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WEIL Moïse

Grand rabbin d’Alger, (I) (★ Bouxwiller 14.11.1852 d. Alger 1914). Fils de Simon Weil, commerçant, et d’Anne Blum. ∞ NN ; 1 fille. Il fut formé au Séminaire rabbinique de France à Paris de 1871 à 1877 et fit toute sa carrière en Afrique du Nord. D’abord rabbin de Tlemcen jusqu’en 1882, puis grand rabbin d’Oran de 1883 à 1891, il fut installé le 16 avril 1891 comme grand rabbin d’Alger. Ayant des dispositions pour l’étude de la Kabbale, Weil fut un homme très religieux. Il encouragea l’étude de la Torah à la Yeshivah (Centre d’études talmudiques) Asirei Tiqvah et combattit tout relâchement moral allant jusqu’à excommunier, en 1899, le célèbre imprimeur Cohen-Solal pour avoir ouvert son imprimerie le jour du sabbat. Il s’investit également dans de grandes causes comme la collecte juive internationale en faveur des sinistrés musulmans de la grande famine de 1893. Maîtrisant parfaitement le judéo-arabe, il s’intégra totalement à la société algéroise, jouissant d’une grande considération. À la différence de l’attachement indéfectible à la France affiché par la plupart des rabbins alsaciens nommés en Algérie, Weil fut un ardent sioniste. En 1897, l’année du premier congrès sioniste de Bâle, Alger connut une vague d’antisémitisme virulent, attisée par les retombées de l’affaire Dreyfus ©. L’année suivante, Édouard Drumont fut élu député d’Alger et Max Régis, le fondateur du journal l’Anti-juif devint maire de cette ville. Dans ce climat passionnel, entretenu et stimulé par une violente campagne de la presse locale, des émeutes éclatèrent à Oran, Mostaganem et Alger, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés. De nombreux magasins juifs et des synagogues furent saccagées. Weil perçut dans ces incidents tragiques un signe précurseur des temps de la rédemption et, dans une lettre pastorale diffusée au début de 1899, il proposa à ses coreligionnaires résidant en Algérie et en France de quitter « les pays de l’Occident afin de s’installer à Jérusalem et à Tibériade… L’heure de la  libération a sonné ». D’après une autre lettre pastorale, Weil créa une association Chaarey Zion (Les portes de Sion) dont l’objectif était de collecter des fonds pour financer le départ de nombreuses familles pour la Palestine. Ces agissements ne plurent pas aux autorités communautaires. Le Consistoire d’Alger, dans une lettre adressée en octobre 1899 au Consistoire central de Paris, décida, en représailles, d’interrompre le versement du traitement du grand rabbin. Il semble que le Consistoire central ait suivi les vœux de ses correspondants algérois. Weil eut droit à une retraite anticipée et fut remplacé en 1900 par Abraham Bloch.

Bon arabisant, Moïse Weil était un érudit. On lui doit notammentune étude sur le cimetière israélite de Tlemcen (Avignon, 1881) ainsi qu’une série d’articles sur les noms hébreux des mois et sur Rabbenu Tarn, parues respectivement dans l’Athénée oriental et l’Univers israélite.

Archives départementales du Bas-Rhin, Mi, 61, 20, acte de naissance n° 108, 1852 ; Archives du Consistoire de Paris, ICC 38, n° 311 ; Archives de l’Alliance israélite universelle, circulaire d’avril 1899 ; J. Bauer, L’École rabbinique de France (1830-1930), Paris, 1931, p. 186, 207 ; J. Allouche-Benayoun, D. Bensimon, Juifs d’Algérie hier et aujourd’hui. Mémoires et identités, Toulouse, 1989, p. 183-185 ; R. Berg, Histoire du rabbinat français (XVIe-XXe siècle), Paris, 1992, p. 63, 196 ; P. B. Fenton, « Découverte à Strasbourg d’un trésor juif enfoui depuis 90 ans », Almanah du KKL, 1996, p. 143-149.

Jean Daltroff (2002)