Industriel, (PI) ( ★ Strasbourg 29. 11. 1836† Thaon-les-Vosges 30. 5. 1919).
Fils de Jean-Louis Eugène L., avoué, et de Caroline Stromeyer. ∞ 6. 12. 1865 à Strasbourg Adèle Lobstein (1841-1912), fille de Charles Auguste L., charcutier; 7 enfants. Sorti en 1857 comme ingénieur mécanicien de l’Ecole centrale, L. commença sa carrière chez Steinheil-Dieterlen à Rothau où il dirigea la teinturerie. En août 1872, il opta pour la France et prit la direction technique de la Blanchisserie et teinturerie de Thaon (BTT), fondée à l’initiative d’industriels de l’Est, soucieux de créer en territoire français une grande usine d’ennoblissement. Le destin de L. s’identifia ensuite avec la BTT qu’il présida et dirigea jusqu’en 1909 et dont il fit le premier établissement industriel des Vosges. Très influencé par le modèle de christianisme social développé à l’initiative du pasteur Oberlin ©, il multiplia les œuvres sociales, qui valurent à l’entreprise de nombreuses récompenses officielles ; il milita en faveur du progrès agronomique, préconisa l’usage des engrais et siégea à la Chambre consultative d’agriculture d’Epinal ; il s’investit dans la vie religieuse, représentant sa paroisse au consistoire de Nancy. Conseiller municipal depuis 1879, il devint maire de Thaon-les-Vosges en 1874 et le resta jusqu’à sa mort : républicain et démocrate, il était proche de Jules Ferry et fut un ardent défenseur de l’école publique. Il fut élu en 1892 au Conseil général des Vosges qu’il présida de 1907 à 1919 à une époque où l’affaire Dreyfus et les combats de la laïcité l’avaient fait évoluer vers la gauche radicale. L. présida également la Grande Brasserie de Charme et la Société anonyme des tissus de laine des Vosges, il fut l’un des fondateurs en 1912 de la Société cotonnière de Dedovo, près de Moscou, et siégea au conseil de nombreuses autres sociétés ; il était président de la Chambre de commerce d’Epinal, vice-président de la Société industrielle de l’Est, censeur de la Banque de France. En outre, officier de l’instruction publique, officier de la Légion d’honneur. Un important monument, couronné de son buste, fut érigé après sa mort par la ville de Thaon.
G. Poull, L’industrie textile vosgienne, 1765-1981, 1982, p. 196-198 ; Les Vosgiens célèbres, Vagney, G. Louis, 1990 ; C. Ferry, La Blanchisserie et teinturerie de Thaon (t872-1914), Nancy, 1992.
Nicolas Stoskopf (2006)
