Verrier, céramiste-potier (★ Strasbourg 9.11.1873 † Bourges 10.7.1945).
Fils de Joseph Beyer, peintre-verrier, restaurateur des verrières de la cathédrale de Strasbourg, et de Sophie Boone. Dernier de sept enfants ; I Joséphine-Marie Antoinette Rolin ; ∞ II Thérèse Théodorine-Marceline Lacroix. Sa famille quitta Strasbourg après 1870 et s’installa à Besançon. Il y exerça le métier de verrier auprès de son père (1893), puis après le décès de ce dernier, près de sa mère qui prit la direction de l’atelier familial. Redoutant la réduction de l’importance des commandes de vitraux et de travaux pour les églises, à la suite de la séparation de l’Église et de l’État, il décida d’abandonner le vitrail pour la céramique (1904). Il se forma à cette nouvelle forme d’activité artistique à Vallauris, puis s’installa pour quelques années en Suisse – Lutry, Lausanne, Genève – où, connu et apprécié, il exposa, entre autres, à Zurich. Revenu en France peu avant 1914, il s’établit à Lyon. Mobilisé sur place, puis gravement malade, il fut réformé en 1918. Dès 1921, de nombreux amateurs lyonnais s’intéressèrent à sa production et se groupèrent autour de son atelier des bords de la Saône. Sa carrière se poursuivit dans les années suivantes à Paris où il participa, à partir de 1928, à divers salons: Salon des Artistes décorateurs, Salon d’Automne. La Manufacture nationale de céramique de Sèvres lui offrit un atelier en 1931 et lui proposa, l’année suivante, de s’installer dans l’ancien atelier du peintre Henry Cross, « Le Vieux Moulin », en très mauvais état. Il y travailla jusqu’en 1943. N’ayant pas voulu quitter Paris en 1940, il finit par accepter une mission difficile: contribuer à la renaissance d’un très ancien village de potiers, La Borne, près d’Henrichemont dans le Cher où l’artisanat traditionnel était menacé de disparition. La politique alors en faveur de soutien d’un renouveau de l’artisanat français devait y favoriser son installation auprès d’anciens potiers demeurés actifs et de quelques jeunes artistes locaux tentés par la poterie. Toutefois sa santé, de plus en plus précaire, ne lui permit pas de faire renaître un réel esprit de création chez les artisans ; il eut à se heurter au départ à leur incompréhension et éprouva de grandes difficultés dans ses tentatives pour renouveler la production locale. La carrière artistique de Beyer est restée totalement étrangère à l’Alsace. Elle s’est partagée en plusieurs temps au long desquels il resta, en permanence, fidèle à la technique du grès, telle qu’elle était mise en œuvre de toujours par les anciens potiers. Il se voulut lui-même potier avant tout. Ses pièces sont faites d’éléments tournés, assemblés ensuite pour devenir objets usuels ou personnages auxquels cette pratique du tour donne une constante rigueur. La matière même de la terre cuite à très haute température qu’enrichit de nuances variées la vaporisation du sel marin par la flamme en multiplie à l’infini les traits originaux. Dans le sillage de l’Art Nouveau, courbes, motifs d’origine végétale marquent les premiers temps de son œuvre, puis son art s’épura quand il revint à Lyon dans les années 1920. Les formes simples héritées de l’Orient, surtout du Japon, ont eu sa faveur ; des émaux les enrichissent. Sa production fut de plus en plus liée à l’art des potiers traditionnels. Elle fut des plus variées : objets utilitaires, vases, figurines animales – hérisson, oiseaux, crapaud, chat, etc., statuettes de personnages : sainte Cécile, saint Bon, patron des potiers (Strasbourg, M.A.M.C.), saint Vincent, patron des vignerons (Bourges, Musée du Berry). Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg possède une collection importante d’œuvres de Beyer.
La bibliographie de Paul Beyer est avant tout constituée d’articles de revues, de mentions dans des ouvrages collectifs sur la céramique et de notices de catalogues. On trouvera l’essentiel des références dans les catalogues de deux expositions : Paul Beyer, potier, 1873-1945, Strasbourg, Musée alsacien, 15.12.1984 -3.2.1985; Paul Beyer, potier, Roanne, Musée Déchelette, 1991.
Jean Favière (2004)