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BERST Charles Théophile dit Théo

Architecte et ensemblier-décorateur, (Pl) (★ Strasbourg 4.11.1881 † Strasbourg 30.8.1962).

Fils de Charles Berst ©, ingénieur au chemin de fer et de Marie Riehl. ∞ 28.9.1908 Hermine Renz (★ Karlsruhe 21.12.1879), fille d’architecte. Il fréquenta de 1898 à 1902 la Kaiserliche Techrtische Hochschule de Strasbourg où il fut l’élève de K. Statsmann et
suivit parallèlement des cours à la Städtlische Kunstgewerbeschule, l’École municipale des
Arts décoratifs. Pour compléter sa formation, il intégra pour quatre semestres la Technische
Hochschule
de Karlsruhe, fortement marquée par le courant néo-classique de Weinbrenner. Il
eut comme professeur Karl Schäfer en architecture et Max Laeuger en arts appliqués. En
1906, il devint architecte agrée (Kommunalbaumeister) et ouvrit son cabinet d’architecture à Strasbourg. Ayant fortement subi l’influence de M. Laeuger dont il avait été
un moment l’assistant, il adhéra en 1908 au Deutsche Werkbund où il retrouvait un grand
nombre d’artistes de son temps. Sa première réalisation fut en 1904-1906 la remise en état
de la maison patricienne située quai Saint- Nicolas et sa transformation en vue d’abriter les
futures collections du Musée alsacien. En 1906, il participa à Dresde à l’Exposition
Internationale des Arts décoratifs, section Art populaire où il coordonna la mise en place
d’une Stube alsacienne. Parallèlement, il s’engagea dans divers groupements artistiques dont l’Illustrierte elsâssische Rundschau et surtout l’Association des Artistes Indépendants
d’Alsace fondée par C. Spindler © et G. Stoskopf ©. Théo Berst trouva ainsi dans le Strasbourg du début du XXe siècle un contexte très favorable à l’épanouissement de son talent. Dans un premier temps, il s’orienta vers la construction de grands ensembles, plus rarement vers des projets de villas. C’est ainsi qu’il réalisa successivement à partir de 1908, le Casino des Ingénieurs de Pechelbronn, le château des Verreries de Mattstall ainsi que ses dépendances et participa au projet de la cité-jardin du Stockfeld. En 1914, il fut incorporé dans l’armée allemande. Son expérience acquise lui permit de servir en tant que photographe dans le XVe Corps d’Armée du général Deimling. Au début des années 1920, il construisit I’hôtel-refuge du Club Vosgien du Grand Ballon (70 lits, chauffage électrique), puis la cité ouvrière pour la maison Utzschneider et Jaunez à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Mais la véritable rupture intervint en 1925 avec la réalisation du Pavillon l’Art en Alsace qu’il conçut pour l’Exposition Internationale des Arts décoratifs et Industriels modernes de Paris où il obtint un prix.

Mais Théo Berst ne fut pas qu’un architecte. En 1906, il rencontra Auguste Jacquemin ©,
patron d’une entreprise fleurissante, à la recherche de jeunes talents pour diffuser des
ensembles modernes aux consonances régionalistes. La firme Jacquemin constitua tout au
long de la carrière de Théo B. un solide relais pour introduire son style dans les familles bourgeoises de la ville. Il collabora avec lui, mais également avec des artistes pour utiliser leur savoir faire industriel et artisanal. Il dessina ainsi du mobilier qui fut réalisé par Jacquemin, des céramiques réalisées par Léon Elchinger ©, des cristaux, des vases et des lustres exécutés par les Cristalleries de Saint-Louis-lès-Bitche et de Goetzenbrück (Moselle). Il fut un décorateur pour fêtes incomparable, réalisant par exemple la décoration pour les Bals des Artistes de 1922 à 1926. Ses réalisations remportèrent de grands succès dans les expositions de Strasbourg ou de Paris. En 1926, il fut nommé membre actif de la Société des artistes décorateurs de Paris. Selon lui, « la maison moderne ne doit pas seulement satisfaire les yeux, mais l’architecte doit rendre les habitations pratiques, confortables et faciles à entre-
tenir ». Il choisit avec soin les matériaux, prit soin de l’isolation thermique et phonique et
généralisa l’utilisation de l’électricité. L’ameublement, selon sa conception, doit s’adapter à ce genre d’habitation : « le meuble doit devenir un serviteur muet qui ne doit pas
choquer par ses formes bizarres et encombrantes ». Après 1925, il entra de plain pied dans le modernisme et réalisa de nombreux travaux : la transformation et l’agrandissement des
Grandes Galeries en 1925, la construction de la clinique Sainte-Anne en 1930. Mais à partir de 1932, Théo Berst, comme nombre de ses confrères, fut touché par la crise économique : les commandes se firent rares et les arts appliqués ne firent plus recette. Il s’orienta alors à
contrecœur vers la réalisation d’immeubles collectifs. On lui doit, en association avec son fils
Jean-Paul, plusieurs immeubles de coin, notamment celui avenue de la Paix, face à la synagogue, celui du coin de la rue Oberlin rue général Rapp, ainsi que des immeubles à 4 ou
5 étages avenue Jean-Jaurès et route du Polygone, construits à la veille de la guerre.

À la Libération, il participa à la reconstruction du centre historique de Strasbourg et à celle
du village de Lembach. Sa dernière grande réalisation fut l’immeuble de la Caisse de la
Mutualité Agricole de la rue Sainte-Marguerite où une dernière fois, il conjuguait avec bonheur art moderne et régionalisme.

René Prévot, L’effort moderne des arts appliqués en Alsace, Nancy, 1909 ; Architectes et décorateurs en Alsace, Théo Berst, tome I, Éditions d’œuvres d’art pour l’Architecture et l’Industrie, 1904-1929, A. Augustin, Strasbourg, 1930 ; A. Bauer, J. Carpentier, Répertoires des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Strasbourg, 1984 ; Denis Durand de Bousingen, « L’architecture à Strasbourg de 1903 à 1918 ; styles, écoles et hommes », Annuaire de la Société des Amis du Vieux Strasbourg, 1895, p. 59-80 ; Patricia Scheer, Théo Berst (1881-1962), Soixante années d’activités architecturale, mémoire de maîtrise en histoire de l’art, Strasbourg, 1992 ; Patricia Scheer, « Le pari de Théo Berst », Annuaire de la Société des Amis du Vieux Strasbourg, 1992, p. 109-123 ; Maurice Moszberger, Théodore Rieger, Léon Daul, Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger éditeur 2002 ; François Igersheim, L’Alsace et ses historiens, 1680-1914, la fabrique des monuments, PUS, Strasbourg, 2006, p. 395-397 et 426-428.

François Uberfill (2007)