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ALBERT VI

Duc, puis archiduc (1453) d’Autriche, régent des pays antérieurs autrichiens, (★ Vienne 1418, † Vienne 2.12.1463).

Fils d’Ernest dit « de fer », duc de Styrie et de Cimburgis de Masovie. ∞ Mechtilde, fille du comte palatin. D’un tempérament plus énergique que son aîné, Frédéric III, roi des Romains en 1440 et empereur en 1452. Albert peut être considéré comme un des fondateurs de l’Autriche antérieure. Le 30.8.1444, il reçut la tutelle de son cousin Sigismond, héritier de la branche tyrolienne des Habsbourg, et vint prendre possession des Vorlände au courant de l’année suivante. D’emblée, il eut à résoudre les séquelles de l’invasion des Armagnacs, mais hésita à entreprendre une offensive contre les dernières bandes d’écorcheurs basées à Montbéliard. Secondé par ses baillis, Jean de Thierstein et Pierre de Morimont, il appuya les raids de la noblesse autrichienne contre les Bâlois et les Confédérés. Le conflit s’envenima après la défection de Rheinfelden, passé dans le camp de Bâle en 1446. Pour mieux assurer ses arrières, Albert renouvela les privilèges des communautés alsaciennes (Ensisheim, Altkirch, par exemple, en 1446) et fit saisir les revenus bâlois dans le Sundgau. Les événements militaires se résumèrent à des opérations de harcèlement, aussi bien dans la Forêt-Noire que sur la rive alsacienne du Rhin, et à la prise de Rheinfelden en 1448. Ils prirent fin lors de la conclusion de la paix de Brisach, le 1.5.1449, par un retour au statu quo très favorable aux Bâlois. Par la suite, l’archiduc tenta de reconstituer un bloc solide sur le Rhin supérieur et en Souabe. Une tentative d’annexion de Mulhouse, dont la prévôté impériale allait passer aux mains des Morimont en 1453, n’obtint pas de succès. Cette politique ambitieuse se fit au détriment des ressources domaniales : Albert VI fut nommé « le prodigue », à la suite de l’engagement de la plupart des seigneuries et de la création de nouvelles taxes. Il fut contraint de transiger avec les états provinciaux dont la puissance allait en s’affirmant depuis 1445. En 1454, les villes autrichiennes se virent reconnaître le monopole de la vente du sel. L’année suivante, la diète força le duc à racheter les bailliages engagés et contrôla plus efficacement l’administration des finances. Résidant fréquemment à Fribourg ou en Forêt-Noire, Albert chercha aussi à unifier ses territoires, en leur donnant une réglementation commune, sur les juifs ou sur la pêche, par exemple. Il fonda l’université de Fribourg en 1457. L’année suivante, il restitua les pays antérieurs au duc Sigismond de Tyrol, mais les reprit deux ans plus tard et les garda jusqu’à sa mort en les administrant de loin. En effet, la succession de la branche viennoise de la maison d’Autriche (Ladislas le Posthume) l’avait éloigné de l’Alsace et l’opposait vigoureusement à son frère Frédéric. Il mourut peu de temps après son entrée triomphale à Vienne.

 

Georges Bischoff (1982)

Sources :

Allgemeine deutsche Biographie, I (1875), p. 285-290 ; Neue Deutsche Biographie, I (1953), p. 170 ; G. Bischoff, Gouvernés et gouvernants en Haute-Alsace à l’époque autrichienne, Strasbourg, Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, 1982, ch. II. - Iconographie : Herrgott (Marquart), Pinacotheca principum Austriae, Sankt Blasien, 1773, pl. XXIII.