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ARNOLD Eugène

Prêtre, (C) militant d’action sociale et du particularisme régional (★ Mitzach 13.7.1887 † Oderen 17.8.1976).

Fils de Louis Arnold, menuisier, et de Lina Foerster. Très tôt Arnold se sentit la vocation religieuse. Le curé du village lui donna des leçons de latin et réussit à le faire entrer comme boursier à l’Institut Lender de Sasbach, pays de Bade, où il resta durant trois ans (1901-1904). Entre 1904 et 1908, Arnold, bénéficiant d’un soutien financier, put poursuivre ses études au collège épiscopal de Zillisheim. Après l’Abitur, il entra en 1908 au grand Séminaire de Strasbourg et suivit les cours de la faculté de Théologie catholique. Membre du Cercle de Théologie, il écrivit en allemand en 1912, un traité sur la première communion des enfants : « Une modeste contribution au décret de Pie X, sur la communion des enfants». Sur instruction de Mgr. Fritzen ©, le texte fut envoyé à toutes les paroisses du diocèse. Le professeur de dogme, l’abbé Eugène Muller ©, également originaire de la vallée de Saint-Amarin, choisit Arnold comme étudiant-assistant. Après deux ans de pratique pastorale, il aurait pu préparer un doctorat mais la guerre mit fin à ces projets. Ordonné prêtre à Strasbourg par Mgr Fritzen le 15.7.1913, l’abbé Arnold œuvra durant cinq ans comme vicaire à Mulhouse dans la paroisse de Saint-Étienne. Il fut chargé d’organiser le mouvement interparoissial anti-alcoolique en faveur de l’abstinence, en particulier chez les jeunes. Pour les élèves des écoles secondaires de la ville, il établit les Quickborn-Zirkel (cercles de Quickborn), affiliés au mouvement Quickborn (fontaine vive), fondé en 1900 par un prêtre silésien. Pour les enfants des écoles primaires, l’abbé Arnold créa le Schutzengelbund (Ligue de l’Ange gardien). Son principe était l’abstinence totale en matière d’alcool pour une saine éducation de la jeunesse. Durant l’hiver 1917-1918, le jeune vicaire fut victime de la « grippe espagnole », aggravée par la tuberculose. Affaibli, Arnold fit un court séjour comme vicaire à Strasbourg-Koenigshoffen puis obtint, en 1919, la charge d’aumônier à la maison-mère de Strasbourg-Neudorf des sœurs de la Croix. Arnold continua à s’occuper de la jeunesse, en particulier des groupes de jeunes abstinents anti-alcooliques, devenus les cercles « Jeune Alsace » (1920), puis les « Jeunes Croisés » (Jungkreuzfahrer), En 1919 l’Union des catholiques abstinents, agréée par l’épiscopat, se structura juridiquement, avec le nom de La Croix d’or alsacienne, ligue catholique d’abstinence  (Elsässisches Kreuzbündnis). La même année, Arnold en fut nommé directeur diocésain par l’évêque Ruch © ; il le resta jusqu’en 1928. Son activité fut inlassable dans l’action anti-alcoolique : sauver les buveurs, élever une jeunesse saine, publication de revues pour les collégiens et les enfants des écoles primaires, ouverture de cafés et de restaurants sans alcool. Pour offrir un foyer aux groupes des « Jeunes Croisés » abstentionnistes, l’abbé Arnold, alors aumônier des sœurs de la Croix de Strasbourg-Neudorf, acheta une maisonnette délabrée en 1922-1923 au lieudit Champagne, annexe de Lichtenberg, Bas-Rhin. Restaurée par les jeunes, cette demeure devint une sorte d’auberge de la jeunesse (Wanderherberge) qu’on installa, après 1930 à Petersholz (Saint-Pierre-Bois) dans le val de Villé. En 1928 le mouvement s’élargit et se dénomma le Bund Hohenburg (Ligue de Hohenbourg) rappelant le nom du mont Sainte-Odile.

