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ALBERT DE BAVIERE

Evêque de Strasbourg, (★ 6.9.1440 † Saverne 20.8.1506).

Fils du comte palatin Othon de Mosbach-Neumarkt, et de Jeanne, fille d’Henri de Bavière-Landshut.

Fréquenta trois universités : Heidelberg, Cologne et Fribourg en Brisgau, où il fut recteur en 1465. Chanoine du chapitre cathédrale de Strasbourg, il en devint le prévôt, ce qui lui donna l’occasion d’y résider habituellement. Son élection (15.11.1478) comme successeur de son cousin Robert de Bavière fut acquise à l’unanimité : le prélat passait pour souple et pacifique. Il donna tout de suite des preuves de sa bienveillance à la ville de Strasbourg. Il n’était pas de mœurs irréprochables, mais il regrettait ses faiblesses. Il était sincèrement pieux ; il disait la messe assez souvent, récitait le bréviaire et jeûnait. Deux grandes tâches l’attendaient. De la première, il s’acquitta mieux que de la seconde. Le redressement du temporel épiscopal était urgent. Albert réduisit les dépenses et multiplia les recettes. Certains de ses procédés suscitèrent des moqueries : le produit des taxes payées par les fidèles pour obtenir le droit de consommer du beurre en Carême servit à renouveler le parc d’artillerie de l’évêque ; le bon peuple se gaussa de ces Anckenbüchsen, de ces « canons de beurre ». Une judicieuse politique de conversion de rentes allégea la dette contractée par les prédécesseurs d’Albert qui put, en 1502, libérer ses places fortes de l’hypothèque qui pesait sur elles depuis 1448. Guillaume de Honstein n’eut qu’à poursuivre, après 1506, l’œuvre entreprise par Albert pour reconstituer pleinement la puissance épiscopale. La deuxième tâche, qui, aux yeux de J. Geiler, nommé prédicateur de la cathédrale peu de temps avant l’élection d’Albert, était la plus urgente, imposait à l’évêque la réforme de son clergé. L’évêque, à trois reprises, donna l’impression qu’il prenait sa mission au sérieux mais, les trois fois, il se laissa décourager par les difficultés qu’il rencontrait. En 1482, il réunit le synode diocésain, mais cette assemblée ne fut pas l’occasion d’une publication solennelle de statuts rénovés ; en 1486, la transformation de l’abbaye noble de Saint-Étienne en un collège de théologiens et de canonistes ne fut pas réalisée en fin de compte ; en 1491 la visite pastorale de l’évêché, confiée à une commission de censeurs, parmi lesquels se trouvait Geiler, fut interrompue dès que le chapitre manifesta sa mauvaise humeur. Les religieux de stricte observance ne furent soutenus que mollement par l’évêque qui, à la fin de son épiscopat, ne négligea aucun moyen de remplir les caisses du diocèse et vit dans la répression des délits surtout la possibilité de lever des amendes. Peu combatif de tempérament, il était enclin au scepticisme. Il déçut profondément Geiler qui ne cacha pas son amertume et lui donna libre cours quand il fit l’oraison funèbre du prélat. Le jugement de Wimpheling, pour être plus modéré, n’en est pas pour autant élogieux. Administrateur avisé, diplomate habile, Albert ne pouvait pas plaire à ceux qui, d’un évêque, attendaient avant tout le redressement moral et spirituel du diocèse.

 

Francis Rapp (1982)

Sources :

Neue Deutsche Biographie I (1953), p. 175 ; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg, Paris, 1974.