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WINKLER Charles (Karl)

Architecte, (C) (★ Dinkelsbühl, Bavière, Allemagne 31.10.1834 † Colmar 23.2.1908). Fils de Franz Winkler, Forstrat (administrateur des forêts), et de Joséphine Reinprechter. ∞ 1865 Louise Herrmann, fille du juge de paix Herrmann de Haguenau; 3 filles dont Marie Louise qui épousa le 9 avril 1890 à Colmar, Auguste Riegert ©, juge à Sainte-Marie-aux-Mines, maire de Colmar. Après des études d’architecture aux écoles polytechniques de Nuremberg et de Munich, il se rendit, avec l’agrément du gouvernement de Bavière, à Paris. À l’École des Beaux-Arts, il suivit des cours d’histoire de l’art et d’architecture et travailla dans l’atelier du célèbre architecte Jean-Baptiste Lassus. En 1859, il participa comme volontaire dans l’armée française à la guerre contre l’Italie. De 1861 à 1863, il fut employé par le génie militaire français comme ingénieur-topographe pour établir des projets de construction et des relevés des terrains des fortifications. En 1863, architecte du Gaz de Haguenau, il en construisit l’usine à gaz. En 1864, il acquit la nationalité française. La même année, il fut nommé architecte municipal de Haguenau. En novembre 1870, les ingénieurs des Ponts et Chaussées français refusant de servir sous les ordres de l’administration d’occupation allemande, Winkler postula pour la place d’ingénieur et fut nommé ingénieur des Ponts et Chaussées de Haguenau et Wissembourg, et des Travaux du Rhin. Winkler prit place dans la nouvelle administration des Travaux publics allemande dès 1872, mais fut muté sur Strasbourg comme architecte départemental (Landbaumeister). Il fut chargé de l’architecture publique, mais aussi du service des Monuments historiques. En 1874, le président supérieur von Moeller © demanda sa nomination comme Regierungs und Baurath du Land, ce qui lui aurait donné la direction de l’architecture publique et des Monuments historiques de l’Alsace-Lorraine. Le ministère refusa cette nomination, préférant un fonctionnaire prussien plus ancien, puis y faisant nommer l’architecte Olivier Pavelt, venu de Francfort-sur-le-Main.

Winkler donna sa démission pour se retirer à Colmar (1875) où il se fit inscrire comme architecte agréé (Bauinspektor), recommandé pour les constructions publiques. Sa démission provoqua pour son remplacement la nomination de F.-X. Kraus © comme conservateur des Monuments historiques (1874). Winkler en fut l’assistant : il dessina les croquis et plans de Kunst und Altertum im Elsass. Dès 1875, le président supérieur von Moeller le chargea de la surveillance, de la conservation et de la restauration des monuments historiques pour le Haut et le Bas-Rhin (arrêté du 16 juin 1875). Membre depuis 1865 de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, il entra à son comité en 1874 et en démissionna en 1879 à la suite d’un vif désaccord avec le chanoine Straub © et les architectes Petiti © et Ringeisen © sur la restauration des peintures de l’église de Hunawihr. Il y revint en 1884: entre temps, le chanoine Straub avait succédé à Kraus qui avait été nommé conservateur. Winkler fut nommé membre de la commission des Monuments historiques du Land, nommée à la suite du vœu du Landesausschuss de 1882, et présidée par le chef du service de l’architecture publique du Land, le Ministerialrat Olivier Pavelt. Y furent examinés en particulier, les projets de Winkler, de restauration de l’Hôtel de Ville d’Ensisheim (1883), de la tour de l’église de Wissembourg (1883), de Sainte-Foy de Sélestat (1887). À la mort de Straub, Winkler fut nommé conservateur des Monuments historiques pour l’Alsace. Il publia avec l’instituteur Gutmann un petit guide des antiquités régionales Leitfaden zur Erkennung der heimischen Altertümer, destiné à sensibiliser le grand public aux indices de sites archéologiques et à alerter les conservateurs locaux  (Denkmalpfleger) désignés alors (1895). Ce fut Winkler qui fut chargé de préparer le nouveau classement des Monuments historiques d’Alsace-Lorraine arrêté en décembre 1898, qui porte le nombre de monuments classés de 44 à 111. Winkler fut remplacé à la suite d’une réorganisation du service des Monuments historiques-Denkmalpflege par Felix Wolff ©. Il continua de participer au comité de la Société des monuments historiques jusqu’en 1904. Il présida la Société Schongauer de 1904 à sa mort, succédant à J.-B. Fleurent ©.

