Skip to main content

RATISBONNE Alphonse Tobie, en religion Père Marie

prêtre de la Compagnie de Jésus, puis de la Société des Prêtres de Notre-Dame de Sion, (I, puis C) (★ Strasbourg 1.5.1814 † Ein Karem, près de Jérusalem, 6.5.1884). Fils de Jean Auguste Ratisbonne © et frère de Théodore Simon ©. Il avait 4 ans à la mort de sa mère et fut l’enfant choyé de ses sœurs et de toute la famille. Études au collège de Strasbourg, puis au Gymnase. Baccalauréat (26 juillet 1831 ), puis études bancaires à Strasbourg et à Paris; études de droit, couronnées par le serment d’avocat (1832-1834). Promis à la succession de son oncle à la tête de la banque, dont il s’est vu confier la signature. Pendant un temps, il assura la présidence de la Société d’encouragement au travail des Israélites et sut en remplir les caisses par l’organisation de loteries. Bien qu’ayant reçu des éléments de sa religion, il vécut en agnostique; il se montra agressif envers son frère Théodore lors de sa conversion (1827). Les fiançailles avec sa nièce Flore ( 1.11.1824), fille de son frère aîné Adolphe, le comblèrent (1841). Trouvant la fiancée trop jeune, la famille conseilla à Alphonse Ratisbonne, d’aller passer l’hiver 1841-1842 aux pays du soleil. Il quitta Strasbourg le 17 novembre 1841 pour Malte et le Proche-Orient. Une erreur de diligence l’amena à Rome contre son gré. Il fut indigné de la situation faite à ses coreligionnaires dans la Rome papale. La rencontre d’un des amis de son frère Théodore, le baron Théodore Renouard de Bussière ©, nouveau converti, l’irrita d’autant plus que, tout en lui servant de guide dans la visite de Rome, celui-ci entreprit de le convertir. Le 20 janvier 1842, entré en curieux dans l’église San Andrea delle Fratte, il en ressortit chrétien, transformé par une apparition de la Vierge immaculée; il fut baptisé le 31 janvier  par le cardinal Patrizi en l’église du Gesu à Rome. À partir de ces événements, il inspira à son frère l’œuvre qui donna naissance à la Congrégation des Religieuses et à la Société des Prêtres de Notre-Dame de Sion. Il avait dû renoncer à sa fiancée et souffrit de l’incompréhension familiale, sans pourtant jamais rompre avec les siens. Entré au mois de juin 1842 dans la Compagnie de Jésus, il poursuivit sa formation religieuse à Toulouse, Laval, Le Mans où il reçut le sacerdoce (1848). Après dix années passées dans la Compagnie de Jésus, il sollicita de Rome l’indult qui lui permit de rejoindre son frère en décembre 1852 à la Société des Prêtres de Notre-Dame de Sion qui fut approuvée le 21 juin 1855 par Sibour, évêque de Paris. Dans l’œuvre commune, Alphonse Ratisbonne devenu le Père Marie, apporta l’inspiration, et Théodore Ratisbonne la réalisation. Le Père Marie fut chargé de la catéchèse et de l’administration temporelle de la Société des Pères. Sur une invitation de Jules Level (27 août 1855), il partit pour Jérusalem avec la pensée d’y introduire les Sœurs de Sion. Mgr Valerga, patriarche latin de la Ville sainte, lui donna toute autorisation, lui faisant bien comprendre qu’il n’était pas question d’aide matérielle. Le 20 avril 1856, quatre religieuses venues de Paris ouvrirent un orphelinat à Jérusalem, les premiers frais étant couverts par un ami, M. de Bourmont. Dès lors, le Père
Marie eut pour but de construire un sanctuaire en un lieu sanctifié par la souffrance du Christ, en même temps que de secourir la population misérable de ce pays par la création d’œuvres d’éducation: dispensaire, orphelinat, ouvroir, pour les filles d’abord (1856-1861), puis pour les garçons (1873), avec une école d’arts et métiers. À six reprises, il parcourut les routes d’Europe pour solliciter l’aide dont il avait besoin, en dépit de sa santé toujours fragile. La basilique de l’Ecce Homo est le fruit de sa foi, de ses efforts et de la générosité de tous ses « amis » (1857-1868). Le premier orphelinat fut installé dans ses nouveaux locaux proches du sanctuaire en 1870. En 1860, un second avait été ouvert à Ein Karem dans la montagne de Judée pour accueillir les enfants des victimes de la guerre des Druses. Au mois de mai 1873 s’ouvrit enfin dans un quartier neuf de Jérusalem l’école d’arts et métiers bientôt appelée « Saint-Pierre » (et « Ratisbonne »); 1873 fut l’année du dernier voyage du Père Marie en Europe; il revit son frère et ses nombreux bienfaiteurs qui s’étaient réunis en association et pour lesquels il rédigeait les Annales de la Mission de Notre-Dame de Sion et Terre Sainte (1877-1884). La mort à Paris de son frère Théodore fut pour lui une grande épreuve. Il fut lui-même emporté en quelques jours. « es œuvres le suivent ». Si les orphelinats n’ont plus leur raison d’être, le sanctuaire reste un haut-lieu de prière et de pèlerinage. La grande maison attenante est un lieu d’accueil ainsi que celle d’Ein Karem, où les Sœurs contemplatives de Notre-Dame de Sion ont maintenant leur monastère; tandis que la grande bâtisse qui avait le nom de « Ratisbonne » est devenu le Centre chrétien d’Études juives, rattaché maintenant à l’Institut catholique de Paris.

Lettre à M. Dufriche-Desgenettes, Fondateur et directeur de l’Archiconfrérie de Notre-Dame des Victoires, Paris, 1842 (rééd. Paris, 1981).

Th. de Bussière, Conversion de Marie Alphonse Ratisbonne. Relation authentique, Paris, 1842 (nombreuses rééd. jusqu’en 1930); T. Waisch, Le Comte de La Ferronnays et Marie Alphonse Ratisbonne, Paris, 1842; Le T. R. Père Marie Théodore Ratisbonne, Paris, 1905; J. Guitton, Ratisbonne, Paris, 1964; R. Laurentin, Alphonse Ratisbonne, vie authentique, Paris, I. La Jeunesse, 1986, II, Le 20 janvier 1842, Marie apparaît à Alphonse Ratisbonne,1991.

Sœur Jean Marie Chauvin (1997)