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WITTMER Charles Jean

Historien et archiviste, (C) (★ Colmar 29.3.1901 † Strasbourg 15.4.1974). Fils de Charles Wittmer, teinturier, et de Catherine Collinet. ∞ 21.8.1941 Anna Martha Wodli (★ SouItz-sous-Forêts 2.7.1908 † Strasbourg 7.2.1995), institutrice. Il fit des études secondaires au Gymnasium de Colmar et après l’Abitur poursuivit sa formation aux Universités de Strasbourg (1922-1923), Paris (1923-1924), Caen (1924-1926), Bâle (1928-1930) et Fribourg, Suisse (1931-1932), se spécialisant dans les langues anciennes, la sigillographie et la numismatique. Ses longues études furent interrompues par son service militaire qu’il effectua au 3e Zouaves à Constantine de mai 1926 à novembre 1927. Il commença parallèlement l’enseignement de l’histoire de la géographie aux collèges de Caen de 1924 à 1928 et de Colmar de 1928 à 1930. Il termina ses études d’histoire en soutenant à Fribourg en 1933 sa thèse de doctorat, consacrée à l’obituaire des Dominicains de Colmar, publiée en 1934. La même année, il fut nommé archiviste aux Archives de la Ville de Strasbourg pour continuer la publication de l’Urkundenbuch. Il s’intéressa spécialement à la sigillographie, à la numismatique, à la médecine et aux institutions artisanales. Il fut en particulier nommé, en 1936, conservateur du Cabinet numismatique municipal. La Deuxième Guerre mondiale le vit mobilisé dès ses débuts.

Il rentra en été 1940 en Alsace occupée et reprit ses fonctions aux Archives de la Ville. En 1941, alors qu’il venait de se marier, le poste de bibliothécaire de la Ville de Colmar qui était alors vacant lui fut offert. En effet, le titulaire ayant quitté son poste, le chef du service d’alors voulut éviter à tout prix que ce fût un Allemand qui prît la place. Il hésita à l’accepter, mais céda aux instances de ses amis, car il était urgent de préserver les fonds précieux et spécialement les publications françaises très nombreuses. Entré dans ses nouvelles fonctions le 1er octobre 1941, celles-ci n’étaient ni aisées, ni agréables, les bibliothèques étant destinées, dans l’Alsace annexée de fait, à être un instrument de propagande nazie. Profondément Alsacien, Wittmer « navigua » au mieux des intérêts de sa ville natale pendant ces temps troublés et, grâce à ses vigilants efforts, aucun des livres de la bibliothèque ne fut en définitive perdu dans la tourmente. Bien plus, il dissimula au sein de l’institution municipale, les bibliothèques privées des expulsés afin d’éviter leur destruction, dont celles, particulièrement riches, du procureur Fernand Heitz © et de Félix Schaedelin ©.

À la fin de son détachement, le 20 avril 1945, il reçut les remerciements personnels du maire Richard © pour avoir toujours veillé à la sécurité des principales œuvres de la bibliothèque. N’ayant été l’objet d’aucune critique pour son activité à Colmar, dès le 2 mai 1945, il reprit son poste d’archiviste de la ville de Strasbourg. Il publia alors plusieurs ouvrages dont il avait réuni les éléments durant les années précédentes : l’Inventaire des sceaux des Archives de la ville de Strasbourg (1946), puis, avec la collaboration de Ch. Meyer, des Frères de Matzenheim, le plus ancien Livre de bourgeoisie de la Ville de Strasbourg, allant de 1440 à 1530, en trois volumes (1954-1961). Pour Colmar, restant sur la lancée des obituaires, il fit paraître L’obituaire des Dominicains d’Unterlinden (1946) et le Jahrzeitregister von Sankt Martin zu Colmar (1391-1539). Il faut y ajouter une Liste des obituaires alsaciens, parues dans le Bulletin philologique en 1953. De plus en plus cependant, son activité scientifique se concentra sur Strasbourg. Il y joua un rôle important dans les comités des différentes sociétés savantes de la région (Société des archives de l’Église d’Alsace, Société pour la conservation des monuments historiques de l’Alsace) et fit paraître de nombreuses études dans leurs diverses publications de même que dans l’Annuaire de Colmar dont il fut, avant la guerre, un des fondateurs. En même temps, il fut le secrétaire de l’Association des archivistes et bibliothécaires municipaux d’Alsace. Il s’attacha surtout, en compagnie de ses vieux amis Joseph Zell © et Georges Franckhauser ©, à la création en 1956 de la Société des amis du Vieux-Strasbourg pour laquelle il fut longtemps un vice-président aussi actif qu’attentionné. Après des années de préparation et d’espoirs souvent déçus, il eut la satisfaction de pouvoir publier un premier annuaire en 1970, puis de participer à la rédaction de ceux qui allaient suivre.

Il fut également un conférencier très écouté et renommé, principalement auprès des instituts culturels en Allemagne, des universités populaires, de même qu’un guide plein d’une convaincante autorité. Il collabora activement à différents journaux, tels que Honneur et Patrie, puis au Nouvel Alsacien où il publia de longues séries d’articles historiques. Profondément croyant, il jouissait d’une grande popularité dans les milieux catholiques.

Nouveau Rhin Français du 28.3.1951 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 28.1.1955 et 17.4.1974; Le Nouvel Alsacien des 29.3.1961, 1.7.1967, 17.4.1974; Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1974 ; G. Knittel, « Nécrologie Dr Wittmer », Archives de l’Église d’Alsace, t. 23, nouvelle série, 1976-79, p. 273-275 (liste des publications).

† Lucien Sittler et † Georges Foessel (2002)