Éditeur, organisateur de concerts (★ Strasbourg 17.3.1889 d. Paris 8.3.1960). Fils de Lazare Wolf ©. ∞ 25.2.1927 à Paris Françoise Hinstin; 2 fils. Avec son frère Roger © 3, il prit la succession de l’affaire familiale et modernisa la maison S. Wolf. Il développa l’entreprise au fur et à mesure de l’évolution des technologies: premiers enregistrements phonographiques avant 1914, TSF à partir de 1927. La maison Wolff ne se borna pas à être le représentant pour l’Alsace des meilleures marques de pianos français, Pleyel, Gaveau, Erard, etc., elle fabriqua elle-même des pianos sous son nom. Elle livrait aussi tous les instruments à cordes et à vent. Enfin, une section spéciale de ses rayons comportait les phonographes Pathé, puis les tourne-disques et un assortiment considérable de disques et de partitions de musique. La maison S. Wolff ne resta pas limitée à son cadre géographique strasbourgeois. À Mulhouse, une succursale fut ainsi installée et, dans les années 1920, les frères Wolf reprirent à leur nom l’importante maison de pianos nancéienne « Schuller-Lacombe ». À partir de 1919, comme organisateurs de concerts, ils réussirent à attirer à Strasbourg pour des récitals non seulement les plus grandes vedettes du piano, du violon et du chant, mais encore, l’orchestre des concerts Colonne, avec Gabriel Pierné, l’orchestre Lamoureux avec Albert Wolff, la Société des concerts du Conservatoire avec Philippe Gaubert ainsi que d’illustres ensembles de musique de chambre. Ils créèrent un fonds de soutien pour l’accueil, en 1931, de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, dirigé par Bruno Walter qui, devant se rendre à Paris, offrait de s’arrêter à Strasbourg pour y donner également un concert. La réussite fut éclatante. Le 1er juillet de cette année, la représentation de l’Héroïque, de l’Inachevée, de l’Ouverture des Maîtres Chanteurs fut un triomphe. Le violoniste Charles Münch © fut Konzertmeister du Gewandhaus. En 1932, Wolf, prit l’initiative de soumettre à son ami, le professeur en dermatologie à la faculté de Médecine Louis-Marie Pautrier ©, – déjà président de la Société des amis du conservatoire – une liste de souscriptions lui suggérant de s’en servir pour fonder la Société des amis de la musique de Strasbourg dont il prendrait la présidence et dont la mission serait d’organiser dans la capitale alsacienne un festival annuel d’un grand rayonnement comme il n’en existait alors qu’à l’étranger (Salzbourg, Bayreuth, entre autres). Le premier Festival de musique de Strasbourg fut ainsi inauguré le 29 avril 1932 au Palais des fêtes par l’orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Wilhelm Furtwängler. En 1933, Yehudi Menuhin donna son premier concert en même temps qu’apparaissait à Strasbourg le trio Cortot-Thibault-Casals. En 1939, Georges Enesco et Alfred Cortot offrirent une soirée de sonates et Fritz Münch © la Messe en si de J.-S. Bach. Pendant la Deuxième Guerre mondiale et après la séquestration de ses biens, Wolf se replia à Limoges. Il s’apprêtait à rentrer à Strasbourg, quand il fut arrêté par la Gestapo et incarcéré. Il dut son salut à l’intervention de son compatriote, le préfet Marc Freund-Valade ©. Après la Libération, il revint à Strasbourg et reprit sa place au sein de ses entreprises. Le Comité du Festival de Strasbourg l’appela pour l’édition 1947 au poste de secrétaire général de la Société des amis de la musique de Strasbourg. L’aura dont bénéficiait le professeur Pautrier dans la société strasbourgeoise, l’expérience d’organisateur de concerts de Wolf, ainsi que ses relations avec les artistes les plus renommés leur donnaient tous les atouts de la réussite. Dès 1947, à nouveau 500 souscripteurs manifestèrent l’attachement des mélomanes strasbourgeois à « leur festival ». La nouvelle structure étant installée, la musique put reprendre ses droits. Wolf fut aussi, des années durant, président de la Société de musique de chambre de Strasbourg. Chevalier de la Légion d’honneur.
L’Organe national, n° 9, Nancy, nov.1924 ; Festival de musique de Strasbourg 1932, Société des amis de la musique de Strasbourg, Strasbourg, 1932 (programme) ; « Les origines proches et lointaines du Festival de musique de Strasbourg le plus ancien des festivals français », Magazine Ringier, Alsace et Moselle, n° 7, Saint-Louis, 13.2.1960, p. 5-6 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 9.3.1960; Gustave Wolf vu par quelques amis 1889-1960, Limoges, sd (1961), p. 2-24 ; G. Samazeuilh, « Festivalia », Journal de Vichy, 1962, p. 24 ; Encyclopédie de l’Alsace, V, p. 2973 ; H. Lazare, « Festival de la musique de Strasbourg, Jubilé 1932-1982 », La Société des amis de la musique, Strasbourg, 1982, p. 19 ; G. Honegger, Sur la trace de musiciens célèbres à Strasbourg 1524-1939, Strasbourg, 1988, p. 87 ; H. Lapp, Livre d’or du Festival de musique de Strasbourg, Strasbourg, 1989, p. 19-21 et 47.
Jean Daltroff (2002)