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BEMMEL (von) Jean Christophe

Peintre de paysages (PI) (★ Nuremberg 1.3.1717 † Strasbourg 23.11.1782).

Fils de Johann Christoph Peter von Bemmel (★ Nuremberg 1685 † Ratisbonne 1754), peintre à Nuremberg, et d’Anna Susanna NN. ∞ Mannheim 1742 Sophie Wagner (★ Sulzbach- Rosenberg, Haut-Palatinat, 1710 † Strasbourg, 22.11.1777), fille de médecin. La plupart des sources bibliographiques le font naître à Nuremberg en 1707, une seule le 3.2.1714. Il semblerait qu’il y ait eu confusion car lorsqu’on calcule sa date de naissance à partir de l’âge précis indiqué dans l’acte de décès, on trouve celle qui est donnée à un frère homonyme (!), également peintre, qui s’établit quant à lui à Bamberg († Bamberg 1778 ou 1.7.1788, selon les sources). On constate par ailleurs que la bibliographie existante attribue les mêmes œuvres tantôt à l’un, tantôt à l’autre, y compris celles qui se trouvent à Strasbourg ou à Bamberg… Jean Christophe von Bemmel appartint à une dynastie de peintres née avec son grand-père, Wilhelm von Bemmel (★ Utrecht 1630 † Wöhrd, faubourg de Nuremberg, 1708). Il fut élève de son père puis, après un séjour à Mannheim où il contribua à la décoration du château et où il se serait marié, il s’établit à Strasbourg vers 1760. Sans avoir le statut de maître en cette ville, il y exerçait déjà son métier et le 26.3.1762, il engagea un apprenti (Jean Daniel Schropp). Dans un acte du 16.8.1762, rapportant qu’il demanda alors à la corporation de métiers de l’Échasse un certificat afin d’obtenir la prolongation du droit de bourgeoisie dont il bénéficiait (document qu’il obtint), il est précisé qu’il se trouvait déjà à Strasbourg depuis quelques années. Un état des biens du couple, dressé un mois plus tard (le 15.9.1762), indique qu’il possédait alors 24 peintures de paysages de différentes dimensions. Le 25.9.1763, le peintre obtint gratuitement le droit de bourgeoisie; sans doute était-il protégé par un personnage influent (peut-être Christian IV de Deux-Ponts ©, parent du prince électeur Carl Theodor qui avait employé le peintre en son château, à Mannheim), ce qui pourrait expliquer la précision « Schutzverwandten » ajoutée après le nom du peintre dans un document de 1777. Fort de ce droit, il fut admis à la tribu de l’Échasse le 23.12 suivant. Le 22.6.1764, il demanda de pouvoir commencer son chef-d’œuvre, un paysage, et le 12.3.1765, il présenta cette peinture aux quatre contrôleurs jurés des chefs-d’œuvres des peintres. À l’instar de son père, il s’était spécialisé dans les paysages (il signa d’ailleurs certains actes en précisant : « Landschafftsmahler », peintre de paysages), mais on lui doit aussi des scènes de villes incendiées. Il a souvent été écrit que sa production était pléthorique (ce que semblent confirmer le nombre important de ses tableaux passant en vente et leur présence assez fréquente dans des inventaires après décès du dernier quart du XVIIIe s.). J.-F. Herrmann © écrivait en 1819 que l’inconduite de ce peintre lui fit négliger son talent et qu’il devait parfois peindre à la hâte « pour avoir du pain ». Ce même auteur est manifestement à l’origine de la réputation faite à Bemmel de ne peindre les personnages que de dos, faute de savoir représenter les figures humaines.

