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WURM von GEUDERTHEIM Mathias ou Mathis le Jeune

Pamphlétaire, (C, puis PI) (★ vers 1485-1490 † après 1529). Fils de Mathis Wurm l’Ancien, secrétaire de la chancellerie impériale sous Frédéric III et Maximilien et seigneur de Geudertheim, et de Barbara Steinbock. ∞ à Strasbourg Aurelia Trachenfels, veuve de Wolf Ryff, remariée avec Goerg Juncker von Geudertheim ; 2 filles. Wurm père fut très probablement l’anonyme appelé I’Oberrheinischer Revolutionär, auteur du Buchli der hundert capiteln mit XXXX statuten, célèbre manuscrit écrit entre 1490 et 1510 environ et prônant une réforme générale de l’Empire; les années de jeunesse de son fils restent inconnues, mais on peut supposer qu’il bénéficia d’une bonne éducation générale, avec des notions assez approfondies de droit et de théologie, qui allaient notamment lui servir lors de ses longs démêlés avec le couvent strasbourgeois de Saint- Nicolas-aux-Ondes, où sa sœur Anna était entrée avant 1512. En effet, à partir de 1511-1512, le couvent, pour des raisons ignorées, refusa de verser le cens dû aux frères Wurm pour des propriétés situées à Geudertheim ; il y eut procès et, les Wurm n’obtenant pas gain de cause, refusèrent à leur tour, en 1517, de payer la pension annuelle promise lors de l’entrée de leur sœur au couvent. L’affaire fut portée devant l’officialité épiscopale avec menace d’excommunication pour les frères Wurm. Bientôt la Ville et l’empereur durent s’en mêler en 1521 et un arbitrage du Sénat strasbourgeois permit sans doute l’année suivante de régler le premier litige. Mais le second continuait et l’official Jacob von Gottesheim © fit prononcer l’excommunication mineure à l’encontre de Wurm. Celui-ci répliqua cette fois par un pamphlet, Balaams Eselin, dans lequel l’auteur, s’assimilant à l’ânesse du devin moabite Balaam (Nombres 22, 22) qui essaya de détourner son maître (désigné ici comme Gottesheim, représentant de l’Église officielle) du mauvais chemin, dénonce de façon très argumentée les abus de l’excommunication et le statut privilégié du clergé qui devrait relever de l’autorité civile en ce qui concerne les affaires temporelles; venant à son heure, le pamphlet eut un grand succès, dont témoignent ses rééditions à Strasbourg et ailleurs. Wurm ne s’en tint pas là et fit éditer l’année suivante un placard contre son excommunication qu’il remit à un notaire au presbytère de Matheus Zell ©. Entre-temps, voulant amener sa sœur à quitter le couvent, il rédigea deux écrits sur les vœux monastiques dont le plus long, Trost Clostergefangener, avec une préface dédiée à Eckhart zum Trübel ©, lui-même père de deux religieuses, est un traité abondamment nourri de citations bibliques visant à prouver la fausseté et le danger de la vie monastique. Malgré ses tentatives répétées entre 1522 et 1523 de convaincre sa sœur de quitter le couvent, celle-ci refusa à plusieurs reprises et ce n’est qu’en 1525 qu’elle en sortit, sans qu’on en connaisse la raison exacte. On ignore également l’issue du procès. Entre 1524 et 1525, Wurm publia encore quatre pamphlets, tous dirigés contre le curé de Geudertheim, Jacob Kornkauff, fidèle à l’ancienne foi, et qui le traitait de « docteur allemand ». Il s’agit d’attaques en règle contre l’ensemble des pratiques ecclésiastiques, mais aussi d’analyses théologiques sur les problèmes des œuvres et de la prédestination. Enfin, Wurm fut mêlé, en partie sans doute à son corps défendant, à certaines péripéties de la guerre des Paysans, après laquelle il adressa un mémoire au bailli de Haguenau pour répondre aux accusations de complicité dont il était l’objet et, en 1528 encore, la Ville de Strasbourg dut prendre sa défense contre l’évêque. En fait, il fut visiblement tiraillé entre sa sympathie pour certaines revendications paysannes et son indignation devant l’intervention d’Antoine de Lorraine d’une part et sa fidélité à la Ville de Strasbourg décidée à rester neutre dans l’affaire d’autre part. Défenseur de la légitimité des autorités civiles devant les chefs des insurgés, il leur
conseilla de rentrer chez eux avant la tragique affaire de Saverne. La dernière source le concernant date du 9 novembre 1529 : c’est un rapport dans lequel il se qualifie de Befelchhaber und houptmann à la tête d’un contingent strasbourgeois à Rothenbourg (ob der Tauber ?), sans que le but de cette expédition soit précisé. Sa trace se perd ensuite. Il avait été, avec son frère Wolff, inféodé en 1521 de la moitié de Geudertheim.

