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KOHLER Jean Jacques Eugène

Universitaire, cuniculiculteur (Pl), (★ Strasbourg 28.2.1887 † Plobsheim 18.3.1969).

Fils de Jacob Eugène Kohler, employé aux hospices civils, déclarant en douane, secrétaire, négociant, et de Barbara Wilhelmine Guhl, sage-femme, ∞ 2.2.1916 Marie Joséphine Brun[n]ekant, fille de Joseph Brunekant, chargeur, et de Marie Salomon ; 3 enfants. Études secondaires au Gymnase protestant. Après 1905, études de philologie romane, d’allemand et de philosophie à la Kaiser Wilhelms-Universität Strassburg (semestre d’hiver 1907-1908 à l’Université de Berlin) notamment avec Gustav Gröber © ; Staatsexamen en 1910 ; thèse en 1911 : Sieben spanische dramatische Eklogen. Il obtint à la Sorbonne (1er octobre 1912-31 mai 1914) une licence ès lettres de langues méridionales. Il fonda à Paris, sous les auspices d’Ernest Lavisse, l’Association des étudiants Alsaciens- Lorrains de Paris qu’il présida. Il collabora à la Revue Alsacienne Illustrée et aux Cahiers Alsaciens. Francophile, il défendit la « double culture ». Il s’intéressa en 1913 à Maurice Barrès et ultérieurement à Jean Giraudoux. Il figure parmi les premiers adhérents de la Société des Amis de l’Université. Membre du Comité alsacien d’études et d’informations. Il fut incorporé le 3 août 1914 dans l’armée allemande et envoyé en octobre en Pologne, où il fut chargé de la gérance d’une propriété rurale. Il fut libéré en avril 1917 pour s’occuper de sa ferme de la Thumenau (Plobsheim) acquise à ce moment-là pour tenter d’éviter une affectation sur le front français. Lecteur de langues romanes (1er octobre 1917) auprès du successeur de Gröber, O. Schultz-Gora. Kohler, chargé de cours, fut présent lors de la réouverture de
l’Université le 15 janvier 1919. Considérant que l’Université de Strasbourg devait être un bastion avancé de la latinité vers l’Est, Kohler fonda successivement l’enseignement de l’italien conduisant à la licence, puis l’Institut d’espagnol. Dès 1919, il créa les cours d’été à la faculté de Lettres destinés au personnel enseignant alsacien des écoles primaires, puis, à partir de 1921, aux étudiants étrangers, une œuvre florissante dont il s’occupa encore après 1945. Maître de conférences (1919), professeur sans chaire (1929), titulaire (1937). De 1920 à 1936, Kohler collabora à L’Alsace Française et au Journal de l’Est. Conférences à Radio Strasbourg PTT. Notable agricole, spécialiste passionné des animaux de basses-cours ou à fourrure, Kohler collabora au Livre d’or de l’agriculture en Alsace (1927) et rédigea le chapitre sur l’élevage dans L’Alsace depuis son retour à la France. Propriétaire éleveur à la Thumenau, Plobsheim (et de moutons karakuls à Wissembourg), Kohler présida durant l’entre-deux-guerres, le Syndicat des sociétés d’aviculture du Bas-Rhin, le Poule d’Alsace Club de France, les Éleveurs de chèvres de la race noble d’Alsace-Lorraine, etc. Il créa les premiers Rex de couleur, en régénérant par des croisements scientifiques la souche originale des Castorrex (lapin au pelage proche de celui du castor) ; Kohler déposa la marque Castorrex en France (Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, 20 mai 1926, p. 948) et à l’étranger (Bureau international de la propriété industrielle, Berne,
13 janvier 1927) ; il établit son propre « standard » de la race Castorrex (1926). Membre (1927 à janvier 1939) de la Chambre d’Agriculture du Bas-Rhin. Membre du jury dans les grandes expositions avicoles internationales, où il reçut les plus hautes récompenses.

