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WIMPFELING (WIMPHELING) Jacob

Humaniste, théologien, historien, pédagogue, (C) (★ Sélestat 25.7.1450 † Sélestat 15.11.1528). Fils de Claus Wimpfeling ©. Études à l’école latine de Sélestat sous la direction de Ludwig Dringenberg ©. À la mort de son père (1463), Wimpfeling rejoignit pour quelques mois son oncle Ulrich © qui l’envoya faire des études à l’Université de Fribourg en Brisgau où il fut immatriculé le 30 octobre 1463. Parmi ses professeurs figurent le juriste Conrad Stürzel et Johann Geiler von Kaysersberg ©. Wimpfeling devint bachelier ès arts (1466). En 1469, la peste ayant obligé la fermeture de l’Université, Wimpfeling poursuivit ses études, d’abord à Erfurt (1469), puis à Heidelberg (1470), où il obtint le titre de maître ès arts (1471). Ensuite il étudia pendant deux ans le droit canon. À partir de 1476, il enseigna la littérature latine à la faculté des Arts de l’Université de Heidelberg, dont il devint le doyen (1479), le recteur (1481-1482) et le vice-chancelier (1482). Il écrivit en 1480 une pièce de théâtre Stylpho qu’il fit jouer par les étudiants de la faculté des Arts. Cette œuvre est considérée comme un des premiers drames joués dans le cadre scolaire. Wimpfeling suivit aussi des cours de théologie et obtint le grade de bachelier en théologie de l’Université de Heidelberg (1483) et de licencié en théologie (1484). À l’appel de l’évêque Ludwig von Helmstaedt, Wimpfeling accepta le poste de prédicateur à la cathédrale de Spire (1483-1498). Il continua durant toute cette période à s’occuper de littérature et de polémique. Il visita des couvents, consulta des bibliothèques et resta en relation avec de nombreux théologiens et humanistes. Le 9 juin 1494, Wimpfeling guida personnellement l’empereur Maximilien dans la visite de la cathédrale de Spire où figurent plusieurs monuments funéraires des Habsbourg.

Wimpfeling quitta Spire en 1498 pour entrer dans l’enseignement. Cependant, à la lecture des écrits de Pétrarque et à l’invitation de Geiler von Kaysersberg © et du chanoine Christoph von Utenheim ©, prévôt de Saint-Thomas de Strasbourg, il accepta l’idée de fonder à eux trois une communauté érémitique dans une vallée de la Forêt Noire. Wimpfeling passa à Soultz-les-Bains où il préfaça l’édition des œuvres de Peter Schott ©. Finalement, il enseigna la littérature latine pendant trois ans à la faculté des Lettres de Heidelberg et expliqua aux étudiants les épîtres de saint Jérôme et les poésies de Prudence. En 1501, Wimpfeling démissionna de son poste de professeur et revint à Strasbourg pour préparer avec Geiler von Kaysersberg et Christoph von Utenheim leur vie de solitude, mais le projet avorta car Christoph von Utenheim fut nommé évêque de Bâle (1er décembre 1502). Wimpfeling passa quelque temps à Bâle auprès du nouvel évêque, puis revint à Strasbourg où il s’établit sur les insistances de Geiler et de Sebastian Brant ©. Wimpfeling logeait chez les Guillelmites. Durant cette période, il travailla à l’édition des œuvres de Gerson (De vita et miraculis Joannis Gerson, 1506) et prépara son Catalogue des évêques de Strasbourg, d’après d’anciennes chroniques et d’anciens registres de la cathédrale. Le texte parut en 1508. Il écrivit aussi de nombreux textes pédagogiques. Wimpfeling devint célèbre dans tout l’Empire par ses nombreuses querelles littéraires (avec Murner ©, avec Locher, avec les Augustins, avec les Souabes et avec les Suisses). À Strasbourg, il s’occupa de l’éducation de plusieurs jeunes. Il fut un temps l’hôte du chevalier Martin Sturm dont le fils, Jacob ©, devint son élève et auquel il dédia son livre De Integritate. Vers 1508, Wimpfeling fonda la Société littéraire de Strasbourg qui fut fréquentée par la plupart des humanistes strasbourgeois: Jacob Sturm ©, Thomas Vogler, Matthias Schürer ©, Hieronymus Gebwiler ©, Sebastian Brant, Ottmar Nachtgall ©, entre autres. En 1514, il accueillit Erasme de Rotterdam ©. Wimpfeling rédigea, en 1503, à la demande de l’évêque de Bâle, un projet de statuts pour le diocèse et accepta de diriger le couvent des religieuses de Sulzburg en Forêt Noire. L’empereur Maximilien lui demanda de rédiger les griefs de la nation germanique contre la curie romaine qu’il publia en 1506 sous le titre Apologia pro republica christiana. Les dernières années de sa vie furent assombries par la Réforme protestante à laquelle passèrent plusieurs amis et par la révolte des paysans (1525). Vers la fin de l’année 1515, ses infirmités l’obligèrent à se retirer à Sélestat auprès de sa sœur Magdalena. À Sélestat, il fut chapelain de l’autel Saint-Antoine et Sainte-Catherine de l’église Saint-Georges. Wimpfeling fonda la Société littéraire de Sélestat. Il fut enseveli dans le transept occidental de l’église Saint-Georges de Sélestat. Ses deux neveux, Jacob Spiegel © et Jacob Maius, lui érigèrent une épitaphe qui fut démolie lors de la Révolution française.

