Officier, homme d’affaires (★ Ferrette 28.3.1732 † après 1788). Fils de François Valentin Widerspach, agent seigneurial à Ferrette, et de Marie Béatrice Schwindenhammer. ∞ 1.4.1761 à Paris, Saint-Sulpice, Madeleine Granet d’Emanville (★ Paris 1733 † Colmar 31.1.1814). Entré dans la carrière des armes en 1757 comme sous-lieutenant au régiment d’Eptingen, il fut promu capitaine pendant la guerre de Sept Ans, où il prit part à diverses campagnes. Successivement aide de camp du prince de Robec à l’armée de Hanovre (1758), puis du duc de Montmorency-Laval (1760) qui fut témoin à son mariage, et enfin du prince Xavier de Saxe. Il se retira ensuite à Landser et fut admis au traitement de réforme en 1764. À
cette date, il entra comme associé, avec une part de 30 000 livres, dans la firme Sandherr, Courageot & Cie exploitant la manufacture de toiles imprimées de Wesserling. Peu après, il bailla également des fonds à l’éphémère manufacture Ritzenthaler & Fils de Colmar quidéposa son bilan en 1769. Par provisions du 5 avril 1767, il acquit le titre (purement honorifique) de gouverneur de la ville et du château de Rouffach, ainsi que celui de lieutenant de roi à Colmar. Résidant désormais à Strasbourg, il fit l’acquisition de quatre offices de notaires royaux (aux résidences de Bouxwiller, Ingwiller, Pfaffenhoffen et Issenheim) auxquels il obtint en 1772 l’autorisation de commettre des juristes professionnels de son choix. S’étant rendu adjudicataire en 1769 de la cense de Langenau, domaine vendu par la ville de Haguenau et située dans l’Ortenau, il fit ériger cette terre en fief à son profit en 1775 par lettres d’investiture du margrave de Bade. Il quitta la métropole alsacienne la même année, ayant été nommé major commandant pour le roi des îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Son épouse obtint à ce moment la séparation de corps prononcée par le Conseil souverain d’Alsace. Ayant réussi à faire confirmer sa noblesse d’Empire en 1787, Widerspach tenta de la faire homologuer à Paris où il était de retour en 1788. Sa démarche suscita des doutes et des contestations, ce qui l’amena à se lancer dans une procédure àlaquelle le début de la Révolution ne permit pas d’aboutir. Toutefois, le titre de baron de Widerspach-Thor fut repris au XIXe siècle par les descendants de son frère aîné (lui-même n’ayant eu que trois filles mortes en bas âge), François Joseph Ignace (★ Ferrette 28.10.1729 † Ettenheim, Allemagne, 9.12.1794) qui mourut en émigration.
Archives de l’Armée de Terre, Vincennes, Xg 92, dossier du régiment d’Eptingen ; Archives départementales du Haut-Rhin, 1B 463 (60), 961, p. 493-502, 962, p. 366, 619-620 et 690-697, 963, p. 261 ; 4E Notariat, Colmar, étude Richard, 24 avril 1764, étude Werner, 22 et 23 août 1768, 25, 29et 30 septembre 1775; Archives municipales de Colmar, EE 236, p. 79; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 32841 ; Observations pour le Sieur de Widerspach de Thor, baron du Saint-Empire, chevalier de Saint-Louis, ancien major des îles Saint-Pierre-et-Miquelon, contre le sieur Lebel, appelant, Paris, sd (1788) ; La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, t. XIX, Paris, 1876, p. 1080-1083 ; K.-F. von Frank, Standeserhebungen und Gnadenakte für das Deutsches Reich und die österreichischen Erblande bis 1806, t. V, Vienne, 1974, p. 215 ; J.-M. Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, p. 217-219, 221, 225, 228, 230 ; L. Abel, « Sur les traces du Landserois (sic) François Ferdinand Antoine Widersbach », L’Alsace du 6.5.1987 (confusion avec les n° 2 et 3) ; E. Pelzer, « La noblesse alsacienne sous la monarchie française », Revue d’Alsace, 1987, p. 320.
Jean-Marie Schmitt (2002)