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WOLF Lazare

Éditeur, directeur d’une maison de musique et organisateur de concerts (★ Strasbourg 5.9.1852 d. Strasbourg 22.6.1908). Fils de Seligmann Wolf ©. ∞ 6.4.1886 Berthe Didesheim (★ 22.6.1865 d. 14.10.1929) ; 2 enfants. Après avoir travaillé aux éditions Durand à Paris, il prit la relève de son père et développa considérablement l’établissement de la rue de la Mésange qui comprenait des magasins, des bureaux, des dépôts d’instruments et une immense bibliothèque musicale. En effet, à la vente des partitions de musique dans tous les genres – opéras, opérettes, romances, duos, chansons, air de danses, musique de chambre ou d’ensemble –, il adjoignit celle des instruments de musique. Malgré des droits de douane prohibitifs, les partitions et les instruments de musique fabriqués en France trouvèrent accès sur le marché allemand. Il fut dans l’animation de la vie musicale à Strasbourg un Européen avant la lettre. En 1884 déjà, Hans von Bülow, chef d’orchestre, écrivait à Wolf qu’il était possible de présenter à Strasbourg les œuvres les plus difficiles devant le public le plus averti et qu’on ne pouvait « infliger à Strasbourg les douches symphoniques applicables – et déjà appliquées – à des villes voisines bien plus provinciales que la résidence de sa très sublime Majesté, la plus belle cathédrale des bords du Rhin». Les « douches » dont parlait Bülow, c’était Brahms, Wagner ou Bruckner, la « musique contemporaine » du XIXe siècle finissant. En 1895, grâce à l’impulsion de Wolf, trois grands orchestres européens vinrent donner chacun deux concerts à la faveur de l’Exposition industrielle et artisanale en mai et en juin à Strasbourg : la Philharmonie de Berlin dirigée par Manstatt, la Scala de Milan dirigée par Vanzo et l’orchestre Colonne sous la direction d’Édouard Colonne. L’idée d’organiser des fêtes musicales annuelles se concrétisa. Ainsi Édouard Colonne revint avec son orchestre dès l’année suivante. En 1897, ce fut le retour de la Philharmonie de Berlin avec Nikisch. Puis ce fut le tour des concerts Lamoureux en 1900, 1904 et 1906. En 1905, Richard Strauss retrouva Gustave Mahler en compagnie de sa femme Alma dans le magasin de Wolf, encombré de pianos, pour jouer et chanter sa dernière œuvre, Salomé, qu’il découvrait ainsi en priorité. La ville de Strasbourg enregistra au même moment son premier festival international avec Richard Strauss et Gustav Mahler qui dirigèrent leurs œuvres de même que celle de Wagner, Weber, Brahms et Beethoven. Ernest Münch © prépara l’orchestre municipal et des chœurs pour cette manifestation. Selon le vœu commun de Hans von Bülow et de Wolf, la capitale alsacienne était bien qualifiée pour l’organisation de grandes manifestations musicales à rayonnement international.

Journal d’Alsace du 25.6.1895 ; Strassburger Neueste Nachrichten n° 145 du 23.6.1908 ; L’Organe national n° 9, Nancy, 1924; Gustave Wolf vu par quelques amis 1889-1960, Limoges, sd (1961), portrait p. 8 et p. 9-10; Encyclopédie de l’Alsace, V, 1983, p. 2973; G. Honegger, Sur la trace de musiciens célèbres à Strasbourg 1524-1939, Strasbourg, 1988, p. 8 ; H. Lapp, Livre d’or du Festival de musique de Strasbourg, Strasbourg, 1989, p. 14, 17, 20 ; M. Geyer, La vie musicale à Strasbourg sous l’Empire allemand (1871-1918), coll. « Recherches et documents », t. 64, Strasbourg, p. 139, 144-146.

Jean Daltroff (2002)