Duc de Wurtemberg (★ Riquewihr 7.2.1487 † Tübingen 6.11.1550; inhumé dans la Stiftskirche). Son enfance se déroula sous le signe de deux tragédies familiales: sa mère Else von Zweibrücken-Bitsch mourut en couches à sa naissance (pierre tombale au Musée lapidaire de Riquewihr) et son père, Heinrich von Württemberg, devenu fou, fut enfermé en 1490. En 1503, Württemberg succéda à son oncle Eberhard II, après une régence de cinq ans. Son mariage avec Sabina von Bayern (1511), fille d’Albrecht IV, qui devait assurer l’influence des Habsbourg sur le duché, fut, en dépit de la naissance de deux enfants, Anna (1513-1530) et Christof (1515-1568), un véritable fiasco et entraîna Württemberg dans une tourmente politique. Les
énormes dépenses qu’engagea celui qui n’était plus, dès lors, le protégé du duc de Bavière le contraignirent à pressurer les paysans qui se révoltèrent en 1514. Pour mater cette insurrection, il dut faire à Tübingen d’importantes concessions aux États provinciaux. N’hésitant pas à éliminer physiquement ses adversaires –affaire Hans von Hutten –, il réussit à surmonter les deux mises au ban de l’Empire que Maximilien Ier décréta contre lui. À la mort de ce dernier, Württemberg voulut en 1519 s’emparer de Reutlingen, ce qui lui valut les représailles de la Grande ligue de Souabe qui le chassa du trône. Ferdinand, le jeune frère de Charles Quint, prit possession du duché (1520-1534) que Württemberg chercha à reconquérir grâce à l’alliance du roi de France, François Ier, et de quelques villes de la confédération helvétique des huit cantons. En 1525, ce fut pourtant l’échec devant Stuttgart. C’est à Montbéliard, où il vivait exilé depuis 1519, que s’accomplit le tournant décisif de la vie de Württemberg : son choix en faveur de la Réforme, grâce à Guillaume Farel. Württemberg lia entre 1524 et 1526 son sort politique à celui du nouveau culte et se rangea sous la bannière du landgrave Philipp von Hessen, grâce auquel il reconquit le Wurtemberg à la bataille de Lauffen s/Neckar. en 1534 (traité de Caaden). Il chercha alors à assurer le triomphe politique de la Réforme sur ses terres dans la lignée de Luther : en 1536, il sécularisa les biens ecclésiastiques, en 1536-1537, il réorganisa l’Université de Tübingen, qui eut désormais pour tâche de former des pasteurs. Dix ans plus tard, c’est le domaine de l’éducation qui était réorganisé pour être mis au service de la Réforme. Pris alors dans les alliances qui le liaient à Philipp von Hessen contre Charles Quint (Ligue de Smalkalde), Württemberg fut entraîné dans la défaite des princes protestants à Mühlberg et dut accepter l’occupation d’une partie du duché ainsi que de graves dommages de guerre (1547). Le Wurtemberg fut alors soumis à l’Interim d’Augsbourg, qui entraîna l’exode de nombreux pasteurs. En
dépit de son habileté manœuvrière, Württemberg ne put améliorer la situation de son duché avant sa mort (1550) et y assurer le destin du luthéranisme, ce que fit par la suite son fils Christof.
Das Haus Württemberg. Ein biographisches Lexikon, sous la dir. de S. Lorenz et de D. Mertens, Stuttgart-Berlin-Cologne, 1997, p. 103-106.
André Hugel (2002)
