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WOL(C)KENSTEIN (WOLKENSTEIN) David (dit NEPHELIUS)

Mathématicien et musicien (★ Breslau (Wroclaw), Silésie, 19.11.1534 † Strasbourg entre 10 et 12.9.1592). ∞ 18.5.1585 à Strasbourg, Saint-Pierre-le-Jeune, Cunegund, veuve de Hans Kapfer, secrétaire de Lazare de Schwendi ©. Élève du mathématicien Elias Camerarius à Francfort sur l’Oder, Wolkenstein fut immatriculé à l’Université de Wittenberg le 14 mars 1555, puis précepteur du prince Otto Heinrich von Braunschweig-Lüneburg, à la suite du postevacant laissé par le décès de Hans Bruno en 1571. Conrad Dasypodius ©, trop accaparé par ses activités au sein de la Haute École de Strasbourg et n’arrivant pas à achever la réalisation de la nouvelle horloge astronomique de la cathédrale, commencée vers 1547, fit venir à ses frais Wolkenstein, un mathématicien de talent. Celui-ci, résidant à Augsbourg, arriva à Strasbourg en 1572 pour mener à bien l’ensemble des calculs. Dasypodius, qui lui accorda la moitié de ses honoraires, le reconnaît lui-même en page 24 dans sa brochure intitulée Warhafftige Auszlegung des Astronomischen Uhrwercks zu Stra?burg beschrieben durch M. Cunradum Dasypodium, der solches… anfenglichs erfunden, imprimée à Strasbourg en 1578. Les travaux menés avec succès par Wolkenstein permirent à celui-ci de faire reconnaître ses mérites et d’obtenir sa nomination comme paedagogus et prédicateur le 8 avril 1574 par les scolarques en tant que deuxième professeur de mathématiques de l’Académie de Strasbourg, aux côtés de Conrad Dasypodius. Les cours de cette matière étaient avant tout marqués par un traditionalisme de principe qui n’accordait pas à la pensée scientifique une place très éminente. Le 5 juillet 1577, Dasypodius tenta d’obtenir une rémunération complémentaire pour les difficultés rencontrées dans la réalisation du mécanisme de l’horloge astronomique en rappelant la participation de Wolkenstein, mais le receveur de l’Œuvre Notre-Dame récusa les prétentions formulées. Wolkenstein manifesta des talents de metteur en scène et monta la pièce de Médée du répertoire d’Euripide qui fut jouée au théâtre de l’École le 28 juin 1576, dans la foulée des festivités qui ont marqué l’exploit des Zurichois amenant une bouillie de mil encore chaude. La destitution de Johann Sturm © par le Magistrat en 1581 suscita une vive controverse au cours de laquelle Wolkenstein se rangea du côté du recteur déchu avec deux autres professeurs et cinq précepteurs. Obligé de se défendre, il protesta énergiquement en rappelant, le 7 décembre 1581, qu’il n’était pas calviniste et qu’il avait fait ses études à Wittenberg, tout comme Jean Marbach ©. Malgré ses démêlés confessionnels, il fut néanmoins nommé le 12 février 1586 professeur de mathématiques, fonction qu’il finit par abandonner le 23 novembre 1590. Excellent musicien, Wolkenstein avait été nommé maître de chapelle à l’église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg le 12 août 1579. Il poursuivit une activité musicale importante en composant différentes œuvres religieuses. On lui doit notamment le carillon de l’ancienne horloge astronomique de 1574.

