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FAGIUS (BÜCHLEIN) Paul

Réformateur et hébraïsant, (Pl) (★ Rheinzabern, Palatinat, 1504 † Cambridge 13.11.1549).

Fils de Peter Büchlein, maître d’école. Fréquenta très jeune l’Université de Heidelberg et connut les idées de Luther ; en 1522 il vint à Strasbourg, attiré par la science hébraïque professée par Wolfgang Capiton ©, auteur d’une des premières grammaires hébraïques ; ce premier séjour strasbourgeois le fit remarquer par Bucer © dont il devait devenir plus tard le collaborateur. En 1527 on lui offrit le poste de recteur de l’école latine d’Isny, petite ville de Souabe dans l’Allgau ; c’est là qu’il trouva sa femme, Agnes Buchbaum, fille d’un bourgeois de la cité. Deux rencontres furent déterminantes pour son activité d’hébraïsant. Il entra en contact avec le remarquable humaniste et hébraïsant juif, Elias Levita qui, bien que d’origine allemande, s’était fixé en Italie à Venise, puis à Rome († 1549). Levita avait été amené à Isny pour y éditer plusieurs de ses ouvrages sur l’imprimerie hébraïque que Fagius y avait créée. Cette entreprise originale pour l’époque avait été rendue possible par la générosité d’un bourgeois d’Isny, Peter Buffler, qui mit à la disposition de Fagius la somme de 3000 florins. En 1536 Fagius retourna à Strasbourg pour compléter ses études hébraïques et parfaire sa formation pastorale. En 1538 il revint à Isny ; ce fut alors la période la plus productive ; une vingtaine d’ouvrages de Levita et de Fagius sortirent des presses d’Isny, transférées à Constance en 1543. Dès 1541 la mort de Capiton laissa vacante la paroisse de Saint-Pierre-le-Jeune, mais Fagius ne put répondre à l’appel des Strasbourgeois qu’en 1544, ayant entre temps accepté un poste à Constance. Dans sa nouvelle activité, il créa des cercles de responsables à l’intérieur de la paroisse, tout en s’adonnant à l’enseignement de l’hébreu ; il joua aussi un rôle important dans la réorganisation de l’Université de Heidelberg par l’électeur palatin Frédéric II. L’institution de l’Intérim (1548) créa au sein du protestantisme strasbourgeois tant de difficultés qu’elles aboutirent à son exil de la ville. En compagnie de Bucer, il se rendit en Angleterre où on lui offrit une chaire d’hébreu à l’Université de Cambridge. Mais il n’eut pas le temps d’exercer cette nouvelle charge ; il mourut miné par la maladie et par le mal du pays. Enterré dans l’église de Saint-Michel, ses ossements furent déterrés et brûlés lors de la réaction catholique. Parmi les œuvres de Fagius hébraïsant mentionnons : Commentaire sur les quatre premiers chapitres de la Genèse, une traduction latine du Targum araméen d’Onkemos sur le Pentateuque, une Introduction à la langue hébraïque, le Liber Fidei, Sepher Aemanah, confession d’un converti juif du XlVe siècle, destiné à prouver que la religion chrétienne est fondée sur les écrits de l’Ancienne Alliance, traduit de l’hébreu en latin avec commentaires. L’apologétique n’est pas absente, mais il faut dire que Fagius a été avec Capiton celui des réformateurs strasbourgeois qui a plus profité des écrits juifs qu’il n’a réfuté leurs prétendues erreurs.

Haag, La France protestante, t. 3, Paris 1846-59, p. 71 ; Encyclopédie des sciences religieuses, t. 4, 1878, p. 672 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p 467-468 ; P. Janelle, « Le voyage de Martin Bucer et Paul Fagius de Strasbourg en Angleterre en 1549, texte du journal de route d’après des manuscrits aux Archives de Strasbourg », Revue d’histoire et de philosophie religieuse VIII, 1928, p. 162-177 ; R. Raubenheimer, « Paul Fagius aus Rheinzabern, sein Leben und Wirken als Reformator und Gelehrter », Veröffentlichungen des Vereins für pfälzische Kirchengeschichte, VI, 1957, 146 ; Neue Deutsche Biographie, IV, 1959, p. 744 ; R. Stupperich, Theologische Literaturzeitung, 1960, p. 114 ; G. E. Weil, Elias Levita, humaniste et massorète (1469-1549). Leiden, 1963, p. 133-151 et passim ; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, XVI, 1967, 391-394 ; Bopp, Die evang. Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 1302 ; Encyclopedia Judaica VI, 1972, 1136-1137 ; R. Peter, « Paul Fagius sur le chemin de l’exil (lettre inédite en yiddisch), » Revue d’histoire et de philosophie religieuses LIX, 1979, p. 385-390.

Edmond Jacob (1987)