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Extraite de l’album des Chemins de fer de l’Est publié par François-Adolphe Maugendre en 1857, l’image de couverture de notre Revue d’Alsace 2021 offre un « panorama de Mulhouse » depuis la colline du Rebberg. Placé dans le jardin romantique d’une maison bourgeoise, le spectateur découvre à ses pieds la « Manchester française » : une ville profondément transformée par la révolution industrielle, dont le paysage est alors marqué par « cent cheminées » crachant une épaisse fumée noire. Depuis, les usines ont fermé, leurs archives ont souvent été détruites et leurs hautes cheminées ont pour la plupart été rasées en raison de l’indifférence, voire du mépris, pour ce que l’on qualifie encore trop souvent de « friches industrielles » au lieu de parler d’un riche patrimoine à protéger et à valoriser.

Souhaitant consacrer un dossier au thème « patrimoine et mémoire de l’industrie », la Revue d’Alsace s’est naturellement tournée vers Pierre Fluck pour en assurer la coordination scientifique. Spécialiste du sujet, auteur d’innombrables publications, il a impulsé les recherches en archéologie industrielle au sein du CRESAT (Centre de recherche sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques) de l’Université de Haute-Alsace. Parmi la petite dizaine de contributions réunies dans ce volume, une partie relève de la réflexion épistémologique, notamment l’article sur l’évolution des paysages industriels (P. Fluck) ou celui sur le rayonnement de Mulhouse dans le monde (P. Nachez). La majorité s’inscrit toutefois dans le domaine des monographies (d’entreprises, de localités, de microrégions…). On passe de la métallurgie du fer dans les Vosges (F. Magar) aux marchands bâlois au Moyen Âge (D. Bourgeois), puis à la manufacture d’armes blanches de Klingenthal (é. Gressier), l’entreprise Engelmann à Mulhouse (D. Lerch), la famille d’industriels Schlumberger à Guebwiller (C. Modanese), la manufacture textile Mohler à Obernai (A. Vuillemin) et l’on finit avec le bassin pétrolier de Pechelbronn (F. Schwarz). Les approches varient considérablement selon que les auteurs soient purement historiens ou archéologues. La grande diversité des sujets donne sa richesse au dossier dont P. Fluck souligne en introduction les points saillants et les nombreux apports.

Comme après chaque élection, Richard Kleinschmager livre son analyse des derniers scrutins régionaux et départementaux du mois de juin 2021 marqués par la crise sanitaire et par la grande nouveauté que constitue la création de la Collectivité européenne d’Alsace. C’est pour nous l’occasion de nous féliciter d’avoir réussi à maintenir le rythme annuel de publication de la revue dans un contexte de travail et de recherche perturbé par la pandémie, mais aussi de rappeler l’importance cruciale des subventions des collectivités territoriales – Région Grand Est et Collectivité européenne d’Alsace – à la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, sans lesquelles la Revue d’Alsace ne pourrait exister dans sa version papier comme dans sa version numérique.

Pour finir, cette 147e livraison ne manque pas de rendre un dernier hommage à ceux qui nous ont quitté au cours de l’année écoulée : l’ancien président de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace Jean-Claude Hahn, l’archiviste aux Archives municipales de Strasbourg Georges Foessel, et le professeur Bernard Vogler, dont la figure restera toujours attachée à l’Institut d’histoire de l’Alsace de l’Université de Strasbourg. Ses travaux et ses enseignements ont influencé plusieurs générations d’historiens de l’Alsace, dont nous sommes.

Prix public : 29 € – Abonnés : 24 €