Ecclésiastique († Fribourg, Suisse, 11.4.1404). Ce membre de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean fut le premier commandeur de la communauté de 12 religieux auquel Rulman Merswin © confia le soin d’assurer les offices dans sa fondation de l’île Verte (Grüner Werd) en 1371. Nous ne savons rien de ses origines; il y avait à Strasbourg une maison dite zu dem Wolfach ; en 1369, un habitant d’Erstein transmit une rente au futur commandeur de l’île Verte; une certaine Agnese von Wolfach fit un don de dix sous de rente pour qu’un anniversaire fût célébré dans la communauté du Grüner Werd ; était-ce une parente de Wolfach ? Celui-ci pourrait aussi bien être originaire de la localité badoise dont il portait le nom. Wolfach semble s’être acquitté de sa tâche avec beaucoup de zèle. Il mit tous ses soins à constituer la bibliothèque du couvent ; il acheta des volumes à l’abbaye de Baumgarten qui, de cette façon, essayait de renflouer ses finances; en 1386, il fit don des ouvrages qu’il avait payés de ses deniers : des recueils de sermons mais aussi la Somme de saint Thomas et la Bible. Il se rangea à l’avis du grand prieur, Conrad von Brunsberg, lorsque celui-ci, d’abord indécis, finit par prendre parti pour le pape d’Avignon Clément VII, en 1380. Mal lui en prit : en 1390, un étrange personnage, Johannes Malkaw, une sorte de tribun, prédicateur itinérant, vint à Strasbourg et y fit campagne pour le pape de Rome, Urbain VI et contre Clément VI. Il fit tant et si bien que la foule surexcitée se rua sur la commanderie de Saint-Jean qui passait pour le plus solide bastion des clémentistes à Strasbourg. Wolfach dut prendre la fuite. D’après le secrétaire de Merswin et le continuateur de son œuvre, Nicolaus von Löven (ou de Laufen), il gagna la Suisse et resta un an à Fribourg ; très affecté par son aventure, il se serait mis à chercher l’Ami de Dieu, sans parvenir à le rencontrer. Si Nicolaus est bien le créateur de la figure mythique du Gottesfreund, ses dires sont sujets à caution. Wolfach rentra-t-il à Strasbourg? Il ne semble pas y avoir repris ses anciennes fonctions, car dès 1392, celles-ci sont détenues, d’après les documents, par Erhard Thomas. Wolfach revint en 1399 à Fribourg, cette fois pour y être institué frère, c’est à dire conventuel alors qu’il n’avait été qu’hôte après 1390.
M. Jouanny, Les Hospitaliers en Basse Alsace, thèse de l’École des Chartes 1931 (manuscrit au Archives municipales de Strasbourg) ; H. Haupt, « Johannes Malkaw aus Preussen und seine Verfolgung durch die Inquisition in Strassburg u. Köln », Zeitschrift fur Kirchengeschichte, 1884, p. 323 et s.
† Francis Rapp (2002)