Selon certains auteurs, Wolkenstein aurait occupé un poste de cantor (Blankenburg) ou de Musicae director (Vogeleis) à Strasbourg. Ces affirmations relèvent sans doute de confusions dues à ses activités d’enseignement en mathématique, de compositeur et de théoricien de la musique. En effet, en quelques années seulement, Wolkenstein donna à Strasbourg un corpus complet de musique religieuse en mettant en polyphonie l’ensemble des mélodies religieuses utilisées dans les écoles et dans les églises de la ville. Il publia ainsi successivement (chez l’éditeur Niclaus Wyriot, qui publia également de nombreuses œuvres de Lassus) les Psalmen mit vier Stimmen zu singen in den Kirchen und Schulen zu Strassburg (1577), les Psalmen für Kirchen und Schulen uff die gemeine Melodejen syllaben weiss für vier Stimmen gesetzt (1583), et Die Teutsche Litanej. Für Kirchen und Schulen zu vier Stimmen gesetzt (1583). Un autre volume attesté de pièces (Primum volumen scholarum Argentoratensium, 1585) est perdu. L’évolution entre le volume de 1577 et ceux de 1583 est frappante : par rapport aux psaumes contrapuntiques de 1577 – avec la mélodie au ténor –, ceux de 1583 semblent se plier aux théories d’Osiander en adoptant un contrepoint simplifié – avec le plus souvent la mélodie au-dessus – peut-être influencé par l’exemple français de Goudimel. Ces pièces, auxquelles viendra s’ajouter la publication de facture bien moins élaborée des Kirchengesäng,
Psalmen und geystliche Lieder de Cornelius Sigefrid (Strasbourg, 1602 et 1605) constituent un large ensemble de musique religieuse polyphonique à l’usage des églises de Strasbourg de 1577 aux publications similaires de Walliser © (1614 et 1625). Les psaumes de Wolkenstein restèrent en usage jusque vers la fin du XVIIe siècle comme l’attestent plusieurs inventaires strasbourgeois. Wolkenstein compléta également l’édition strasbourgeoise (1592) du Compendium musicae in usum academiae argentoratensis de Heinrich Faber (1534) par des pièces musicales à 3 et 4 voix.

Œuvres : Harmonia Psalmorum Davidis quatuor vocum. Argentorati, apud Nicolaus Wyrioth, 1583 in 4°; Wolkenstein David. Psalmen. Für Kirchen vn Schulen auff die gemeine Melodejen syllaben weiss zu vier Stimmen gesetzt : Durch M. D[avid] Wolkenstein von Bresslaw. Gedruckt zu Strassburg bey Niclausz Wyriot. M. D. LXXXIII ; Beschreybung des Astrolabiums und des gantzen Werckhs Nutz und gebruch uff das Kürtzest, Strasbourg, 1588 ; Descriptio astronomico horologli. David Wolkenstein Vratislaviensis Silesius mathematum professor : et Chori Musici praefectus, in Argentoratensium academia Honestissimo et integerrimo Viro : Dn. Georgio Zolchero, amicitiae et observantiae ergo describebat Anno Dni 1590. XIX Februaruii.

Archives municipales de Strasbourg, Fonds Eugène Wagner, Aktenmaterial zu einer Geschichte der Protestantischen Kirchenmusik in Stra?burg von 1524-1681, aus den Quellen geschöpft (avec la transcription des principales œuvres de Wolkenstein.) ; Archives municipales de Strasbourg, II 46 n° 35; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, 1892 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1011 ; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 328, 347, 371 ; E. Wagner, ms VI, p. 1195-1316 (Archives municipales de Strasbourg) : H. Riemann, Musiklexikon (supplément), Mayence, 1975; A. Schindling, Humanistische Hochschule und freie Reischsstadt : Gymnasium und Akademie in Strassburg 1538-1621, Wiesbaden, 1977; R Schang et G. Livet, Histoire du Gymnase Jean Sturm, Strasbourg, 1988, p. 66, 98 et 102 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 5740 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7807 ; The new Grove Dictionnary of Music & Musicians, vol. 20, p. 511 ; J.-L. Gester, La musique religieuse à Strasbourg au XVIIe siècle, Presses Universitaires de Strasbourg, 2001 ; M. Rössler, « Gesangbuch », Die Musik in Geschichte und Gegenwart, Sachteil, vol. III, col. 1302.

Jean-Luc Gester et Jean-Paul Lingelser (2002)