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ZINCGREF Julius Wilhelm (Laurentiades Primricius)

Écrivain, juriste, (Pr) (★ Heidelberg 3.6.1591 † Sankt Goar 12.11.1635). Fils de Lorenz Zincgref (1541-1610), conseiller du prince électeur Frédéric III du Palatinat, et de Margaretha Dresch († 1619), originaire de Heidelberg. ∞ 1626 Agnese Patrick, fille d’un officier de Hesse. Humanités et études supérieures à Heidelberg. Immatriculé en 1607 pour suivre des cours de lettres puis de droit. Les professeurs Jan Gruter © et Denis Godefroy © eurent une influence particulière sur lui. Il commença en 1612 un périple d’études de cinq ans à travers la Suisse, la France, l’Angleterre et les Pays-Bas. A son retour, il présenta sa thèse de droit à Heidelberg. En 1620, il fut nommé auditor général (juge supérieur) pour la garnison de Heidelberg par l’électeur palatin Frédéric V. Cette carrière prometteuse fut interrompue en septembre 1622 lorsque les troupes bavaroises conquirent Heidelberg. Zincgref fut obligé, abandonnant biens et bibliothèque, de s’enfuir à Francfort puis à Strasbourg. Il y entretint des relations vivaces avec d’autres réfugiés de Heidelberg tels Jan Gruter ©, fin connaisseur de la littérature antique, Georg Michael Lingelsheim © mentor du cercle humaniste de Heidelberg, et son fils Friedrich Lingelsheim. Pendant une brève période, Zincgref servit de traducteur au délégué français, Guillaume Marescot. Zincgref fut nommé « Landschreiber » (Amtmann), administrateur à Kreuznach, puis à Alzey après la conquête du Palatinat électoral par les Suédois en 1632. Cette administration fut de courte durée.

Dès son séjour à Heidelberg, Zincgref avait été remarqué par une parution anonyme de portraits de maîtres d’école et de pédants (Facetiae pennalium, 1618). Il avait publié en 1619 à Oppenheim une série d’emblèmes, allégories gravées par Matthäus Merian, avec des commentaires. Ces Emblematum ethico-politicorum centuria sont dédiés à l’électeur palatin Frédéric V. Ils représentent une théorie d’État et de gouvernement d’inspiration calviniste. Ces deux écrits furent souvent réimprimés au cours du XVIIe siècle. La période littéraire la plus féconde de Zincgref reste celle de son exil à Strasbourg. Zincgref devint célèbre comme éditeur, en 1624, des Teutschen Poemata de Martin Opitz et des Au?erlesenen Getichte anderer Teutscher Poeten, figurant en annexe à cette collection. Elles comprennent des poèmes de Martin Opitz, créateur de la poésie d’art en langue allemande, mais aussi des œuvres d’autres poètes tels Paul Melissus-Schede ou Georg Rudolf Weckherlin ainsi que 22 poésies de Zincgref. La grande sensation provoquée par la publication était due à la composition des poèmes selon les règles de la métrique et du choix des mots que Martin Opitz avait élaborées dans son art poétique, Buch von der Deutschen Poeterey, imprimé à Breslau en 1624. On apprécia également les formes et les thèmes suggérés par la Pléiade en France. Cependant, Zincgref avait obtenu à Heidelberg en 1620 des poèmes d’Opitz et les avait publiés sans son accord, c’est pourquoi Opitz manifesta sa désapprobation et publia à Breslau dès l’année suivante, les Acht Bücher Deutscher Poematum. Le grand intérêt politique des réfugiés se révéla dans une collection d’apophtegmes sous le titre Der Teutschen Scharpfsinnige kluge Spruch éditée à Strasbourg en 1626. Il s’agit d’un choix de sentences frappantes et acerbes faites par des personnages historiques allemands. Cette collection avait également la prétention de promouvoir, selon des formes du classicisme antique, une poésie en langue allemande égale à celles des autres poésies nationales. Des amis de Zincgref, comme Johann Michael Moscherosch ©, Georg Michael Lingelsheim © et Johann Leonhard Weidner, donnèrent leur
contribution à l’ouvrage. Zincgref sut toujours rassembler des écrivains de cercles de l’humanisme tardif pour réaliser des ouvrages collectifs. À côté des œuvres les plus importantes, on peut citer une série de petits écrits politiques et satiriques et des feuilles volantes comme les Neue Zeitungen von unterschiedlichen Orten (1619, s.l.), Zeitung auss der Chur Pfaltz (1621, s.l.), Quodlibetischer Weltkefig (1623), Der Römische Vogelherdt (1623; s.l.). Ils révèlent Zincgref comme un des rares auteurs marquants des milieux acquis à la Réforme en Allemagne.

A. Reifferscheid, Briefe G. M. Lingelsheims, M. Berneggers und ihrer Freunde, vol. I, Heilbronn, 1889 ; G. Witkowski, Teutsche Poemata 1624, Halle, 1902 (réédition 1967) ; D. Mertens, Th. Verweyen, J. W. Zincgref, Gesammelte Schriften, vol. I, Tübingen, 1978 ; W. Kühlmann, H. Wiegand, Parnassus Palatinus. Humanistische Dichtung in Heidelberg und der alten Kurpfalz, Heidelberg, 1989 ; G. Dünnhaupt, Personalbibliographien zu den Drucken des Barock, vol. VI, Stuttgart, 1993, p. 4356-4372 (bibliographie) ; W. Kühlmann, W.-E. Schäfer, Literatur im Elsa? von Fischart bis Moscherosch. Gesammelte Studien, Tübingen, 2001, p. 149, 224, 338 et p. 436 (index) ; W. R Friedrich, « Zincgref and his Fellow Poets », Germanic Review, t. 9, 1934, p. 219-238 ; Th. Verweyen, Apophthegma und Scherzrede, Bad Homburg, 1970 ; D. Mertens, « Zu Heidelberger Dichtern von Schede bis Zincgref», Zeitschrift für deutsches Altertum, 103, 1974, p. 200-241 ; F. Schnorr von Carolsfeld, « J. W. Zincgrefs Leben », Archiv für Literaturgeschichte, t. 8, 1879, p. 1-58.

Walter Ernst Schäfer (2003)