Ouvrages imprimés: Balaams Eselin, Strasbourg, héritiers Schürer, 1523 ; Ain christlich schreiben so ein evangelischer bruder seiner schwester ainer closterjunckfrawen zugeschicket, Strasbourg, début 1523 ; Appellation… von dem ungrundten bann…, Strasbourg, J. Prüss le J., après le 29 juin 1523 (placard) ; Trot Clostergefangener… Strasbourg, J. Prüss le J., août 1523. Autre édition la même année chez J. Schwan ; Christenlich kurtz Vermanung…, Strasbourg, J. Schwan, 1524; Christlicher Bericht und Vermanung…, Strasbourg, J. Schwan, 1524; lesus. Uszlegung der gschrifft : Im anderen Capitel S. Jacobs Epistel…, Strasbourg, héritiers Schürer, 1524; Verantwortung uff das dass… Jacob Kornkauff gesagt hat…, Strasbourg, J. Schott, 1525.

Sources manuscrites : Darmstadt, Hauptstadtsadtarchiv, Hanau-Lichtenberg D 21 A/13/6, fol. 1r-24r : Das dorff buch, recueil de règlements pour le village de Geudertheim, en grande partie de la main de Mathias Wurm le Jeune (entre 1513 et 1521). À ce propos, lettre de Wurm au comte Jacob von Zweibrücken (Deux-Ponts) : Archives départementales du Bas-Rhin, E 1686, fasc. 2. Archives municipales de Strasbourg, série II 7 (VDG 38) /21 et II 39 (VDG 59)/26 (procès avec le couvent de Saint-Nicolas-aux-Ondes) – série II 7/21, f° 39 (placard du 29 juin 1523); AA 410, fol. 71 (rapport de 1529).

B. Hertzog, Edelsasser Cronick…, livre VI, p. 216; T. W. Roehrich, Mittheilungen aus der Geschichte der evangelischen Kirche des Elsasses, III, 1855, p. 6-18; J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben des sechtzehnten Jh. nach Stra?burger Originalen, t. I, 1902, p. 39 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1018 ; G. Franz, Der Deutsche Bauernkrieg. Aktenband, Munich-Berlin, 1935, p. 209-215 (mémoire justificatif de Wurm à la suite de la guerre des Paysans) ; Th. Brady, Ruling Class, Regime and Reformation at Strasbourg 1520-1555, Leiden, 1978, p. 306 ; M. Usher-Chrisman, Lay culture, learned culture… 1480-1599, New Haven, 1982, p. XXVI ; idem, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, 1982, p. 395 (index) ; J. Rott, « De quelques pamphlétaires nobles: Hutten, Cronberg et Mathias Wurm de Geudertheim », Grandes figures de l’humanisme alsacien, Strasbourg, 1978, p. 139-145, repris maintenant : J. Rott, investigationes historicae. Églises et société au XVIe siècle, Strasbourg, 1986, tome II, p. 579-585 ; K. Lauterbach, « Der Oberrheinische Revolutionar und Mathias Wurm von Geudertheim. Neue Untersuchungen zur Verfasserfrage », Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters, vol. 45, 1989, p. 109-172; M. Usher-Chrisman, Conflicting Visions of Reform. German Lay Propaganda Pamphlets 1519-1530, New Jersey, 1996, p. 288 (index).

Frank Muller (2002)