Préoccupé par l’application dans les écoles de la  « méthode directe » de l’apprentissage du
français, Arnold fit paraître, en 1922, dans le journal L’Alsacien, une série d’articles sur les problèmes des langues en Alsace. Il y défendit les droits de la langue maternelle, entrant en
controverse avec l’abbé Wetterlé © qui lui répondait dans Le Nouveau Rhin Français. Mgr Ruch, ayant identifié deux ans plus tard l’auteur des articles publiés sous le pseudonyme de Nobilis de Monte, interdit à l’abbé Arnold d’écrire dans des « journaux politiques », et le
déplaça à Folgensbourg, petite paroisse du Sundgau alsacien. Il assura la cure de 1924 à 1931. Il écrivit également de nombreux articles dans les mensuels et quotidiens catholiques
dénonçant ce qu’il considérait comme une oppression de la langue maternelle en Alsace.
En 1930 il apporta sa contribution à l’ouvrage publié à l’occasion du 60e anniversaire de l’abbé Haegy, Im Dienste der Kirche und des Volkes, par un article signé Gotthelf et intitulé Zur Sprachenfrage, dans lequel il discuta à nouveau du problème des langues à
l’école. Très affecté par la division des catholiques alsaciens sur le plan politique et désireux de se consacrer totalement à sa mission pastorale de prêtre, Arnold décida de quitter l’Alsace pour la Suisse. L’évêque donna son accord en 1931 et l’abbé Arnold fut admis dans le diocèse de Bâle. L’abbé Arnold devint curé de Dittingen, dans le district de Laufen, de 1938 à 1950 où il sollicita sa mise à la retraite. En Alsace il fut aumônier à l’hôpital-hospice Saint-Vincent d’Oderen jusqu’en 1965. Tout en rendant également service à la paroisse, l’abbé Arnold donna de nombreuses conférences aux sœurs gardes-malades, ainsi qu’aux sœurs enseignantes et aux prêtres de différents doyennés. Trois ans avant son décès, l’abbé Arnold put fêter son jubilé sacerdotal de diamant. Inhumé au cimetière de Mitzach.

Des documents concernant l’abbé Eugène Arnold et une partie de ses écrits ont été déposés aux Archives du Haut-Rhin (cote 264J).

On peut distinguer: Écrits et publications d’E. Arnold: note d’une interview en allemand, mai 1973 ; curriculum vitae en allemand, février 1975 puis en français (décembre 1975) ; Die Kommunion der Kinder. Ein bescheidener Beitrag zum Dekrete Pius X «Quam Singularis vom 8. August 1910, articles signés « A. Eugenes », parus dans Akademische Piushefte (Fulda) le 1.1.1912 (p. 27 à 33) et le 1.4.1912 (p. 77 à 94); La Croix d’or alsacienne, Les œuvres sociales catholiques privées du diocèse de Strasbourg, 1923, p. 13-14; Échange de correspondance entre l’abbé E. Arnold et Pierre Zind, 1975 (en allemand) ; Statuts du Bund Hohenburg ; Série de onze articles signés du pseudonyme « Nobilis de Monte » parus dans Der Elsaesser, Strasbourg, 1922 ; « Eine Kontroverse », 11-12.7.1922. « Um eine Kontroverse. Muttersprache und Schulbetrieb » du 9 au 22.8.1922; E. Arnold, Zur Sprachenfrage, article signé A. Gotthelf, Im Dienste der Kirche und des Volkes. Festschrift zum 60. Geburtstag des H. Abbé Xavier Haegy. Colmar, 1930, p. 297-326. Articles et écrits le concernant : Le Nouvel Alsacien du 19.8.1976 ; G. Knittel, « Aus der Vereinsgeschichte des katholischen kreuzbündnisses. Ortsgruppe Mülhausen », Le Nouvel Alsacien, juillet 1939; idem, « Abbé Eugène Arnold feiert in Oderen diamantenes Priesterjubiläum », Als. du 26.5.1976 et projet d’article plus complet ; P. Zind, L’Alsace entre les deux guerres. « Jungkreuzfahrer et « Erwindbund ». Articles XIV et XV, La Voix d’Alsace-Lorraine, 1.7. et 1.8.1975 ; Alsace-Lorraine. Une nation interdite. 1870-1940, chapitre XVII, p. 590-597 ; Le Nouveau Rhin Français, 20, 21 et 22.7.1922 ; Fr. Gräuliger, Beiträge zur Geschichte der Pfarrei Grellingen (Jura bernois), 1936, p. 60-63 et 72-74.

René Arnold (2004)