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RABUS (RAB, RABE, GUNZER) Ludwig

Théologien luthérien (★ Memmingen, Bavière, 10.10.1523 † Ulm 22.7.1592).

Fils de Jakob Rab, bourgeois de Memmingen, et de Barbara Eyseler (d’Ulm?). ∞ 26.1.1546 à Strasbourg (?) Sara Chun us der Eich ; 5 garçons et 9 filles. Arrivé très jeune écolier à Strasbourg, sa pauvreté le fit accueillir dans la maison de Matthäus et Katharina Zell ©, qui s’occupèrent de lui et lui firent continuer des études à Tübingen (immatriculation le 27 mars 1538), puis à Wittenberg (immatriculation le 1er décembre 1541), où il resta deux ans, devenant magister artium en 1543. De retour à Strasbourg, et malgré son jeune âge, il devint vicaire de Zell à la cathédrale en 1544. Ses dons de prédicateur et d’orateur lui valurent très vite beaucoup d’affluence et de considération, surtout, précise le chroniqueur Büheler, de la part des vieilles femmes. Après la mort de Zell en 1548, il lui succéda comme prédicateur de la cathédrale, mais dut abandonner cette charge, quand la cathédrale fut rendue aux catholiques lors de l’introduction de l’intérim ; il fut alors nommé ministre au Temple-Neuf, ce qui lui valut des jalousies de la part de certains de ses collègues. En 1552, il devint professeur de théologie au Gymnase et en même temps pasteur et directeur du Collegium Wilhelmitanum. Le 19 avril 1553, il devint docteur en théologie à l’Université de Tübingen. Comme Marbach ©, il était le tenant d’une ligne luthérienne orthodoxe et, peu enclin aux compromis, se heurta aussi bien au Magistrat qu’aux derniers représentants de la première génération évangélique de Strasbourg, principalement représentée par Katharina Zell. Apôtre de la tolérance, celle-ci publia à Strasbourg l’échange de Lettres entre elle et Rabus, où celui-ci se montre d’une extrême violence, allant jusqu’aux injures à son égard. S’étant vu préférer Marbach comme président du convent ecclésiastique après la mort de Hédion ©, il accepta volontiers l’offre du Magistrat d’Ulm de le nommer surintendant et prédicateur de la cathédrale, sur la recommandation du réformateur d’Ulm, Martin Frecht. Il fut nommé le 22 novembre 1556 et quitta Strasbourg sans prévenir le Magistrat. Il exerça son ministère à Ulm pendant 34 ans et fut le véritable organisateur de la nouvelle Église, dans un esprit luthérien orthodoxe, s’efforçant de bannir de la ville tout reste de catholicisme, de zwinglianisme, de spiritualisme (Schwenckfeld © avait de nombreuxadeptes à Ulm) et d’anabaptisme. L’Église fut contrôlée par de nombreuses visitations ecclésiastiques; Rabus signa en 1577 la Formule de concorde de Wittenberg et réintroduisit en 1586 la confession privée, abolie depuis 1531. Il écrivit un catéchisme, maintes fois réédité, et fit éditer un certain nombre de ses sermons. Mais il est surtout connu en tant qu’écrivain pour sa volumineuse Histoire des martyrs (Historien der Heyligen Auszerwölten…),qui va des débuts du christianisme à l’époque contemporaine, en s’efforçant de montrer la continuité entre l’Église primitive et la nouvelle Confession. Le premier volume parut à Strasbourg chez Samuel Emmel en 1554, suivi de plusieurs autres, puis d’une édition en deux volumes parue à Strasbourg chez Josias Rihel en 1571, le premier volume étant dédié au magistrat d’Ulm et le second à celui de Strasbourg, ainsi qu’à la mémoire de Matthäus Zell, que Rabus traite de « eliebter Vorfahr, Pfarrherr und Vatter ».

J. Preisenstein, Ein christlich Leichpredig bey der Leiche und Begräbnuss des Ludovici Rabi gehalten zu Ulm… den 22. Juni 1592,Tübingen, 1593; A. Weyermann, Nachrichten von Gelehrten, Künstlern und andern merkwürdigen Personen aus Ulm, Ulm, 1798, p. 428-432; Allgemeine deutsche Biographie, XXVII, 1888, p. 97-99; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 478-479; G. Dedeke, Die protestantischen Märtyrerbücher von Ludwig Rabus, Jean Crespin und Adriaen van Haemstede und ihr gegenseitiges Verhältnis, Halle-Wittemberg, thèse doct., 1922; F. Fritz, Ulmische Kirchengeschichte vom Intérim bis zum dreissigjährigen Krieg (1548-1612), Stuttgart, 1934; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 406; Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 6223; L. J. Abray, The people’s Reformation, 1985, p. 64 et 192; B. Appenzeller, Die Münsterprediger bis zum Übergang Ulms an Württemberg 1810, Weissenhorn, 1990, p. 49-62 (Veröffentlichungen der Stadtbibliothek Ulm, Bd. 13), avec bibl.; J. Rott, Investigationes…., II, 1990, p. 114; Bautz, Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon, VII, 1994, p. 1177-1180 (B. Appenzeller); A. et A. Backer, C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus.

Portrait (grav. bois) en début de l’édition Rihel de l’Histoire des martyrs.

Pseudo-portrait dans: Heinrich Pantaleon, Prosopographia heroum, 3e partie, Bâle, 1566, p. 509.

Frank Muller (1997)