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WYLER François

Religieux franciscain (vers 1450? † Heidelberg 1514). Probablement né à Bâle, il se dit parent de l’épouse de Johann Amerbach, le célèbre imprimeur bâlois, et se fonda sur ses relations familiales pour écrire à plusieurs reprises à Basile et Bruno Amerbach, alors étudiants à Paris, et leur prodiguer des conseils. C’est sans doute à Bâle qu’il entra dans l’ordre franciscain : le couvent de cette ville avait adopté la stricte observance dès 1439. Il devait avoir terminé ses études en 1480 puisque ses supérieurs l’avaient nommé lecteur à Ingolstadt. Comme il avait achevé sa formation au studium parisien où il avait été l’élève du grand théologien Étienne Brûlefer, il ne devait pas être bien loin de la trentaine quand il revint dans sa province d’origine. Son genre de vie fut celui des cordeliers observants, déplacés d’un endroit à l’autre, selon les besoins que le chapitre provincial estimait les plus urgents. Wyler changea onze fois d’affectation entre 1480 et 1514. Ingolstadt, Tübingen, Mayence, Pforzheim, Kreutznach, Bâle, Heidelberg, mais aussi Saint-Ulric à côté de Barr et Saverne furent les différents théâtres de son activité. Les fonctions qu’il remplit, celles de maître des novices, de lecteur – c’est-à-dire de professeur, tant en philosophie qu’en théologie -, de prédicateur enfin, prouvent que ses confrères le tenaient en haute estime. Ardent défenseur des positions soutenues par les maîtres franciscains, il recommandait l’étude de Scot, l’un des plus fameux représentants du « réalisme » philosophique, et déconseillait la lecture des « nominalistes », en particulier d’Occam – un franciscain, il est vrai – et de Grégoire de Rimini. Il reprochait aux Dominicains de ne pas admettre l’immaculée Conception de Marie.

Il rédigea plusieurs ouvrages, entre autres De musica et eius laudibus. Un codex de la bibliothèque de Luxembourg contient cinq de ses œuvres. À Bâle, en 1502, il fut l’un des collaborateurs recrutés par Amerbach pour préparer une édition complète de saint Augustin. La querelle des « maculistes » et des « immaculistes » lui avait donné l’occasion d’entrer en contact avec Sébastien Brant © qui partageait ses idées (1494). Il semble avoir écrit également à Peter Schott © le jeune et ainsi qu’à Celtis, le promoteur de l’humanisme dans les pays germaniques. Lorsque Wimpheling © se lança dans la correction des textes liturgiques, il put compter sur l’appui de Wyler qui lui écrivit, le 19 juillet 1498, de Saverne, où il était alors prédicateur : il lui demandait de faire retirer des livres en usage dans le diocèse de Strasbourg, un office pour la Visitation composé par un Tchèque en 1409 et de le remplacer par celui de Sixte IV, le pape franciscain ; il proposait à son correspondant de lui livrer la notation musicale afin qu’elle pût être imprimée. Wyler admirait Geiler de Kaysersberg © et, à la mort du célèbre orateur, fit tenir à Wimpheling une épigramme que l’humaniste mentionne dans sa Vita Geileri (1510) et qui figure dans l’édition des sermons publiés par P. Wickram ©.

Trithème estima, dès 1495, que Wyler avait sa place dans le Catalogue des hommes illustres de Germanie et Pellican ©, le confrère de Wyler à Bâle, avait de l’estime pour son aîné dans l’ordre.

J. A. Riegger, Amoenitates literariae Friburgenses, Ulm, 1775, p. 34 ; Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace à la fin du XVe et au début du XVIe siècle, Paris, 1879, t. I, p. 158 ; Th. Vulpinus, Die Hauschronik K. Pellikanus, Strasbourg, 1892, p. 28 ; J. Knepper, Jakob Wimpfeling. Sein Leben und seine Werke, Fribourg en Brisgau, 1902, p. 105, 249 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1025 ; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, reprint Genève 1979, p. 178; A. Hartmann, Die Amerbach Korrespondenz, t. I, Bâle, 1942, p. 151,184 et s., 193, 199, et 226 ; B. Lins et M. Bihl, Analecta franciscana, Quaracchi 1946, t. VIII, p. 694, 773, 827, 846-848; R. Friedel, « Zabern », in Alemania franciscana, t. II, 1958, p. 108, 133, 135 ; O. Herding, J. Wimpfeling und B. Rhenanus, Das Leben von Geiler von Kaysersberg, Munich, 1970, p. 85.

† Francis Rapp (2002)