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WANGEN von

Famille de petite noblesse, issue de la ministérialité de l’abbaye Saint-Étienne de Strasbourg, qui possède Wangen depuis 845. Son premier représentant connu, Hetzel, apparaît dans des chartes des Geroldseck ©, alors avoués de Saint-Étienne (1147-1158). Hartung von Wangen (son petit-fils ?) perd une guerre contre le duc de Lorraine ; le traité de paix qui y met fin en 1213 (Bibliothèque nationale, coll. Lorr. 246/1) montre qu’il possède un château, des alleux, des fiefs de plusieurs seigneurs, dont l’évêque de Strasbourg et les Geroldseck, et un réseau familial étendu jusqu’en Haute-Alsace. On lui connait 4 fils, parmi lesquels Heinrich (1246-1269 ; ∞ I avant 1246 Gerlind Virnekorn, patricienne de Strasbourg, ∞ II Sophia Schaler, d’une grande famille bâloise) est l’auteur d’une branche éteinte après 1364 avec Johann Wengelin ; de Hartung (1265 †), frère de Heinrich, descendent les Wangen ultérieurs. Les Wangen apparaissent dès le XIIIe siècle comme vassaux d’un grand nombre de seigneurs. De Saint-Étienne, ils tiennent, depuis le milieu du siècle, l’avouerie de Schiltigheim. Ils sont aussi vassaux des évêques de Strasbourg (et sans doute déjà de Metz), des ducs de Lorraine (depuis 1213), des landgraves de Werd ©, des Geroldseck © et des Ochsenstein © (c’est en commun de ces deux derniers lignages qu’ils tiennent le village de Wangen, dont ils font une ville avant 1287), et au plus tard depuis 1280 de l’Empire. Leurs biens se concentrent dans l’Arrière-Kochersberg et le long de la Mossig, mais se dispersent aussi dans le Kochersberg et jusqu’en Haute Alsace (Archives départementales du Haut-Rhin, 11H 4/25). À Wangen, ils ont un premier château, probablement avant 1213, et en bâtissent un second, octogonal, vers le troisième quart du XIIIe siècle.
Au plus tard à la même époque, ils élèvent un vaste château à Wangenbourg, en liaison avec le défrichement d’une forêt appartenant à l’abbaye d’Andlau ; Wangenbourg, ainsi que Freudeneck, qu’ils construisent dans la même forêt vers 1300, sont plus tard tenus en fief des von der Dicke ©, avoués d’Andlau. Ces constructions témoignent de l’aisance des Wangen ; celle-ci se déduit aussi de leurs mariages, qui les unissent aux meilleurs lignages de la petite noblesse d’Alsace (Hohenstein ©, Landsberg ©, Andlau ©, Hus ©, Beger ©, Kage ©, Winstein, etc.) et de Bâle (Schaler, Münch). Friedrich von Wangen, petit-fils de Hartung, épouse même avant 1299 Udelhild von Geroldseck über Rhein ©, d’une famille de haute noblesse ; il sera d’ailleurs Unterlandvogt impérial en 1312-1313, et use d’un sceau équestre (Archives départementales du Bas-Rhin, 39 J 18). Les trois premiers quarts du XIVe siècle voient les Wangen maintenir leur position sociale. Ils ont des fiefs de seigneurs encore plus nombreux (les Leiningen pour Minversheim, les Eberstein pour Wiwersheim, l’abbé de Marmoutier), ont eux-mêmes des vassaux (Rebstock, Stroseil von Waltenheim, Lupstein, Lampertheim, Hetzel) et s’unissent à plusieurs reprises à la haute noblesse (Ettendorf ©, Rappoltstein/Ribeaupierre ©, Schwarzenberg). Erhard von Wangen ∞ 1381 Adelheid von Geroldseck am Wasichen, qui lui apporte 1/8e de Marmoutier et des deux Geroldseck ; désormais, les Wangen joindront le nom et les armes des Geroldseck aux leurs. On les voit aussi occuper des dignités ecclésiastiques : Brigida († 1328) est abbesse de Saint-Étienne, Walter († 1356) trésorier de la cathédrale de Spire, un autre chanoine cathédral à Trèves au milieu du XIVe siècle, Hans prieur (1391-1394) de Beerenberg, une filiale d’Obersteigen, dont les Wangen sont des bienfaiteurs.

