Prêtre, (C) (* Reichshoffen 24.2.1811 † Molsheim 4.2.1898). Frère de Jean-Baptiste et de Victor Guerber ©. Entré au grand séminaire de Strasbourg en 1830, reçu à la Petite Sorbonne de Molsheim de 1834 à 1835, il accompagna Mgr de Trévern © lors de sa tournée de confirmation. Après son ordination en 1835, il fut vicaire de Marlenheim la même année, puis d’Obernai en 1837. En 1839, il fut nommé vicaire de Saint-Georges de Haguenau et aumônier du collège de la même ville. De1842 à 1849, il occupa la chaire de pédagogie,d’éloquence sacrée et d’archéologie chrétienne au grand séminaire de Strasbourg. Obligé pour raison de santé d’accepter la modeste cure de Littenheim, après avoir été nommé à Dambach, il fut installé en 1851 comme curé de Truchtersheim; il déclina successivement les cures de la citadelle de Strasbourg et de Wahlenheim avant d’être finalement installé à Saint-Georges Haguenau en 1855, où il resta jusqu’en 1883. Dans le grand presbytère, il accueillit ses deux sœurs Rosalie (* 19.3.1813 † 1.6.1898) et Caroline (* 1827 † 26.2.1905), puis son frère Joseph qui le seconda comme vicaire. Il entreprit la rénovation de l’église Saint-Georges: stalles de bois (1857-1861), badigeonnage (1864-1865), couverture du clocher (1866), restauration de la tour (1867), suspension des cloches (1869). De 1859 à 1867 furent posés cinq autels, notamment un gigantesque maître-autel. Prêtre autoritaire, il admonesta souvent ses ouailles, comme en témoigne son Verkündigungsbuch, mais aussi les autorités municipales, voire le maire Nessel. Guerber se lança surtout dans le journalisme politique, collaborant au Katholisches Kirchen-und Schulblatt et au Volksfreund et lutta en vain pour empêcher la création d’une paroisse protestante à Haguenau. En 1860, une de ses brochures, Der Biersepp, der Schmiedfranz und der Papst, où il défend la primauté du pape, circula dans toute l’Alsace. Pour récompenser son zèle, Mgr Raess© le nomma chanoine honoraire le 4 janvier 1869. Après l’annexion, il devint un des penseurs d’un futur parti catholique alsacien et le moteur d’un groupe d’influence regroupant de nombreux prêtres. Poussant en avant son frère pour lequel il ambitionna un poste de vicaire général, Guerber multiplia les projets politiques après la déclaration de Mgr Raess au Reichstag. Deux épisodes constituèrent une cassure dans son ascension. En 1876, l’irascible curé publia une Histoire politique et religieuse de Haguenau (581 + 507 p.), étude substantielle, quoique partisane; or dans cet ouvrage, l’auteur reproduisit un faux croquis de la fameuse Burg impériale de Haguenau qui abusa de nombreuses sociétés savantes alsaciennes et allemandes. Une deuxième maladresse lui fut imputable: ayant retrouvé dans le grenier du presbytère un retable de Veit Wagner (XVIe siècle) et ne le jugeant pas en harmonie avec le style néogothique de l’église Saint-Georges, il le vendit pour peu de chose en 1883 (la fabrique le racheta par la suite). Dans le conflit qui opposa Mgr Raess à Mgr Stumpf ©, Guerber prit le parti du dernier, espérant obtenir pour lui et son frère Joseph de nouveaux honneurs. Mais rien n’y fit.Il se retira alors à Molsheim en 1883 avec son frère Jean-Baptiste et ses deux sœurs Rosalie et Caroline.
Archives de l’évêché de Strasbourg, Schematismus, Reg 45 n° 1036; AM de Haguenau, SGD6 et Ka 9 bis(correspondance avec Nessel); état-civil de Molsheim, décès,(acte 14/1898); Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 661, II, 1087; J. Ernst, Kanonikus Victor Guerber, Pfarrer der St Georgiuspfarrei in Haguenau (1855-1883), Haguenau, 1965; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Église catholique en Alsace (1802-1870), Strasbourg, 1975 (index); Cl.Muller, «Victor Guerber, curé de Saint-Georges Haguenau (1855-1883)», L’Outre-forêt, I/1979, n° 25, p. 10-18 et II/1980, n° 30, p. 14-23; Cl. Muller, «Saint-GeorgesHaguenau, une des paroisses les plus riches d’Alsace au XIXe siècle», Études haguenoviennes, 9, 1983, p. 271-326, surtout p. 293-308 avec portrait p. 295; R. Epp, «Victor Guerber», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs, 1984, p. 107-111 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3566; Cl. Muller, Le diocèse de Strasbourg au XIXe siècle (1802-1914), thèse d’État d’histoire, Strasbourg, 1985 (index); Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 174. Son journal (Archives départementales de la Moselle, 19 J 798-800) est en instance de publication.
Claude Muller (1989)