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GUERBER Gérard Joseph

Prêtre, journaliste et homme politique, (C) (* Wissembourg 23.9.1824 † Strasbourg 16.7.1909). Frère de Jean-Baptiste et Victoire Guerber ©. Après des études au petit séminaire et au Grand Séminaire de Strasbourg, Guerber passa une année à l’Université de Bonn en 1847/8. Ordonné prêtre en juin 1848, il fut successivement vicaire à Saint Georges de Haguenau (juin 1848-juin 1851), à Saint-Jean de Strasbourg (juillet 1851-septembre 1852), et à Mutzig (octobre 1852-août 1855). En août 1855, il revint à Saint-Georges de Haguenau, dont son frère Victor était devenu le curé. En octobre 1871, il fut nommé supérieur du petit séminaire de Zillisheim. Il démissionna le 12 novembre 1873, après avoir refusé l’inspection scolaire de l’État, le 4 novembre. En mai 1874, il fut nommé vicaire à Saint-Georges de Haguenau, puis, en juillet 1881, supérieur des sœurs de la Charité, fonctions qu’il exerça jusqu’à sa mort. Chanoine honoraire dela cathédrale de Strasbourg le 5.4.1872. Avec son frère Victor, Guerber  fut une des personnalités marquantes du clergé alsacien. Dès 1846, il débuta dans une carrière journalistique et de publiciste très féconde et très variée. Il collabora aux revues lancées par le clergé alsacien, le Katholisches Kirchen- und Schulblatt für das Elsass (1840-1857), l’Union alsacienne, recueil religieux,scientifique, historique, littéraire et bibliographique (1857-1858), la Revue Catholique d’Alsace (1859-1870). En 1857/8, il participa à la création du Volksfreund dans lequel il publia jusqu’à la fin de sa vie. Il fut également rédacteur au Volksbote en 1866. Dans ses articles et brochures, Guerber condamna vigoureusement le libéralisme et critiqua assez vivement le protestantisme. Il se fit l’ardent défenseur de la primauté du Pape et du pouvoir temporel de la papauté et condamna le gallicanisme comme une hérésie. En 1862, il accompagna Mgr Raess © à Rome, pour l’assemblée des évêques convoquée par Pie IX. Guerber approuva totalement la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale par le concile du Vatican. À partir de 1865, il fit campagne, dans le Volksfreund, pour le maintien de l’allemand à l’école primaire, essentiellement pour des motifs religieux. Les contacts noués avec l’Allemagne catholique dès 1847 se maintinrent grâce à une collaboration régulière au Katholikde Mayence et aux Gelbe Blätter de Munich. Face à l’annexion, Guerber fut d’abord tenté par un accommodement avec le nouveau régime sur la base d’un statut scolaire confessionnel à la prussienne. Comme il l’écrivait à son ami Marbach ©, l’Église devait passer avant la question nationale. Mais, le changement de politique scolaire, à partir d’août 1871, et la loi du 12février 1873, qui établissait le contrôle de l’État sur la formation des congréganistes enseignants et l’inspection dans l’enseignement secondaire privé, le rejetèrent du côté de la protestation. Peu favorable à la candidature de prêtres, il se lança, cependant, dans l’arène politique pour la défense de l’Église et fut élu député au Reichstag de la circonscription de Guebwiller en 1874. Il souscrivit à la protestation contre l’annexion, lue au Reichstag le 18 février1874, et désapprouva la déclaration de Mgr Raess du 19 février, où celui-ci précisait que les catholiques alsaciens-lorrains ne remettaient pas en cause le traité de Francfort. Il fit insérer dans le Journal d’Alsace du 23 février 1874 une notice précisant que les députés catholiques alsaciens ne s’étaient pas solidarisés avec la déclaration de l’évêque. Guerber  exerça le mandat de député jusqu’en 1898. En 1887, il repoussa, avec ses collègues Simonis © et Winterer ©, la loi sur le septennat militaire, malgré les instructions de Rome. Guerber fut très tôt convaincu de la nécessité d’une organisation politique des catholiques alsaciens, afin de lutter contre l’influence du libéralisme et du socialisme. En 1878, il fut co-président de l’Association électorale alsacienne catholique, fondée à Strasbourg pour coordonner les candidatures catholiques lors des élections au Reichstag. En 1880, il participa à la création du premier quotidien catholique à Strasbourg, l’Union d’Alsace-Lorraine. Après son interdiction par l’administration allemande, il soutint le lancement de l’Elsässer en 1885. Il y collabora régulièrement sous le pseudonyme «brr» et présida son conseil de surveillance à partir de 1903. En 1880/81, Guerber appuya la tentative de Hugo Zorn de Bulach ©pour lancer un «parti» catholique conservateur.Il appuya, en 1895, la création du Katholischer Wahlverein der Volkspartei, la première organisation politique des catholiques strasbourgeois, et en devint président d’honneur. Il fut, avec Muller-Simonis, le principal artisan de la tentative pour créer, en 1895, l’Elsass-Lothringische Landespartei, tentative qui échoua du fait du refus de l’autorisation par l’administration allemande. Favorable à un renforcement des liens avec le catholicisme rhénan, Guerber signa le Manifeste de Mayence du 22 novembre 1890 qui lançait le Volksverein für das katholische Deutschland, et participa, en 1890/91, à son lancement en Alsace. Le 5 novembre 1895, il contribua également à la création de la section d’Alsace-Lorraine de l’Augustinusverein zur Pflege der katholischen Presse et en devint le premier président. Dès 1894/95, il était, semble-t-il, favorable au ralliement des catholiques alsaciens au Zentrum allemand. En 1906, il appuya la création du Centre alsacien-lorrain. Dans le domaine social et politique, Guerber défendait des idées plutôt traditionnalistes. C’est ainsi qu’il fut un des adversaires les plus convaincus de la «démocratie chrétienne» dans les années 1890. En dehors de ses articles et très nombreux sermons, Guerber publia des ouvrages d’édification.