Examinateur aux concours d’entrée de l’École Navale (1933-1939, 1941 et 1942) et de l’École de l’Air (1935-1938). Kohler suivit l’Université de Strasbourg dans son exil à Clermont-Ferrand où sa proposition de transférer l’université au Maroc fut rejetée, avec sanction, par le recteur Terracher ©. Kohler traduisit l’ouvrage de son premier lecteur en 1920, Ernesto Giménez Caballero, La Europa de Estrasburgo, publiée à Madrid. Kohler fut président-fondateur du groupe bas-rhinois du Mouvement Fédéraliste Européen. Il enseigna au Collège de l’Europe libre, une institution américaine destinée à accueillir des étudiants réfugiés des pays de l’Est, établie au château de Pourtalès (1951-1958). Lors de sa succession en 1956 au doyen Ernest Hoepffner © au chapitre de Saint-Thomas (dont il démissionna en janvier 1961), Kohler devint scolarque du Gymnase Jean Sturm. Les conséquences d’un grave accident ne lui permirent plus de quitter la Thumenau dans les dernières années de sa vie. Officier de réserve, chevalier de la Légion d’honneur (1939), officier de l’Instruction publique (1927), des Palmes académiques, Mérite social, Mérite agricole, commandeur de l’ordre d’Alphonse X le Sage d’Espagne, commandeur du Mérite civil espagnol, officier de l’ordre d’Isabelle la Catholique.

Une bibliographie détaillée (sauf à caractère agricole) des publications de Kohler figure dans G. Straka, « Eugène Kohler », dans Orbis, t. VI, n° 2, 1957, p. 552-559.

Sieben spanische dramatische Eklogen, mit einer Einleitung über die Anfänge des spanischen Dramas, Inaugural-Dissertation zur Erlangung der Doktorwürde einer Hohen Philosophischen Fakultät der Kaiser Wilhelms-Universität Strassburg, vorgelegt von Eugen Kohler aus Strassburg, Halle a. S., 1911 (impression condensée autorisée par la faculté le 30 juillet 1910). La version intégrale de la thèse a été publiée sous le même titre : Sieben spanische […] Dramas, Anmerkung und Glossar, par la Gesellschaft für romanische Litteratur, vol. 27, Dresde, 1911, XIV- 365 p.

« L’opossum aux grandes possibilités de production » ; « Le blaireau argenté, concurrent futur du renard » ; « Le skungs, producteur de pelleteries cossues » ; « Le vison, un des joyaux de la fourrure », dans Vie à la campagne, LXI, 15.2.1930, p. 19-20, 20, 30-35, 37-40, ill. ; « Le blaireau argenté, instrument de valeur » ; « Pour élever et sélectionner l’opossum » ; « Le problème des cases étagées pour visons » ; « Les élevages subsidiaires, complément nécessaire », Ibidem, LXIX, 15.6.1931, p. 9, 10, 35, 57, ill. ; « L’élevage du menu bétail en Alsace », p. 51-56 dans A. Herrmann, Le Livre d’or de l’agriculture en Alsace, Strasbourg, 1927, 410 p. ; « Le corps consulaire » dans L’Alsace depuis son retour à la France, t. 1, Strasbourg, Comité alsacien d’études et d’informations, 1932, p. 557-571 ; « L’élevage », Ibidem, t. 2, 1933, p. 208-209.

E. Giménez Caballero, L’Europe de Strasbourg : Vision espagnole du problème européen, Strasbourg, P. H. Heitz, 1950, 145 p., édition française, traduction par E. Kohler, en collaboration avec son élève Pierre André ; Antologia de la literatura espanola de la Edad média (1140-1500), Paris, Klincksieck, 1957, 418 p. (témoins de l’Espagne, textes bilingues, 3). La traduction en est donnée dans un volume parallèle : Anthologie de la littérature espagnole (1140-1500), Paris, Klincksieck, 1957, 390 p.

Archives départementales du Bas-Rhin, 1740 W 6 ; Centre de Philologie et de Littératures Romanes, Fascicule 14, Brochure-Programme 1969 ; E. Pesenti Rossi, « Les études italiennes à Strasbourg 1919-1958 », Revue d’Alsace, n° 123, 1997, p. 253-268 ; Y. Olivier, L’élevage du
Castorrex, Paris, 1929, p. 6-9 ; Dr J. Arnold, Le lapin Rex et son histoire, conférence, Baldersheim, 31.5.1997 ; Fr. Léger, Vosges Fox-Farm : un élevage de renards argentés dans l’Alsace des années 1920, Colmar, 2001, p. 113-115 ; A. Gaugler, à paraître.

Antoine Gaugler (2006)