L’horizon s’obscurcit dans le dernier quart du XIVe siècle. Erhard von Wangen (1387 †) contracte plusieurs gros emprunts. À partir de 1387, les Wangen partagent Wangenburg avec un nombre croissant de coseigneurs, dont depuis 1416 l’électeur Palatin, alors que la moitié de Freudeneck leur a échappé dès 1356. La moitié du château de Wangen passe en 1373 de Friedrich Stahel von Westhoffen aux Ochsenstein (LU I 1127), mais les Wangen semblent l’avoir récupérée plus tard (Archives municipales de Strasbourg, AA 1436 f° 11). Après la mort de Burkhard von Homburg, dit von Wangen, petit-fils de Johann Wengelin (1409), les Ochsenstein reprennent 1/3 de la ville de Wangen comme fief déshérant (LU II 1981). Les Wangen ne sont donc plus seuls maîtres du cœur même de leur seigneurie, et Schiltigheim leur échappe entièrement. Dans le courant du XVe siècle, la crise s’intensifie, et les alliances des Wangen en témoignent : c’est ainsi que Georg von Wangen marie sa fille Margrede, avant 1494, à Volmar von Hoenheim, un écuyer fort obscur (Archives municipales de Strasbourg, charte 7323). Comment expliquer ce déclin ? Outre la crise générale de la fin du Moyen Âge, on peut suggérer trois raisons. D’une part, il semble que jusqu’au XVIe siècle, les Wangen soient à chaque génération relativement nombreux, et qu’au XVe siècle leurs cadets n’entrent plus dans les ordres. Mais ce point est à vérifier, car la généalogie des Wangen n’est pas encore établie. D’autre part, Wangen a beaucoup souffert des guerres : la ville (mais pas le château) a été brûlée par les Anglais en 1375 (Monumenta Germaniae Historica Scriptores 17, 180), par les Strasbourgeois en 1421 (du moins selon B. Hertzog, IV 109, qui semble contredit par Archives municipales de Strasbourg charte 3662) et à nouveau fin 1444, pour éviter que les Armagnacs ne la réoccupent. Hans von Wangen lui-même a été capturé par un Armagnac et a dû payer une lourde rançon (Archives municipales de Strasbourg, III 205/9). Enfin, les Wangen du XVe siècle n’ont aucun appui : comme beaucoup de nobles de Basse-Alsace, ils sont tombés sous la coupe de l’électeur Palatin, mais n’ont pas accès à sa cour et aux postes qu’il a à pourvoir. Leurs relations avec l’évêque de Strasbourg, dont ils sont vassaux, sont souvent mauvaises : en 1412, Hartung déclare la guerre à Wilhelm von Diest, qui ne lui paie pas son dû (Archives municipales de Strasbourg, AA 1436) ; et les évêques Albrecht et Wilhelm rendent quatre arbitrages très défavorables aux Wangen (Archives départementales du Bas-Rhin, H 2712/1-2 et 4 ; 8E 517/9 : 1506-1516). Avec la ville de Strasbourg, les relations sont fluctuantes, mais souvent conflictuelles, à cause du zoll levé par Hartung à Wangen (Archives municipales de Strasbourg, III 195/6, I 16/11, charte 3608 : 1410-1420), de sa participation à la guerre de Dachstein, de l’ouverture de Wangen à Hans von Finstingen ©, complice des Armagnacs, par Hans en 1445 (Archives municipales de Strasbourg, III 209/6), et du soutien que la ville apporte à l’abbesse de Saint-Étienne, bourgeoise de Strasbourg : après l’extinction des Ochsenstein (de qui les Wangen tenaient Wangen en fief) en 1485, elle prétend reprendre Wangen et les en évincer. Dès 1469, Hartung, se voyant incapable de défendre ses biens, les confie pour cinq ans à l’évêque (Archives départementales du Bas-Rhin, G 1395/4). À la fin du siècle, les sujets abbatiaux de Wangen, soutenus par l’abbesse, sont en révolte ouverte contre les Wangen : ils scient les poutres du pont du château, vident son fossé, et le Schulthei? abbatial incarcère Friedrich et Hans von Wangen un jour d’émeute, le tout impunément ; bien plus, les arbitrages de l’évêque privent les Wangen de tous leurs biens et droits à Wangen, sauf leur château, fort délabré, et qu’ils finissent par vendre en 1566 (Archives départementales du Bas-Rhin, H 2713). Entre-temps, les Wangen avaient participé à la guerre de succession de Bavière (1504) dans le camp palatin. En représailles, Maximilien leur confisque Wangenbourg au profit de courtisans, qui le revendent à l’évêque de Strasbourg ; au moment où celui-ci en prend possession en 1518, le château est pratiquement en ruine (Archives départementales du Bas-Rhin, G 1395). Curieusement, les Wangen n’en sont pas expulsés, même après que Stephan von Wangen a engagé sa moitié du château (! ?) à l’évêque ; au contraire, ils le rebâtissent en plusieurs étapes (1520-1545). À cette époque, les Wangen, qui avaient touché le fond au début du XVIe siècle, commencent à remonter la pente. Georg von Wangen est au service de l’évêché comme Oberschulthei? de Saverne (vers 1550), puis comme Hofmeister (1561-78). Tout se passe comme si les évêques avaient voulu casser les reins aux Wangen, nobles indépendants, et les repêcher une fois « domestiqués ».

Ad. Birkenmayer, « Archivalien des Freiherrlichen von Neveu’schen Archivs in Biengen », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 58, 1904, p. m8-m32 (ces archives contiennent aujourd’hui encore celles de la famille de Wangen) ; A. Wernert, « Die Besitzungen der Herren von Wangen », Elsass-Lotringisches Jahrbuch 14, 1934 (indigent et sans sources) ; L. Klock, Wangen, 1951 ; Th. Biller, B. Metz, Die Burgen des Elsa?, III, 1995, 234-54 (Wangen & Wangenburg) ; Fr. Battenberg, Lichtenberger Urkunden (cité LU), 5 vol. 1994-1995 (index).

Bernhard Metz (2002)