Industriel, (★ Rixheim 9.2.1838 † Illzach (IIe-Napoléon) 29.3.1906). Fils de Jean Zuber-Karth ©. ∞ 29.9.1863 à Rixheim Françoise Noémi Rieder (★ Paris 17.8.1844 † 19.10.1914). Fille d’Amédée Rieder ©, manufacturier, et de Fanny Gros. 7 enfants. Il passa toute sa jeunesse à Rixheim, puis fut élève de l’Institut pédagogique de Christian Lippe à Lenzburg, Argovie, comme de nombreux fils de manufacturiers mulhousiens. Il fit ensuite ses humanités au Gymnase protestant de Strasbourg (bachelier à 16 ans) et suivit les cours de la faculté des Sciences et de l’École de pharmacie de cette ville jusqu’à l’obtention au concours de la médaille d’or en 1855. Son éducation fut totalement bilingue. Il fut admis à l’École Centrale des Arts et Manufactures de Paris. Il en sortit avec le diplôme d’ingénieur mécanicien en 1858 et une licence ès sciences en Sorbonne. Sa mère et son oncle Frédéric Zuber, commanditaires de la nouvelle Société Zuber-Rieder, lui demandèrent d’assister Amédée Rieder, son futur beau-père, dans le développement de la nouvelle papeterie de l’Ile-Napoléon. Il y retrouva, dès 1859, son cousin Victor Zuber déjà entré quelques années auparavant. La construction et la mise en route de la nouvelle usine dite des Pins lui fut confiée, située à 2 km au nord de l’Ile-Napoléon, le long du canal, sur la commune de Baltzenheim. Il fut ainsi associé à son cousin Jacques, fils d’Amédée Rieder, dans la réalisation de son avant-projet de fabrication des pâtes à papier. Dès 1862, il fut nommé gérant de la nouvelle Société Zuber Rieder & Cie (Z.R.C.) séparée de la maison mère de Rixheim. À la Société industrielle de Mulhouse, il collabora activement aux comités de mécanique, d’utilité publique, du papier, des beaux-arts et fut vice-président de 1869 à 1892. Le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse comporte une soixantaine de ses rapports sur les sujets les divers. Son nom reste attaché à la rédaction des statuts et à la fondation de l’Association alsacienne des propriétaires d’appareils à vapeur, qui fut la première en Europe (1867), mère de toutes les A.P.A.V.E. actuelles. Très porté sur les beaux-arts et formé dans ce domaine par le milieu familial, il participa à la fondation avec Engel-Dollfus de la Société des arts de Mulhouse, dont il devint président de 1884 à 1906. Il fut également membre de la Chambre de Commerce de Mulhouse depuis 1872. Vers 1875, conscient de la nécessité pour Z.R.C. de conserver une part du marché français de papiers fins, il décida de créer une nouvelle unité de production en France. Son choix se portait sur la commune de Boussières dans une boucle du Doubs en aval de Besançon. C’est là que ses collaborateurs et ouvriers, ayant émigré après l’occupation de l’Alsace, allaient venir démarrer la papeterie de Torpes. Cette usine, opérationnelle en 1881, devenue très rapidement une affaire produisant du papier de haute qualité à base de chiffons et d’alfa, fut reconnue à l’Exposition universelle de 1900 par une médaille d’or. Les cahiers d’écolier « Le Calligraphe » allaient porter aux quatre coins de l’hexagone les blasons de l’Alsace et de la Lorraine, marque retenue par Z.R.C.. Ernest Zuber était très préoccupé du sort des vieux salariés au moment de leur cessation d’activité : il avait déposé à la Société industrielle de Mulhouse des propositions en vue d’une solution pratique de la question des retraites (1887).
E. O. Lami, Voyages pittoresques et techniques à travers la France industrielle, Paris, 1887, t. l, p. 206 ; Histoire documentaire de l’industrie de Mulhouse, 1902, t. II, p. 559-565 ; Centenaire de la Société industrielle de Mulhouse, t. l, APAVE, Mulhouse, 1926 ; Th. Schlumberger, notice nécrologique sur Ernest Zuber, Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1906, p. 273 ; Biographische Skizze und Leichenrede, Mulhouse, 1907 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1050 ; Annales de la Chambre de Commerce de Mulhouse (1874-1904) ; Florence Ott, La société industrielle de Mulhouse 1826-1876. Ses membres, son action, ses réseaux, Strasbourg, 1999; Collection des Bulletins de la Société industrielle de Mulhouse (une cinquantaine de rapports d’Ernest Zuber).
Bertrand Zuber (2003)