À cause du grand nombre d’églises qu’il a élevées ou restaurées en Alsace, Winkler fut parfois dénommé le Viollet-Le-Duc alsacien. Pour nombre de ses constructions religieuses, il s’inspira des formes stylistiques régionales. Comptent comme ses principaux travaux, l’église néogothique mémoriale de la paix de Froeschwiller, objet d’un intérêt particulier de l’empereur Guillaume Ier et du Kronprinz Friedrich Wilhelm (1872-1876), la restauration de l’église d’Ottmarsheim édifiée sur le modèle de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle (depuis 1875), la restauration et le soi-disant « achèvement » de l’église paroissiale Saint-Thiébaut de Thann (1875-1895), l’agrandissement de l’église paroissiale Saint-Grégoire de Ribeauvillé (transept et chœur néogothiques, (1876-1877), la construction néo-gothique de l’église paroissiale de Morschwiller-le-Bas près de Mulhouse (1877-1878), la construction néogothique de l’église paroissiale de Mutzig (1879-1880), la « restauration complète », dans le style d’une cathédrale des Staufen, de l’ancienne église bénédictine Sainte-Foy de Sélestat (1879-1895), la restauration de l’église collégiale Saints-Pierre-et-Paul de Wissembourg jusqu’au renouvellement de la tour de croisée, la construction de l’église paroissiale néo-romane de Gueberschwihr avec l’insertion de la célèbre tour romane tardive de croisée (1882), la construction de l’église néoromane de pélerinage Saint-Morand près d’Altkirch (1884-1886), l’édification d’une chapelle néoromane en mémoire du lieu présumé de la naissance du pape Léon IX à Eguisheim (1886-1888), la construction de l’église de garnison Sainte-Geneviève à Mulhouse en style néogothique, la construction d’une église néogothique à Cernay autour de l’ancienne tour (1891-1899, reconstruite après la Première Guerre mondiale), la construction de l’église néogothique Saint- Joseph à Colmar (1896-1900), la construction de l’église paroissiale néoromane de Saint-Louis-lès-Bitche, Moselle (1897-1902). Pour les églises de Lapoutroie (plan 1894, réalisation 1911-12 par Charles Gerwig) et de Waldighoffen (1899-1900), Winkler réalisa des projets qui toutefois ne furent pas exécutés. L’activité de Winkler dans le domaine profane fut très réduite par rapport à l’importance de ses constructions religieuses. Bien qu’il ait participé aux plus importants concours pour l’édification des bâtiments officiels du nouveau centre d’activité et d’administration de la ville de Strasbourg, ses plans ne furent jamais primés. La seule construction civile importante de Winkler est la reconstruction en 1872-1873, de la façade du tribunal régional partiellement brûlée par les bombardements (ancien commissariat central, rue de la Nuée bleue). À Hindisheim, il acheva également la mairie-école commencée sur les plans de Beyer (1881). Winkler fut aussi l’auteur de nombreux projets de restauration, ainsi pour la reconstruction de la façade occidentale de la cathédrale de Strasbourg (1880) pour laquelle – en se référant à la cathédrale de Chartres – il proposa une tour sud dans un style gothique primitif formant contraste avec la tour nord. De même, il établit des propositions de restauration pour le Haut-Koenigsbourg (1874-1893), comme pour un grand nombre d’autres châteaux forts d’Alsace ainsi que pour l’Ancienne Douane de Colmar (1898).

Die Burgen im EIsa? jetzt und ehemals, Strasbourg 1878 ; Denkschrift zur Projektskizze für den Ausbau der Westfaçade des Munsters zu Strassburg, Strasbourg, 1880 ; Das Kaufhaus in Colmar, Colmar, 1898.

Archives départementales du Bas-Rhin, 87 AL 3291, Acta pers. betr. den Landbaumeister Winkler ; Geheimes Zivilkabinett n° 20815 ; Brief des Statthalters an den Kaiser du 25 octobre 1898 à propos d’une commande de projet ; Archives départementales du Haut-Rhin, nombreux plans et esquisses en microfilms; Archives épiscopales de Strasbourg; dossiers de Lapoutroie et Waldighoffen ; F. Wolff, Handbuch der staatlichen Denkmalpflege in EIsa?-Lothringen, Strasbourg, 1903, p. 14; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1005 ; Thieme- Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, 36, p. 67 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7760; N. Wilcken, Architektur im Grenzraum – Das öffentliche Bauwesen in Elsass- Lothringen, Sarrebruck, 2000, p. 279 et s.

François Igersheim et Niels Wilcken (2002)