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WEISS Eugène (dit Müller)

Militant socialiste (état civil inconnu). Ouvrier imprimeur sur rouleaux pour étoffes à Mulhouse. Mêlé au mouvement ouvrier depuis 1867, Weiss fut le secrétaire-correspondant de la section de cette ville de l’Association internationale des travailleurs (Première internationale ouvrière), fondée soit en 1869, soit en mars 1870. Dans une lettre à Varlin, secrétaire de la section française de l’AIT, du 6 mars 1870, il annonçait que, depuis un an, il réunissait une vingtaine d’ouvriers imprimeurs, mécaniciens, fileurs « pour parler un peu de politique » et il demandait communication des statuts de l’Internationale. En outre, le mois précédent, un banquet commémoratif avait réuni à Mulhouse environ soixante « citoyens courageux » pour célébrer l’anniversaire de la révolution répubcaine de 1848. Il évoquait également l’ouverture d’une souscription en faveur des grévistes du Creusot. Il réitéra sa demande à Varlin dans une lettre du 13 avril 1870 en mentionnant qu’il n’avait pas à se plaindre personnellement de ses patrons, mais qu’il existait à Mulhouse des « fabricants, des tyrans de la pire espèce ». Le 1er mai, il tint un discours en dialecte au meeting du comité antiplébiscitaire à Mulhouse et le lendemain, il parla à Illzach. Lors de la grève de juillet 1870, le préfet mit en cause l’influence de Weiss dès le 5 juillet. Weiss demeura secrétaire correspondant de la section mulhousienne après 1870, puis adhéra à la Fédération internationale jurassienne de tendance anarchiste sous l’influence de Charles Keller ©, tout en prenant contact avec le parti socialiste allemand de Bebel © et Liebknecht qui s’était opposé à l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Pendant que sa femme tenait un cabaret à Mulhouse, il travaillait dans la fabrique de Koechlin frères. Le 25 janvier 1874, il tint, avec le socialiste germano-suisse Hermann Greulich, traité d’« agent de Bismarck » par les ouvriers de Dornach, une réunion au cours de laquelle il souligna les mérites de Wilhelm Liebknecht pour la cause de la liberté et du travail et amorça la constitution d’un comité électoral en vue des prochaines élections au Reichstag, mais Liebknecht n’obtint que 355 voix dans la circonscription de Mulhouse. Weiss fut licencié par la maison Koechlin en août 1875. Sous le pseudonyme de Müller, il participa en tant que délégué de sa section au 8e Congrès de l’AIT « antiautoritaire », à Berne (26-29 octobre 1876), et il fit partie de la commission chargée d’étudier la « convocation d’un Congrès socialiste universel en 1877 ». Weiss fut aussi président de la Société de secours mutuels autorisée par le préfet en 1866 et de l’Arbeiterunterstutzungsverein fondé en 1873 qui s’autodissout en 1878 avant l’entrée en vigueur de la loi antisocialiste. On perd ensuite sa trace.

Archives nationales, F lc III, Haut-Rhin, 14 ; Archives de la Préfecture de Police,Paris, B a/439 ; Archives départementales du Bas-Rhin, 87 AL 101, 400 ; Gazette des Tribunaux du 23.6.1870 ; O. Testut, Association internationale des Travailleurs, Lyon, 1870 ; O. Testut, L’Internationale et le Jacobinisme au ban de l’Europe, 11, Paris, 1872, p. 415-420 ; Bulletin de la Fédération jurassienne du 19.9.1875 ; L. Winterer, Le socialisme contemporain, Paris-Rixheim, 1878, p. 113 n. 1 ; H. Herkner, Die Oberelsässische Baumwollindustrie und ihre Arbeiter, Strasbourg, 1887, p. 263 ; J. Guillaume, L’Internationale. Documents et souvenirs (1864-1878), Paris, 1905-1910, t. 11, p. 319-320, t. III, p. 110 ; F. L’Huillier, La Lutte ouvrière à la fin du second Empire, Paris, 1957 ; H.-D. Soell, Die sozialdemokratische Arbeiterbewegung im Reichsland Elsass- Lothringen 1871-1918, Diss. Heidelberg, 1963, p. 21, 43-44, 54, 231, 254 ; H.-D. Soell, « La question nationale et les débuts du mouvement ouvrier en Alsace pendant les vingt premières années de l’annexion allemande (1871-1890) », Artisans et ouvriers d’Alsace, Strasbourg, p. 390, 397 ; P. Leuilliot, « Il y a cent ans. Mulhouse en 1868 », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, t. 76, 1968, p. 206, 208, 209 ; P. Leuilliot, « Il y a cent ans. Mulhouse en 1870 », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 78, 1970, p. 153 ; L. Strauss, « Opinion publique et forces politiques en Alsace à la fin du Second Empire, le plébiscite du 8 mai 1870 dans le Haut-Rhin », F. L’Huillier (dir.), L’Alsace en 1870-1871, Strasbourg-Gap, 1971 ; R. Wagner, La vie politique à Mulhouse de 1870 à nos jours, Mulhouse, 1976, p. 27 ; G. Livet, R. Oberlé, Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1977 (index) ; L. Strauss, « Monde ouvrier et mouvement ouvrier », P. Klein (dir.), L’Alsace, Paris, 1981, p. 236, 239 ; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Cd-Rom.

Léon Strauss (2002)