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EGGERLE Daniel Adam

Premier maire élu (syndic) de Colmar, © (★ Sainte-Croix-en-Plaine 30.10.1751 † Strasbourg 9.6.1826).

Fils de Daniel Adam E., géomètre près le Conseil souverain d’Alsace, et de Marie Madeleine Meyer. ∞ 7.5.1781 à Herrlisheim, près Colmar, Anne Marie Reine Zickel (★ Herrlisheim 1757 † Colmar 1822), fille de Jean-Baptiste Z., greffier de la seigneurie de Herrlisheim, et de Marie Hosbert. Neuf enfants dont Gabriel et Daniel Adam (★ Colmar 11.5.1789) propriétaire, membre du Conseil municipal de Colmar et du Conseil d’arrondissement. Après ses études de mathématiques, et à la suite du décès de son père († 23.7.1780), E. reprit la fonction de ce dernier et devint géomètre juré près le Conseil souverain d’Alsace. Cette activité permit à E. de nouer des relations au sein du barreau colmarien, dont plusieurs membres étaient acquis aux idées révolutionnaires, et le confronta aux questions foncières ainsi qu’à l’épineux problème des privilèges. Ainsi, il ne tarda pas à figurer parmi les adversaires les plus déterminés du Magistrat communal, incarnant pour lui l’arbitraire de l’Ancien Régime sur la scène locale. Lors de la création de l’Assemblée provinciale d’Alsace en 1787, E. milita en faveur d’une représentation élue par tous les citoyens de Colmar sur une base égalitaire ; il se heurta ainsi aux délégués des Magistrats des dix villes ci-devant impériales qui, assemblés en octobre 1788, voulaient obtenir du roi la représentation particulière de la Décapole aux Etats Généraux. E. multiplia ses pamphlets lorsque le Magistrat de Colmar prépara les élections primaires, en rassemblant la population par tribus afin de désigner les électeurs élémentaires de la ville. Ces derniers cependant, chargés d’élire les deux députés locaux au collège des délégués de la Décapole, choisirent le 29.3.1789 E. et le chirurgien Debs, chargés de présenter le cahier de doléances de la bourgeoisie colmarienne à L’Assemblée provinciale. Profitant de son succès, le géomètre alla jusqu’à exiger publiquement des membres du Conseil l’abandon de leurs fonctions, qu’il désigna à la vindicte populaire. Lors d’une manifestation organisée le 25.7.1789, il monta la foule contre le Magistrat, assiégé à l’Hôtel de Ville et contraint de souscrire à toutes les exigences des partisans de la Révolution. A l’issue de cette journée, le Magistrat pratiquement déchu ne conserva que ses fonctions judiciaires, abandonnant ses fonctions de police et la gestion des revenus de la ville à un comité provisoire. Entièrement dominé par E., ce dernier rédigea une nouvelle constitution communale, proclamée le 7.8.1789, et prépara les premières élections municipales à Colmar. Le 8.8.1789, 48 représentants élirent le corps municipal dont E. devint le chef avec le titre de syndic. Sa première tâche fut de parachever la déchéance du Magistrat. Cependant, la fraction modérée releva la tête, et multiplia à son tour les mémoires et pamphlets contre E., à qui fut imputée la responsabilité des désordres ayant marqué la cité depuis le début des événements révolutionnaires. La première municipalité se vit finalement retirer son mandat le 30.10.1789, mais ses membres restèrent en fonction jusqu’aux prochaines élections. Organisées le 3.2 1790, ces dernières virent la réélection d’E. au Conseil municipal, dont la présidence lui échappa cependant pour être confiée au Magistrat de Salomon ©, qui prit le titre de maire. Au cours de l’été, le géomètre juré perdit sa fonction du fait de la fermeture du Conseil souverain d’Alsace et, ayant démissionné de la municipalité, entra au directoire du département du Haut-Rhin. Il y conserva ses fonctions jusqu’en 1792, lorsqu’il fut compris dans l’épuration ordonnée par le représentant en mission Hérault de Séchelles. Entretemps, E. était entré à la Société des Amis de la Constitution, dont il fut rayé en août 1793. Par ailleurs, il fut chargé de mission auprès du général Pichegru, commandant l’armée de Rhin et Moselle, pour des questions intéressant la défense des frontières de l’Est. De retour à Colmar, il occupa de l’an IV à l’an VIII le poste de juge au Tribunal civil du département. Ayant quitté ces fonctions lors de la réorganisation judiciaire, il vécut une existence retirée de propriétaire avant de revenir aux affaires publiques le 21.4.1811, lorsqu’il fut nommé 2e adjoint au maire de Colmar, Morel © .Maintenu à son poste pendant la Première Restauration et les Cent-Jours, E. fut finalement suspendu de ses fonctions en même temps que le maire, le 6.9.1815 ; il décéda 11 ans plus tard, lors d’un séjour à Strasbourg.

AHR, RP Herrlisheim et Sainte-Croix-en-Plaine ; AMC, RP et EC ; RE B 3 n° 18, 30 et 31, RE B 5 n° 2 p. 133 ET 142, RE B 12 p. 158, RE B 14 n° 2, c. 1 f° 98 et c. 2 f° 1 ; A. Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin, Paris-Colmar, 1865, p. 279 (erreurs) ; A. Waltz, Bibliographie de la ville de Colmar, Colmar, 1902, n° 209-219 ; Sitzmann I, 420-421 (erreurs sur la date de naissance, la date de décès et la profession) ; DBF XII, 1970, 1149 ; J.M. Schmitt, « Portraits colmariens : Daniel Adam Eggerlé (1751-1826) », Mémoire colmarienne, n° 6 (sept. 1981), p. 12-13 ; EA V, 1983, 2646. Portrait au Musée d’Unterlinden (réserve).

Jean-Marie Schmitt

Son fils Jean Jacques Adam Hyacinthe Gabriel,

resta célibataire (★ Colmar 25.7.1782 † Colmar 21.10.1838). Sorti de Polytechnique et de l’Ecole d’application de l’artillerie, Gabriel E. entra en 1805 au 7e régiment d’artillerie et passa en 1806 comme lieutenant en 1er au régiment de l’artillerie de la Garde impériale au service de laquelle il fit toutes les campagnes jusqu’en 1813. Chef de bataillon. Employé pendant les Cent-Jours à l’équipage de l’artillerie à Vincennes. Licencié le 20.10.1815, il fut remis en activité au 5e régiment d’artillerie à Strasbourg en 1816. Occupa divers postes d’officier artilleur à Belfort, Neuf-Brisach (1821), Strasbourg (1825). Sous-directeur des équipages de siège à l’expédition d’Algérie en 1830 et nommé, après sa promotion au grade de colonel à Brest (1830), à Toulouse (1831), à Neuf-Brisach (1832). Il termina sa carrière comme colonel du 13e régiment d’artillerie en 1834.

Archives historiques de l’Armée, dossier 42423 ; Sitzmann I, 421. DBF XII, 1970, 1150 ; EA V, 1983, 2646.

 

Alphonse Haller