du Mont Carmel. Commandant du second régiment Royal-Danois, seigneur de Birkenwald par l’investiture reçue le 21.1.1711 de l’abbesse Marie Sophie d’Andlau. De son mariage avec Marie Amélie d’Elsenheim il n’a pas eu d’enfants. Il fut enterré, comme sa femme trois ans plus tard († 29.4.1716) près du baptistère dans l’ancienne église d’Oberschaeffolsheim, village dont les nobles d’Elsenheim étaient les seigneurs. Au moment de la construction de l’église actuelle en 1783, sa pierre tombale avec son intéressante épitaphe fut fixée dans le mur d’enceinte du cimetière où elle est toujours visible.

Son décès fit de Birkenwald un fief vacant. Comme la ligne mâle des du Terrier s’éteignait avec lui, le fief revint à la fille de Gabriel du Terrier : Sabine Richarde Françoise du Terrier (★ 12.9.1649 † 29.8.1725), mariée depuis le 2.8.1677 à Charles Dupré de Dortal (★ 1646 ★ 1701 ). Elle était donc déjà veuve quand en 1713 elle allait recueillir l’héritage de ses deux frères. Par un acte de cession du 8.7.1713, elle déclare à l’abbesse d’Andlau qu’elle désiste de ses droits sur le fief et sollicite l’investiture pour son fils unique Joseph Louis de Dortal. Décédée à Strasbourg, ses obsèques sont célébrées à Saint-Étienne et son corps transféré dans l’église de Birkenwald.

 

Charles Dupré de Dortal,

(6.2.1646 † 2.3.1701). Par son union avec la dernière descendante de Gabriel du Terrier, il attacha le nom des Dupré de Dortal à la terre de Birkenwald. L’inscription de sa pierre tombale conservée dans l’église de Pfulgriesheim le désigne comme « chevalier lorrain » . En effet son père était conseiller et trésorier du duc de Lorraine. Lui-même est inscrit au Corps de la Noblesse immédiate d’Alsace, membre du Conseil des Quinze du Magistrat de Strasbourg. Sans avoir jamais administré le fief il est pourtant le continuateur de la lignée des dynastes de Birkenwald. Laissant une fille Marie Madeleine Françoise (★ 22.6.1685) et un garçon, c’est ce dernier Joseph Louis Dupré de Dortal qui sur la demande de sa mère sera le nouveau titulaire de Birkenwald en 1713.

 

Joseph Louis Dupré de Dortal,

(† 1740) fils de Charles Dupré de Dortal et de Françoise Sabine Richarde du Terrier. Il prend possession du fief le 11.1.1714 et le 8.5.1719 il procède au renouvellement des droits seigneuriaux de la terre de Birkenwald. Conseiller et membre du Directoire de la Noblesse, lieutenant-colonel du régiment de cavalerie allemand de Rosen, ∞  le 31.1.1707 Marie Cécile Hippolyte Truchsess de Rheinfelden († 8.9.1754) dont il a eu une nombreuse progéniture (10 enfants) : 1. Marie Wilhelmine Barbe Françoise ★ 7.3.1713, mariée à Laurent de Fienne, † le 5.5.1770. 2. Félix Wolfgang Louis baptisé d’urgence au domicile des parents le 21.4.1714, mort avant 1740. 3. François Joseph (★ 18.3.1715). 4. Jean-Baptiste (★ 24.4.1716 † 1763) capitaine des grenadiers au régiment de Picardie. Chevalier de Saint-Louis. Sénateur noble de 1738 à 1760, puis Stettmeistre de Strasbourg en 1761 et 1762. Il meurt sans postérité. 5. Louise Françoise (★ 11.7.1717) mariée successivement à J.B de Mauléon et J. Antoine de Wolter. 6. Egide Charles (★ 28.9.1718 † avant 1749) a reçu son prénom du parrain Égide Desruaux, conseiller royal. 7. Marie Anne Madeleine (★ 12.2.1720 † 7.2.1750) ∞ le 15.9.1738 François Joseph de Haffner de Wasslenheim (★ 1719 † 1792), directeur de la Noblesse et Stettmeister de Strasbourg de 1770 à 1789. Leur fille Louise Julienne (★ 1747), sera la 2e épouse de Henri Joseph Xavier de Latouche dont un descendant rentrera en possession des biens et du château de Birkenwald après la Révolution, à la faveur d’un mariage. 8. Marie Sidonie est morte le lendemain de sa naissance le 14.3.1723. 9. François Henri Louis (★ 25.8.1729 † 18.3.1753). Il reçut sa sépulture à Birkenwald. 10. Charles Ferdinand (★ 1732 † 1783) le cadet de la famille et le dernier représentant mâle des Dupré de Dortal.

