Doyen de la faculté de Droit allemande de Strasbourg, (P) (★ Mayence 1.7.1866 † Marburg 20.4.1950).
Fils de Carl Jung, juge, et de Louise Hess. Célibataire à son arrivée à Strasbourg en 1909. Après un passage au Polytechnikum de Berlin et à l’Académie des Beaux-Arts de Munich en vue d’une carrière d’artiste sculpteur, Jung se décida pour le droit en 1886 et l’étudia aux facultés de Leipzig, Berlin, Heidelberg et Giessen où il fut fait docteur en droit le 22 juin 1892 et docteur en philosophie le 18 octobre 1893. D’abord fonctionnaire administratif du Land de Hesse, il enseigna à Giessen à partir de son « habilitation » (janvier 1897). À l’automne 1903 il fut nommé à Greifswald puis, le 3 juillet 1909, à la faculté de Droit de l’Université de Strasbourg, dans cette Alsace qu’il n’apprécia guère : dieses gottverfluchte Welsch- und Römlingsland (ce pays maudit des dieux, infesté de gallophiles et d’ultramontanisme). Il y fut élu doyen en 1911, 1915 et 1918. Incorporé en tant qu’officier d’artillerie, Jung fut de retour à Strasbourg en 1917. Il fut expulsé d’Alsace en 1919. Également Ingratissima persona dans l’Allemagne du régime de Weimar à cause de ses activités militantes antiparlementaires, antisémites et racistes, il fut pendant près de deux ans remplaçant à Tübingen et à Munich, avant que la faculté de Marburg lui offrît enfin un poste. Presque aussitôt (1922), il fut sanctionné à cause de ses écrits par deux semestres d’interdiction d’enseigner, ce qui lui valut une réhabilitation officielle après l’arrivée au pouvoir de Hitler. En principe spécialisé dans l’étude doctrinale du droit privé, il s’intéressa à maints autres domaines et disciplines, en particulier cependant à la philosophie du droit et fut reconnu, selon Gustav Boehmer, comme « le philosophe allemand du droit national-socialiste ». Dès 1890 il avait milité au sein des mouvements pangermanistes Alldeutscher Verband et Deutschbund pour le racisme et la suprématie des Aryens. En philosophie du droit il prônait le « droit subjectif », et en 1939 encore il se glorifia d’avoir été en 1900 déjà, le premier auteur à attaquer la doctrine dite « positiviste ». Les articles violemment antisémites publiés durant son séjour strasbourgeois – en partie sous le pseudonyme Paulus Diaconus –, la revue Deutsche Erneuerung dont, en 1917, il fut coéditeur, l’exaltation du paganisme germanique dans diverses études dont un ouvrage de 1922, Germanische Götter und Heiden (réédité en 1939), des écrits sur l’histoire allemande ainsi que la justification « juridique » de l’invasion de la Belgique par les Allemands, l’avaient qualifié pour une carrière sous le régime hitlérien : ce docteur juriste, docteur phil., docteur rer. pol. honoris causa, devint un membre éminent de l’Académie pour le Droit allemand.
Les principales publications de Jung sont citées par G. Boehmer dans Festgabe der Rechts- und Staatswissenschaftlichen Fakultät Marburg zum 70. Geburtstag... Erich Jung, Marbourg, 1937. À noter, outre les ouvrages déjà mentionnés : National-völkisch-sozial-politische Aufsätze, 1916-1921, violemment antisémites, réédités à Berlin en 1936 ; une synthèse du droit civil allemand dans l’Enzyklopädie éditée par Rudolf Stammler, 1931 ; Deutsche Rechtsphilosophie, Munich, 1935 ; Subjektives und objektives Recht – Die neue Rechtsquellenlehre, Marbourg, 1939.
Archives départementales du Bas-Rhin, AL 103, paquet 98, n° 464 ; les œuvres de Jung ; article de G. Boehmer dans Festgabe, op. cit. ; Kürschners Gelehrtenkalender, 1951 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 281.
† Marcel Thomann (1992)