Homme politique, militant communiste, résistant, adjoint au maire de Strasbourg, (Pl) (★ Strasbourg 23.8.1905 † Strasbourg 25.12.1983).
Fils de Léonard Keim et d’Émilie Gast. ∞ 9.4.1927 à Strasbourg Yvonne Wennhack (★ 1906 ? † Strasbourg 21.2.1986) ; 2 enfants. Ouvrier, puis maître tailleur, il adhéra en 1924 aux Jeunesses communistes, puis en 1927 au parti. Comme la majorité des militants de la cellule du Port du Rhin, il refusa de suivre Charles Hueber © dans sa scission en 1929. Il devint vers 1935 secrétaire de la section de Strasbourg. Il fut souvent candidat aux élections. Secrétaire à l’organisation de la région Alsace du Parti communiste français (PCF) de 1936 à 1939, il fut mobilisé en 1939. Prisonnier de guerre libéré, il rentra à Strasbourg en juillet 1940 et reprit son métier de tailleur pour les aviateurs allemands de la base d’Entzheim. Il participa à la reconstitution du Parti communiste clandestin et serait devenu en 1941 l’adjoint de Wodli ©, « interrégional » pour l’Alsace-Lorraine. Arrêté au printemps 1942, il fut interné pendant six mois dans le « Bunker » du camp de Schirmeck. Il fut condamné à la réclusion à perpétuité pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi par le Volksgerichtshof le 25 janvier 1943 pour avoir rédigé et distribué des tracts et fut emprisonné à Ludwigsburg, Wurtemberg. Son fils, âgé de 17 ans, avait été incorporé à l’automne de 1944 au service du travail obligatoire, puis muté d’office dans la Waffen SS, d’où il s’évada. Il fut repris et exécuté.
Rapatrié à Strasbourg le 23 avril. 1945, Léonard Keim fut nommé conseiller municipal par le préfet et élu adjoint au maire (1945-1947). Il fut élu au conseil municipal en octobre 1945 sur la liste d’union de la gauche, dite d’Union républicaine, démocratique et antifasciste et en octobre 1947 sur une liste ne regroupant que des communistes et sympathisants. Il fut élu secrétaire fédéral du PCF du Bas-Rhin à la Conférence fédérale d’octobre 1945, mais sa désignation ne fut pas entérinée par le délégué du Comité central présent. Il fut cependant membre suppléant du Comité central du parti de juillet 1945 à avril 1950. En souvenir de son fils, il accepta de témoigner en faveur des douze Alsaciens accusés d’avoir participé au massacre d’Oradour lors du procès de Bordeaux, mais son parti le contraignit à renoncer à ce projet. Il fut exclu du parti en mars 1953, en même temps qu’Albert Erb, sous prétexte que, sous la torture, il avait en 1942 donné à la Gestapo le nom de deux de ses camarades. Il se présenta aux élections municipales d’avril 1953, deuxième sur la liste d’Union des indépendants menée par Robert Bailliard ©, président de l’Association des déserteurs, évadés et incorporés de force, mais ne fut pas réélu. Il présida l’Office public d’habitation à loyer modéré de Strasbourg (1964-1980), la Caisse d’épargne de Strasbourg (1963-1973), puis la Caisse d’épargne fédérée du Bas-Rhin (1973-1980). Officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite (1967). Croix de guerre. Médaille de la Résistance.
Sa déposition au procès du Gauleiter Wagner, L’Alsace du 30.4.1946 ; « Souvenir de six mois de Bunker à Schirmeck », L’Humanité d’Alsace et de Lorraine des 15.-16.9.1946 ; Sa déclaration sur le procès d’Oradour, Procès-verbaux du Conseil municipal de Strasbourg, séance du 29 décembre 1952.
Strassburger Neueste Nachrichten du 28.1.1943 ; L’Alsace des 1.- 2.2.1953 ; Le Nouveau Rhin français du 1.2.1953 ; R. Heitz, Souvenirs de jadis et de naguère, Strasbourg, 1963, p. 229 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 22.-23.10.1967 (portrait), 28. et 31.12.1983 ; B. Reimeringer, « Un communisme régionaliste ? Le communisme alsacien », Régions et régionalismes en France (…), sous la dir. de G. Livet et C. Gras, Paris, 1977, p. 361-392 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, IV, 1982, p. 564, 567, 571, 572 ; L Adam, Histoire du parti communiste en Alsace de la Libération à 1958, maîtrise, Université de Strasbourg II, 1981 ; B. Vogler, in 150e anniversaire de la Caisse d’épargne de Strasbourg, s.l., 1985, p. 48, 55 ; L. Strauss, « L’Alsace-Lorraine », Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), sous la dir. de J.-P. Rioux, Paris, 1987, p. 369, 372, 377, 382, 383, 387 ; « Parti communiste », Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 859-5866 ; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, XXXII, 1988, p. 353 ; R. Faligot, R. Kauer, Les résistants, Paris, 1989, p. 221 ; sources privées.
Portrait : B. Vogler, op. cit., p. 47.
Léon Strauss (1993)