Wimpfeling resta fidèle à l’Église catholique tout en travaillant à sa réforme. Il fut le grand théoricien de la pédagogie, ce qui lui valut le titre de Praeceptor Germaniae. Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages de pédagogie : Isidoneus germanicus (1497), traité de grammaire latine, Adolescentia (1500), compilation de règles de conduite tirées de divers auteurs et dédiées à Wolfgang, fils du comte Ludwig von Loewenstein, De integritate (1505), guide moral pour les jeunes prêtres dédié à Jacob Sturm, Diatriba de proba puerorum institutione (1510), recueil de conseils aux enseignants. Wimpfeling aima beaucoup son pays et l’Empire ; ses écrits historiques sont teintés d’un patriotisme sincère. La Germania (1501) fut un pamphlet de circonstance où il veut inciter les Alsaciens à plus de patriotisme envers le Saint-Empire romain germanique. Cet écrit lui valut une brillante réfutation de ses erreurs historiques dans la Nova Germania (1502) du franciscain Thomas Murner. Wimpfeling répliqua dans sa Defensio Germaniae (1502). Dans l’édition originale figure une gravure sur bois représentant Wimpfeling entouré de sept disciples faisant face à Thomas Murner. En 1505, Wimpfeling publia un des premiers essai de synthèse de l’histoire de l’Allemagne avec son Epitome rerum germanicarum, travail commencé par Sebastian Murrho © († 1494), remanié et complété par W. dans Soliloquium (1505) Wimpfeling prit parti pour l’empereur dans sa querelle avec les cantons suisses. Sa meilleure production historique fut son Argentinensium Episcoporum Cathalogus (catalogue des évêques de Strasbourg, 1508), dans lequel figure une gravure sur bois le représentant offrant son ouvrage à l’évêque Wilhelm von Honstein. Wimpfeling a beaucoup écrit (discours, poésies, préfaces, opuscules, éloges, ouvrages historiques, pédagogiques, religieux, etc.). La liste de ses œuvres a été publiée dans Dictionary of Literary Biography, 1997, (vol. 179, p. 317-325).

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1000-1002 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7753-7754; Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace, Paris, I, 1879, p. 3-188; Joseph Knepper, Jakop Wimpfellng. Sein Leben und seine Werke nach den Quellen dargestellt, Freiburg, 1902; Grandidier-lngold, Nouvelles œuvres inédites, Colmar, II, 1898, p. 580; A. Dorlan, Notices historiques sur l’Alsace et principalement sur la ville de Schlestadt, Colmar, 1843, p. 334-343; J. Clauss, « Nekrologium und Grabinschriften der Stadt Schlettstadt im Elsass », Freiburger Diözesan Archiv, 1925, p. 246-249 (avec bibliographie); P. Adam, L’humanisme à Sélestat, Sélestat, 1962, p. 37-50; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg 1450-1525, Paris, 1974 (index); A. Könneker, Jakob Wimpfeling, Contemporaries of Erasmus. A biographical register of the Renaissance and Reformation, Toronto, Buffalo, Londres, University of Toronto Press, vol. 3, 1987, p. 447-450 ; D. Mertens, Jakob Wimpfeling (1450-1528). Pädagogischer Humanismus, Humanismus im deutschen Südwesten. Biographische Profile…, herausg. von Paul Gerhard Schmidt, Sigmaringen, 1993, p. 35-57 (avec bibliographie) ; J. H. Overfield, « Jakob Wimpfeling (25 June 1450-15 November 1528) », Dictionary of Literary Biography, vol. 179 : German Writers of the Renaissance and Reformation 1280-1580, Washington, Londres, Gale Research, 1997, p. 317-325 (avec une excellente bibliographie et un index des œuvres de Wimpfeling et des éditions ultérieures).

Hubert Meyer (2002)