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Zasius Ulrich

Juriste, administrateur et diplomate, (C) (★ Constance 1461 † Fribourg en Brisgau 24.11.1535). Docteur en droit et en théologie, Zasius fut l’un des juristes européens les plus réputés. Après des études en Italie, à Tübingen et à Freiburg, Zasius mena de front une carrière de professeur – enseigna le droit romain à Bâle de 1543 à 1544; parce que catholique, il dut renoncer à l’enseignement à Bâle –, d’administrateur, de consultant juridique et de diplomate. Son champ d’activité se situa, pour l’essentiel, à Freiburg im Breisgau mais aussi à la cour des empereurs Ferdinand Ier et Maximilien II où il fut vice-chancelier et conseiller. Son rôle en Alsacefut important. Il fut notamment chancelier des pays antérieurs d’Autriche à Ensisheim (« … per superiorem Alsatiam cancellarlus ») et prévôt commendataire à Oelenberg. En 1560, l’empereur l’envoya à Strasbourg, accompagné du Landvogt de la Haute-Alsace pour faire assurer la protection du clergé catholique dans l’exercice de ses fonctions sacerdotales. Parmi les nombreuses consultations juridiques qu’il a rédigées, on notera celle concernant la ligne de faîte vosgienne comme délimitation de la frontière. Sympathisant avec le mouvement luthérien à ses débuts – pendant quelques années ses œuvres seront considérées comme hérétiques et mises à l’Index jusqu’en 1564 – il s’en détacha lorsque la Réforme mit l’autorité de l’empereur et du pape en cause. Au plan des doctrines et des méthodes juridiques, Zasius se situa entre l’école dite des « postglossateurs » développée en Italie et les humanistes, un milieu dont il était par ailleurs familier.
Contemporain du strasbourgeois Sébastien Brant © il est frappant de constater les points communs entre ces personnalités. Les deux sont essentiellement pragmatiques ; en tant que greffiers municipaux et diplomates, ils ont mis leur formation juridique au service de leur ville et ont œuvré à la rédaction des statuts de leur Ville. Mais par-delà, il faut reconnaître à Zasius une envergure – dans le domaine juridique – qui dépasse celle de son collègue strasbourgeois.

Bibliographie des œuvres de Zasius dans Erik Wolf, Grosse Rechtsdenker der deutschen Geistesgechichte, 4e éd., 1963, p. 99-101 (Biographie p. 59-98) ; Fr. Wieacker, Privatrechtsgeschichte der Neuzeit, 2e éd, 1967, p. 155 et suiv. ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1033-1034 (nombreuses erreurs : Zasius n’est pas né à Freiburg). Pour le rôle que Zasius a pu jouer en Alsace: M. Thomann, « Humanisme et droit en Alsace », Les grandes figures de l’humanisme alsacien, Courants – milieux – destins, publication de la Société Savante d’Alsace, Strasbourg, 1978, p. 259-285. On retiendra plus particulièrement l’intérêt de la collection de ses consultations dans Responsorum juris sive consiliorum, ouvrage posthume paru en 2 vol., Bâle, 1538, 1539 et sa correspondance avec Wimpheling et Jacques Spiegel dans Udalrici Sasii Epistolae ad viros aetatis suae doctissimos…, Ulm, 1774 ; sur la rédaction des statuts des Ribeaupierre, cf. Savigny Zeitschrift für Rechtsgeschichte, Germanistische Abteilung, 18, 1897, p. 170-178, sur ses rapports avec l’Autriche antérieure, G. Bischoff, Gouvernés et gouvernants en Haute Alsace à l’époque autrichienne, Strasbourg, 1982, p. 182, 246 ; On connaît 4 portraits de Ulrich Zasius (références dans Allgemeine deutsche Biographie, t. 44, p. 715).

Les travaux généraux sur Zasius sont très nombreux. En France, le chancelier Étienne Pasquier (1529-1615) dans les Recherches de la France, 1560-1621, IX, p. 39 cite « Uldaric Zase » parmi les « trois premiers entrepreneurs de ce nouveau mesnage » que fut le « mariage de l’étude du droit avec les lettres humaines » ; La biographie de Karl Heinz Burmeister, « Ulrich Zasius (1461-1535) », Paul Gerhard Schmidt (Herausgeber), Humanismus im deutschen Südwesten, Biographische Profile, Sigmaringen, 1993, donne l’état actuel de la question ; E. Wolf, Grosse Rechtsdenker der deutschen Geistesgechichte, 4e éd., 1963, p. 99-101, comme F. Wieacker, Privatrechtsgeschichte der Neuzeit, 2e éd., 1967, p. 155 et s. ouvrent les perspectives pour apprécier Zasius en tant que juriste.

Historisch biogaphisches Lexikon der Schweiz…, Neuchâtel, 1934, p. 627 ; K. Schottenloher, Bibliographie zur deutschen Geschichte im Zeitalter der Glaubensspaltung 1517-1585, Leipzig, 1935, p. 406; idem, t. 5, 1939, p. 286; J. Adam, Inventaire des archives du chapitre de Saint-Thomas, Strasbourg, 1937, col. 247 (lettre de Jean Sturm à Zasius du 11 mai 1566) ; G. Kisch, Zasius und Reuchlin, eine rechts-geschichtlich-vergleichende Studie zum Toleranzproblem im 16. Jh., Constance, 1961, 104 p.; K. Bosl, G. Franz, H. H. Hofmann, Biographisches Wörterbuch zur deutschen Geschichte, Munich, 1975, col. 3296, 2e édition, Munich, 1975, t. 3; A. Schindling, Humanistische Hochschule und freie Reichsstadt, Wiesbaden, 1977, p. 441 (passim) ; J. Rott, Correspondance de Martin Bucer, t. I, Leiden, 1979, p. 332 (passim); M. Usher-Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, London, 1982, p. 396 (passim) ; J. Roth, Investigationes historicae, 1986, t. II, p. 720 (passim) ; S. Rowan, Ulrich Zasius, a jurist in the german Renaissance, Francfort s. M., 1987, 286 p. (Studien zur europäischen Rechtsgeschichte, 31) ; Th. A. Brady, Protestant Politics : Jacob Sturm (1483-1553) and the german Reformation, New Jersey, 1995, p. 22.

† Marcel Thomann (2003)