 

Charles Ferdinand Dupré de Dortal,

(★ 15.2.1732 119.1.1783) L’abbesse Marie Béatrice de Landenberg dans sa lettre d’investiture du 11.2.1765 spécifie que Charles, cadet de la famille est investi du fief de Birkenwald mais que les revenus sont en indivis avec son frère François Joseph. L’inventaire des biens dressé à son décès nous apprend qu’il était chevalier de l’ordre de Saint-Louis, ancien capitaine de dragons et membre des Quinze. Un de ses visiteurs au château de Birkenwald le range parmi les gentilshommes les plus éclairés de la province, correspondant de Voltaire, ami des belles-lettres, mais ayant perdu l’usage d’un œil à la guerre et plus tard complètement aveugle, il était en mal de trouver de bons lecteurs. Marié en 1778 à Marie Élisabeth de Musiel de Berg de Bissingen dans le duché de Luxembourg (★ 30.3.1752 † 28.2.1822), il accorde à sa femme un douaire sur les biens de B. Alors que celle-ci est enterrée au cimetière du village, lui-même aura sa sépulture dans le chœur de l’église de Birkenwald où une épitaphe rappelle son souvenir.

 

Marie Françoise Wilhelmine, dite Fanny Dupré de Dortal,

 (★ 20.5.1781 16.2.1804). Seule survivante et dernier rejeton de l’illustre famille de Birkenwald elle obtient un indult de l’abbesse Marie Sophie de Truchsess de Rheinfelden en vue de son investiture du fief le 11.2.1783. Elle partage l’exil volontaire de sa mère à Offenbourg dès 1791 et ensuite en Autriche. ∞ le 16.5.1802 dans la chapelle de la nonciature de Vienne le noble gênois Jean-Baptiste Grimaldi, marquis de la Pietra Vajrana, comte de St Felice, (★ 1775 † Paris  4.2.1803), où les jeunes mariés étaient venus pour règlement d’affaires. Par lettre de Paris du 21.3.1803 Fanny annonce à sa mère son départ imminent pour Florence où elle allait s’installer auprès de son beau-frère Louis dans le palais des Grimaldi sur la « Piazza delle Fontane amorose » et elle supplie sa mère de l’y rejoindre ; ce qu’elle fit. Elle y sera encore en 1818. Le 3.5.1803 Fanny se voit décerner par l’impératrice l’ordre de la Croix étoilée fondé en 1668 et réservé aux dames nobles. Décédée subitement  le 6.2.1804 à 23 ans, tout juste un an après son mari, on soupçonna son médecin dont elle refusait les avances de l’avoir empoisonnée. Sa tombe se trouve dans l’église de Saint-Ambroise à Florence.

Dépossédée de tous ses biens pour cause d’émigration, le château et les terres composant le fief furent vendus comme biens nationaux en 1794. La forêt par contre fut mise sous séquestre. Le 23.4.1803 le premier consul Bonaparte rétablit la marquise de Grimaldi dans la possession de la forêt inaliénée de Birkenwald après qu’elle et sa mère eussent fait à l’ambassade de Vienne la promesse de fidélité à la constitution de l’an 8. Par deux contrats en juin et octobre 1810 Madame de Musiel rachète le château de Birkenwald et ses dépendances et d’autres biens dont la ferme du Ludwigshof dans les années 1819 à 1821. En 1816, par décision de justice provoquée par les collatéraux de Haffner et de Latouche prétendant à la part paternelle de la succession de la marquise de Grimaldi, la douairière de Birkenwald doit procéder au partage par moitié de la forêt. Quant à ses biens personnels (château et terres) ils resteront dans la famille de sa soeur Marie Barbe de Musiel veuve Deysing. Ils passeront au gendre de cette dernière, le baron Jean François de Haussen qui les cède à sa fille Marie Anne de Haussen femme du médecin Marie Raymond Foedéré. Celui-ci les vendit le 12.3.1833 à Louis Arth maire de Saverne de 1829 à 1830. Le château et une partie des biens passèrent par héritage dans la famille de sa fille Élisabeth Marie Hélène Arth (★ 1816 † 1848) et de son époux le baron Auguste Adolphe de Latouche (★ 1809 † 1868) lui aussi maire de Saverne. Une descendante, madame Patrick Nivelleau de La Brunière née Marie Ghislaine Salvy de Latouche, en est la propriétaire actuelle.

Sources utilisées par l’auteur : Archives départementales du Bas-Rhin, séries E, G, H, Q / Archives municipales de Strasbourg, registres N.M.D. Archives départementales du Haut-Rhin, séries U. Bibliothèque municipale de Colmar Ms n° 983. Archives personnelles, toutes reprises dans l’étude à paraître : R. Metzger, La seigneurie rurale de Birkenwald aux XVIIe et XVIIIe siècle. Son histoire et ses institution.

Bibliographie : Schoepflin-Ravenez, L’Alsace illustrée, III, V 831-833 ; A. de Barthélemy, Armorial de la Généralité d’Alsace, p. 55-59-156 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909I, p. 161 -162 ; E. Lehr, L’Alsace noble, p. 87 ; J. Siebmacher,… Grosses Wappenbuch… p. 27 pl. 32 ; E. Muller, Le Magistrat de Strasbourg, p. 119-121 ; L. Bachmeyer, Livre d’or de Saverne, Archives municipales de Saverne ; A. Adam, « La Congrégation de N.-D. de Saverne », Revue d’Alsace, 1903, p. 482 et ss ; « Le Schneeberg et le comté de Dabo », Revue d’Alsace, 1878, p. 322-323 et 331-333 ; J. Wetta, « Le château de Birkenwald et son histoire », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, n° 40, IV 1962, p. 1-16 ; R. Genevoy, « Généalogie de la famille de Latouche », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, n° 49-50, l-ll 1965, p. 25-28.

Robert Metzger (1983)