Hülfsbüchlein gegen den Wucher. Ein Freund des Elsässer Bauernstandes, Herisau, 1852; Haguenau et la Réforme, Strasbourg, 1861; Andreas Raess, Bischof von Strassburg, Würzburg, 1873; Elsässische Erzählungen, Rixheim, 1873; Erzählungen des alten Bauernjörg, Rixheim, 1873; Haguenau au XVIe siècle, 1880; Vie de Bruno-François-Léopold Liebermann, Fribourg-en-Brisgau, 1880; Gottesvertrauen. Historische Erzählungenaus dem Elsass, Mulhouse, 1894; Niklaus der Schütze, Mulhouse, 1894; Elsässische Erzählungen aus der Schreckenszeit, Mulhouse, 1895; Um den Odilienberg, Rixheim, 1901; Der Landsknecht, Rixheim, 1902; Austrüben Zeiten, Elsässische Erzählungen, Rixheim, 1903; Kreuz und Schwert. Erzählungen, 1904; Bauern-und Schwedenkrieg im Elsass. Historische Erzählungen, Rixheim, 1905.

État-civil de Wissembourg et de Strasbourg, archives de l’évêché de Strasbourg; Reichstags-Handbuch, 1893, p.172; Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 3, 1984, p. 1086; H. Cetty, Joseph Guerber,Mulhouse, 1910, portrait; L. Ehrhard, «Zur Entstehungsgeschichte des Volksfreundes 1855-1859», Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1933,p. 351-361; J. Brauner, «Briefe von Joseph Guerber anden jungen Carl Marbach, den späteren Weihbischofvon Strassbourg, aus den Jahren 1859 bis 1871», Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1933, p. 370-448; Das Elsass von 1870-1932, Colmar,1936/38, 4 vol., portrait; Biographisches Staatshandbuch, Berne, 1959, 60, 1, p. 436; F. Reibel, «Ehrendomherr J. Guerber (1824-1909)», Almanach Sainte-Odile, 35, 1960, p. 101-104; F. Igersheim, «La politique scolaire allemande en Alsace-Lorraine (1870-1871)», Recherches germaniques, 1975, p. 243-287; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’église catholique en Alsace au XIXesiècle (1802-1870), Lille, 1975; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 255; C.Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la république jacobine, Paris, 1982 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3565; C. Baechler, «Le clergé catholique alsacien et la politique 1871-1939», Revue d’Alsace, 1985, p. 125-148; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 1471; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 173.

Christian Baechler (1989)