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ZIX Benjamin

Peintre, dessinateur et graveur, (C) (★ Strasbourg 25.4.1772 † Pérouse, Italie,7.12.1811). Fils de Jean-Daniel Zix, farinier, et de Catherine-Salomé Memminger. ∞ 18.6.1803 à Strasbourg Marie Barbe Zeissolff, sa cousine. Il fut admis à l’école de dessin dirigée par Joseph Melling ©, puis travailla aux côtés d’un peintre strasbourgeois, probablement Christophe Guérin ©, qui a pu le former à la pratique de la gravure. Le 30 juillet 1792, il s’engagea comme volontaire au troisième bataillon du Bas-Rhin et resta sous les drapeaux jusqu’en avril 1800, date à laquelle il fut réformé. Toutefois, il fut amené à rentrer plusieurs fois dans sa famille soit pour soigner une médiocre santé, soit pour profiter de congés. C’est à cette occasion qu’il exécuta, en 1794 et 1795, une série de dessins de paysage consacrée au Ban-de-la-Roche dont il avait probablement envisagé de tirer une publication. En 1798, le général Balthazar de Schauenbourg ©, commandant les troupes françaises en Suisse, qui l’avait remarqué parmi ses troupes, se l’attacha comme dessinateur. Par la suite, il garda le peintre sous sa protection, lui fit exécuter des dessins évoquant différents épisodes de son activité militaire et donner des leçons de dessin à ses enfants. Il l’accueillit aussi dans son château de Geudertheim.

En 1800, Zix travailla à Karlsruhe, à Ia demande de l’architecte Weinbrenner © qui préparait avec l’éditeur Cotta un almanach révolutionnaire qui ne vit finalement jamais le jour. Dans les années suivantes, il réalisa de nombreux dessins et prépara l’édition d’un recueil d’eaux-fortes de paysages alsaciens, publié en 1805 sous le titre Mahlerische Ansichten des ehemaligen Elsasses. En septembre 1805, la municipalité de Strasbourg le chargea de la décoration de l’arc de triomphe érigé pour la visite de l’empereur Napoléon. La tradition assure que l’impératrice Joséphine l’aurait recommandé elle-même à Vivant-Denon, directeur général des musées, qui se l’attacha comme dessinateur et l’emmena immédiatement en Allemagne et en Autriche. De retour à Strasbourg au début de l’année 1806, il fut chargé de commémorer la deuxième visite de l’empereur, vainqueur d’Austerlitz, les 22 et 23 janvier, en cinq dessins qui furent gravés au trait par Christophe Guérin ©. Il s’installa ensuite à Paris avec sa femme qui demeurait seule pendant les voyages que le dessinateur fit dans la suite de Denon.

À l’automne de 1806, il suivit les armées en Prusse, passa en octobre à Weimar où il dessina le portrait de Gœthe ©, puis gagna la Pologne. Il participa, en avril 1807, au concours pour la commémoration de la bataille d’Eylau (8 février 1807), bien qu’il n’eût pas plus assisté à l’événement que les autres concurrents. Contrairement à ce qui a pu être dit, son dessin (conservé au musée de Strasbourg) n’a pas servi de modèle au tableau de Gros, auquel la commande fut attribuée. En octobre 1808, il suivit Vivant-Denon en Espagne. En juin 1809, il rejoignit les troupes en Autriche dont il revint en décembre. Il donna également des dessins pour certains des bas-reliefs de la colonne Vendôme, achevée en 1810. En 1811, Vivant-Denon l’emmena en Italie où il se rendit pour rechercher des œuvres d’art pour le Louvre et ce fut au cours de ce voyage, à Pérouse, qu’il fut victime d’un violent accès de « fièvre pernicieuse ».

Zix pratiqua peu la peinture. Il fut surtout dessinateur et aquarelliste. Il travailla essentiellement à la plume, souvent à partir d’une première esquisse au crayon et mania très brillamment le lavis, en utilisant fréquemment la sépia qui lui permit de créer des effets de lumière et de modelé et apporta une tonalité chaude. Ses aquarelles dont les traits sont également exécutés à la plume, présentent une grande finesse de détails. Avant son installation à Paris, ses sujets furent essentiellement des scènes de genre et des épisodes militaires et constituent ainsi de précieux témoignages sur la vie de son temps. Il se risqua à la mythologie sans grand succès. À Paris, il exécuta notamment de grands dessins évoquant les salles du Louvre (Louvre, département d’art graphique).

Exposition d’œuvres de Benjamin Zix, Société des Amis des Arts, château de Rohan, novembre 1911 (notice biographique- du Dr. Ferdinand Dollinger) ; F. Dollinger, « Le dessinateur strasbourgeois Benjamin Zix », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, II, 1923, p. 193-220 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1040-1041 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, XXXVI, 1947, p. 534 ; Benjamin Zix, 1772-1811, catalogue de l’exposition du Palais des Rohan, Strasbourg, 1961 (Hans Haug et Paul Martin) ; R. Heitz, La peinture en Alsace 1050-1950, Strasbourg, 1975, p. 52-53 et p. 192-195 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7829 ; D. Vivant-Denon, L’œil de Napoléon, catalogue de l’exposition du Musée du Louvre, Paris, 1999-2000 ; R. Spiegel, Dominique Vivant-Denon et Benjamin Zix. Acteurs et témoins de l’épopée napoléonienne, 1805-1812, Paris, 2000.

Albert Châtelet (2003)