Il semble que nombre d’intérieurs cossus de la région strasbourgeoise aient été décorés par des trumeaux, dessus-de-porte et autres toiles de ce peintre assez médiocre. On trouve aussi de ses œuvres dans différents musées où elles sont rarement exposées. Le musée des Beaux-Arts de Strasbourg possède 9 paysages (dont deux qui servaient de dessus-de-porte au château de Saverne, et un faisant partie d’un trumeau qui provient du château de Mutzig). À Obernai, l’ancien musée conservait six petits paysages en 1930 (9 vers 1994 selon Lotz). Le musée Unterlinden à Colmar conserve six tableaux dont cinq paysages et une scène d’incendie dans une ville. Le musée de Saverne abritait trois paysages (un fut volé en 1972). À la Staatsgalerie de Stuttgart, on trouve un paysage, au Reiss-Museum de Mannheim, un tableau provenant du château de cette ville (les quatre dessus-de-porte de Bemmel qui se trouvaient dans la même pièce ont en revanche été détruits). Lui sont généralement attribués des dessus-de-porte conservés à la Neue Residenz de Bamberg, deux paysages sur cuivre (provenant du château de Seehof, près de Bamberg ?), à l’Alte Pinakothek, à Munich, et un paysage peint sur bois de la collection Lamerdin, à Wiesloch. Dans l’acte de sépulture de son épouse, il est précisé que le couple n’avait plus de descendance, mais il s’avère qu’un fils, Frédéric Georges Antoine (★ vers 1740 † Strasbourg 16.2.1763), exerça très brièvement le métier de peintre à Strasbourg, avant de mourir, célibataire. C’est manifestement à tort qu’une personne a ajouté la mention « zu Strassburg » après l’indication de l’année de naissance, 1738, figurant sur un tirage du portrait gravé en 1792 du peintre Georg Christoph Gottlieb von Bemmel conservé à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Archives municipales de Strasbourg, XI 104, f° 230, 249, 258 ; XI 105 (non paginé) ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, Paris, rééd. 1999, p. 81-82 ; C. Grodecki, Guide des sources de l’histoire de l’art et de l’architecture en Alsace, XIe-XVIIIe siècles, Strasbourg, 1996, p. 321 ; C. Heck, E. Moench-Scherer, Catalogue général des peintures du musée d’Unterlinden, Colmar, 1990, n° 17-22 ; H. Haug, Le musée historique de la ville d’Obernai (…), Strasbourg, 1930, p. 34 ; J. F. Herrmann, Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, t. 2, Strasbourg, 1819, p. 345 ; Lebenslust und Frömmigkeit. Kurfürst Carl Theodor (1724-1799) zwischen Barock und Aufklärung, Bd. 2, Regensburg, [1999], p. 61, 515 (donne une bibliographie intéressante) ; François Lotz, Artistes peintres alsaciens décédés avant 1800, Kaysersberg, 1994, p. 25 (comporte de nombreuses inexactitudes, d’où le doute quant au lieu de mariage que seule cette source indique… à une date erronée) ; Musée des Beaux-Arts de la ville de Strasbourg. Catalogue des peintures anciennes, Strasbourg, 1938, p. 202-204 ; Saur, Allgemeines Künstler-Lexikon. Die Bildenden Künstler aller Zeiten und Völker, Bd. 8, München, Leipzig, 1994, p. 580 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 (…), Strassburg, [1890], p. 83, 86, 242 ; A. Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, Strasbourg, 1894, p. 423 ; A. Tacke, Die Gemälde des 17. Jahrhunderts im Germanischen Nationalmuseum. Bestandskatalog, Mainz, 1995, p. 36; Thieme-Becker, 3, p. 285-289 ; base de données Palissy du Ministère de la Culture (www.culture.gouv.fr) ; Archives départementales du Bas-Rhin, 6 E 41 / 579, n° 43 ; 6 E 41 / 750, n° 46 ; N.B. Dans des archives strasbourgeoises, il est régulièrement mentionné sous le patronyme « Bemmel » et non « von Bemmel » et lui-même signe les actes tantôt d’une manière, tantôt de l’autre (le plus souvent, il use du prénom « Christoph », mais parfois aussi « Johann Christoph »),

Emmanuel Fritsch (2007)