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BIRKENFELD-BISCHWILLER

Famille princière (XVIIe-XVIIIe siècles). La maison princière de Birkenfeld-Bischwiller, branche de la maison palatine, est issue de partages successoraux de la dynastie des Wittelsbach de Bavière. Une branche cadette fut fondée en 1410 avec le duché de Deux-Ponts (Zweibrücken), qui à son tour donna naissance en 1584 au duché de Birkenfeld (Nord-Ouest du Palatinat, près de la Nahe).

 

Un fils cadet de Charles Ier, duc de Birkenfeld, Christian Ier (1598-1654), après des voyages en Suisse, France, Angleterre, Allemagne du Nord et aux Pays-Bas, embrassa la carrière des armes, servit successivement sous les ordres de Mansfeld, du margrave de Bade (bataille de Wimpffen, 1622), du roi de Danemark, et enfin sous ceux de Gustave-Adolphe de Suède à partir de 1631 comme général de cavalerie. Il reprit Heidelberg et tout le Palatinat en 1632 et remporta la victoire de Pfaffenhoffen sur le duc Charles de Lorraine le 1.8.1633. Il quitta le service en 1634 et fit sa soumission à l’empereur en 1635.

∞ I 1630, Madeleine-Catherine (et non Christine), fille du duc de Deux-Ponts qui luicéda en 1640 la principauté de Bischwiller, qu’il possédait depuis 1542 en fief et définitivement depuis 1600. Il releva les ruines de la ville, détruite en 1635 et restaura le culte protestant introduit depuis 1542. ∞ II Marie-Jeanne, comtesse de Helfenstein, veuve du landgrave de Leuchtenberg ; inhumé dans le caveau de l’église du château de Tiefenthal à Bischwiller. Après lui, huit autres membres de sa dynastie y furent inhumés.

Son fils aîné, Christian II, issu de son premier mariage (1637-1717) lui succéda. Élevé par © Spener à Bischwiller et après de nombreux voyages en Europe, il prit du service en Suède, puis en France, s’illustrant en Hongrie contre les Turcs avec un contingent français (1664). Plus tard, il devint colonel du régiment de Royal-Alsace et bien que protestant, maréchal de camp et lieutenant général.

La petite seigneurie de Bischwiller s’agrandit par l’héritage en 1671 du duché de Birkenfeld, à la mort de son cousin, Charles-Othon, décédé sans postérité mâle (cohéritage avec le margrave de Bade) et en 1673 des domaines de son beau-père, Jean-Jacques III, dernier comte de Ribeaupierre, dont il avait, en 1667, épousé la fille Catherine-Agathe. Cependant il dut reconnaître la souveraineté française pour ses territoires alsaciens (pour Bischwiller en 1680). En 1687, le roi lui accorda le droit de faire tenir, le 15.8. à Bischwiller une foire annuelle (Pfeifertag) à l’occasion de la réunion des musiciens (ménétriers) de la Basse Alsace. En 1673 il fortifia et embellit son château de Bischwiller. De 1672 à 1700 Christian II vécut surtout à Strasbourg et en 1701 il se retira à Birkenfeld.

Son fils Christian III (1674-1735), colonel de Royal-Alsace, se distingua à la prise de Barcelone (1696), puis pendant la guerre de succession d’Espagne, devint maréchal de camp et lieutenant-général ; il quitta le service en 1717. Il hérita des territoires alsaciens dès 1698, et acquit, toujours par succession, le duché de Deux-Ponts (avec la moitié du comté de la Petite-Pierre et le bailliage de Cléebourg) en 1733, après la mort, survenue en 1731, du dernier souverain de cette principauté, son parent. Il acquit également en 1716, la seigneurie de Bergheim, qui avait déjà appartenu aux Birkenfeld-Bischwiller de 1679 à 1686. Cependant Bischwiller perdit en 1734 son rang de capitale qu’elle avait depuis 1640 ; par contre la draperie, la tannerie, la fabrication de bas, la bonneterie, plus tard celle du tabac furent favorisées. La culture des oléagineux, de la garance, de la pomme de terre (depuis 1720) fut encouragée par Christian III, qui ∞ en 1719 Charlotte, fille du comte Louis Craton de Nassau-Sarrebruck. Une de ses filles, Caroline, devint la « grande landgravine » de Hesse- Darmstadt et comtesse de Hanau-Lichtenberg. Il reçut aussi à plusieurs reprises à Bischwiller l’ex-roi de Pologne, Stanislas Leszczinski, qui résidait à Wissembourg.

