Description
La Revue d’Alsace 2022 s’ouvre sur une contribution de Tristan Martine et Florent Minot sur le site du Purpurkopf basée sur l’analyse d’une bulle du pape Léon IX et des nouvelles données archéologiques. Des fouilles prometteuses, en cours, permettront de confirmer la datation de ce qui est peut-être l’un des plus anciens châteaux forts d’Alsace… Anne Rauner montre que les pratiques de commémoration des défunts et la mise à jour de documents nécrologiques multiples deviennent des instruments du conflit qui oppose clercs et laïcs au sujet du patronage de l’église Saint-Georges de Haguenau et du contrôle de ses revenus au début du XVe siècle. Pierre Kintz étudie les scènes de meurtre, de combat et de bataille gravées par Tobias Stimmer dans le Flavius Josèphe édité par Theodosius Rihel à Strasbourg en 1574. Éric Hassler relit les évolutions socio-politiques de la noblesse alsacienne entre 1650 et 1800 à la lumière de son lien étroit et renforcé aux chapitres nobles et aux ordres militaires qui la rapproche des noblesses chapitrales d’outre-Rhin à l’époque même où l’Alsace s’intègre progressivement au royaume de France. Claude Betzinger revient, à partir d’une documentation renouvelée, sur la création et les débuts de la diffusion de la Marseillaise de Rouget de Lisle, de Strasbourg à Paris, via Montpellier et Marseille. Nils Renard s’intéresse à l’histoire et à la mémoire peu étudiées des juifs d’Alsace sous le Premier Empire et identifie les notions de « juif de guerre » et de « juif guerrier » à partir de la lecture du roman Le Blocus d’Erckmann- Chatrian. Matthieu Mensch décrypte les objectifs politiques de la visite royale de la dernière dauphine Marie-Thérèse Charlotte de France à Strasbourg en 1828 et en décrit le cérémonial adapté en conséquence. Raymond Scheu révèle l’engagement littéraire, artistique et patriotique des époux Jeanne et Frédéric Régamey pour diffuser l’image d’une Alsace désireuse d’un retour à la France. Mais revenons à l’image de couverture : les deux derniers articles de la partie Varia portent sur l’histoire du Musée alsacien créé il y a 120 ans. Nicolas Stoskopf explique, à partir de documents inédits ou peu exploités, comment le projet initial de musée ethnographique alsacien esquissé en 1900 est complètement bouleversé au moment de sa mise en œuvre à partir de 1902. De son côté, Jean-Marie Gyss se fonde sur la lecture du journal de Charles Spindler pour comprendre la dissolution et la municipalisation du musée pendant la guerre, en 1917.
Une nouveauté importante de notre Revue d’Alsace 2022 est la création d’une rubrique « édition de textes traduits ». Le groupe TexMed (Textes médiévaux) de l’université de Strasbourg s’est proposé de traduire les principaux textes latins de l’Alsace médiévale dans un français compréhensible et de les offrir aux lecteurs de la revue. Le premier est un « classique » de l’histoire d’Alsace : la « guerre de Walther » ou Bellum Waltherianum raconte le conflit entre la ville de Strasbourg et son évêque au XIIIe siècle dont le point d’orgue est la bataille de Hausbergen en 1262. D’autres suivront dans les années à venir, la rubrique étant également ouverte aux traductions de textes allemands des époques moderne et contemporaine.
Richard Kleinschmager livre sa traditionnelle analyse des élections présidentielles et législatives du printemps 2022 en Alsace illustrée de nombreuses cartes produites et mises à disposition par l’atelier de cartographie du CRESAT que nous tenons à remercier.
Quatre positions d’habilitations et de thèses, une trentaine de comptes rendus d’ouvrages récents réunis grâce au travail d’Éric Hassler, et l’habituel bulletin des activités de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace complètent ce nouveau numéro, reflet de la recherche historique contemporaine sur notre région.
Jean-Georges Guth et Nicolas Lefort