Son fils aîné, Christian IV, lui succéda (1722-1775) ; il augmenta encore ses posses-
sions par l’acquisition complète du comté de la Petite-Pierre (1735), du bailliage de Homburg (reçu du prince de Nassau-Sarrebruck en 1756), du bailliage de Seltz (1766, de la part de l’électeur palatin Charles Théodore). Il contracta en 1757, une union morganatique avec Marie-Anne Fontevieux, dite Marie-Anne Camasse, à laquelle il fit décerner le titre de comtesse de Forbach, mais ses descendants, les « barons de Deux-Ponts », ne purent lui succéder que dans le comté de Forbach. Il abjura le protestantisme en 1758. Son frère cadet, Frédéric-Michel (★ Ribeauvillé 1724-1767), qui reçut la moitié du comté de Ribeaupierre en 1746, fut colonel de Royal-Alsace, maréchal de camp, lieutenant-général de France, généralissime de l’armée électorale palatine, puis feld-maréchal autrichien et commanda en 1758 l’armée impériale contre Frédéric Il pendant la guerre de Sept Ans, ce qui lui valut les insignes de chevalier de la Toison d’Or. ;∞ en 1746 Marie-Dorothée, fille de Joseph-Charles-Emmanuel, prince du Palatinat-Deux-Ponts-Sulzbach et se convertit la même année au catholicisme. Son fils aîné, Charles II (★ 1749), succéda en 1775, à son oncle Christian IV comme duc de Deux-Ponts. Marié en 1774 à la princesse Marie-Amélie, fille de Frédéric-
Christian, l’électeur de Saxe, il mourut sans héritier. Ce fut un prince médiocre, adonné aux femmes et à la chasse, et dépensier (il construisit le château de Karlsberg au nord-est de Homburg). Il dut abandonner ses États en 1792, et perdit dès 1789 ses domaines alsaciens de Bischwiller, la Petite-Pierre, Seltz et Cléebourg.

Son frère, Maximilien-Joseph (★ Schwetzingen 1756) reçut dès 1778 le comté de Ribeaupierre, fut colonel de Royal-Alsace et dépossédé dès le début de la Révolution française de son comté. De même il ne put recueillir en 1795 l’héritage de son frère (duché de Deux-Ponts-Birkenfeld), ni en 1799, celui de l’électorat du Palatinat à la mort du dernier comte palatin Charles-Théodore, de la branche du Palatinat-Deux-Ponts-Neuburg-Sulzbach, dont il était l’héritier. Cependant il devint prince-électeur de Bavière en 1799, dont Charles-Théodore était devenu le souverain en 1776. Maximilien récupéra d’ailleurs en grande partie le Palatinat-Deux-Ponts en 1814-1815. Père de Louis de Bavière.

Les armoiries des Birkenfeld-Bischwiller, qui sont très chargées, portaient les blasons, réunis sur le même écu, du Palatinat du Rhin, de Bavière, du duché de Veldenz, du comté de Sponheim, du comté de Ribeaupierre, de la seigneurie de Hohnack. Il en est de même du cimier.

F. G. Cullmann, Geschichte von Bischweiler, Strasbourg, 1826 ; J. G. Lehmann, Vollständige Geschichte des Herzogtums Zweibrücken und seiner Fürsten, Munich, 1867 ; E. Lehr, L’Alsace Noble, t. 1., Strasbourg 1870, p. 142-234, tableau généalogique des comtes palatins, p. 236-237 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909I, p. 160-161 ; W. K. Prinz von Isenburg, Stammtafeln zur Geschichte der europäischen Staaten, 1.1-2, Marburg, 1956 ; baron Freytag von Loringhoven, tableaux généalogiques 29 et 37 ; W. Koch, « Bisweit hinein des Elsass, das Zweibrückische Amt Bischweiler », Pfälzische Heimatblätter, t. 11, 1963, n°3, p. 17-19 ; W. Weber, Gartenkunst im Herzogtum Zweibrücken (Der Rose zugetan. Zweibrücken und sein Rosengarten), Zweibrücken, 1964, p. 25-118, ill. ; H. Frölich, « Pfalzgraf Christian von Birkenfeld (1598-1654) », Mitteilungen des Vereins für Heimatkunde im Landkreis Birkenfeld, t. 30, n°1-2, 1967, p. 1-18.

Jean Braun (1983)