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WALTER Michel

Homme politique, (C) (★ Haguenau 5.2.1884 † Saverne 29.1.1947). Fils de Joseph Walter, cultivateur, et de Marie Anne Muller. ∞ 20.8.1906 à Haguenau Marie Justine Dietsch, fille de brossier. Né dans une famille de 11 enfants, Walter fit des études supérieures de physique, mathématiques et philosophie à l’Université de Strasbourg de 1901 à 1904. En 1904, il soutint une thèse de doctorat et passa le Staatsexamen. Nommé professeur de mathématiques au gymnase de Wissembourg en 1905, il fut bientôt muté au gymnase de Ribeauvillé. Dès 1908, il devint un des orateurs du Volksverein für das katholische Deutschland. En 1911, il participa à la campagne électorale de Wetterlé © pour les élections au Landtag. Nommé professeur à Strasbourg en 1911, il y fonda, en 1914, un groupe de jeunes du Windthorstbund. Il fut également actif dans les associations catholiques et, en particulier, vice-président du Cercle d’adultes de la paroisse de la cathédrale. En février 1919, il participa à la création de l’Union populaire républicaine (UPR) et devint membre de son comité provisoire. Le 28 mars 1919, il fut élu vice-président de la section UPR de Strasbourg, où il se rangeait du côté de la tendance vigoureusement régionaliste. Malgré son échec à l’élection au Comité directeur du parti en août 1919, il fut désigné comme candidat aux élections législatives de novembre 1919. Il obtint le plus grand nombre de suffrages de la liste d’Union nationale et fut élu député du Bas-Rhin. Il s’inscrivit au groupe de l’Entente républicaine démocratique. Le 8 janvier 1920, Walter devint gérant de l’UPR, fonction qu’il exerça jusqu’au 11 mai 1928 et qui lui permit de s’imposer comme une des personnalités dirigeantes du parti. Il devint l’homme indispensable qui maintenait l’unité du parti par son sens de la conciliation et par un jeu subtil d’équilibre entre l’aile nationale et l’aile autonomisante. Réélu député du Bas-Rhin en 1924, il s’inscrivit au Groupe des démocrates de Champetier de Ribes. En juin 1924, il fut cofondateur du Comité de défense religieuse qui s’opposa à la politique annoncée par Édouard Herriot. Il intervint à plusieurs reprises à la Chambre pour condamner la politique de laïcisation en Alsace-Lorraine. De 1926 à 1928, il parvint, malgré la montée du mouvement autonomiste en Alsace, à préserver l’unité de son parti. L’élection législative de 1928 marqua un tournant décisif dans sa carrière politique. Candidat dans la circonscription de Haguenau, il passa dans le camp des partisans d’une politique du Volksfront, c’est-à-dire d’une politique d’alliance avec les partis autonomistes, afin d’assurer son élection au second tour de scrutin. A la Chambre des députés, il déposa, conformément à ses engagements de campagne, plusieurs projets de résolution demandant la libération et l’amnistie des condamnés du procès de Colmar. Il s’inscrivit au groupe des Démocrates populaires. Quittant la gérance de l’UPR, il fut élu président de la Commission départementale du parti dans le Bas-Rhin, en novembre 1928. Il exerça ces fonctions jusqu’en mai 1938. Il fut, dès lors, partisan déclaré d’une politique de Volksfront dans le Bas-Rhin.
En mai 1929, il devint le premier adjoint sans attribution au maire communiste dissident de Strasbourg, Ch. Hueber ©. Membre du Conseil général du Bas-Rhin pour le canton de Barr de 1922 à 1928, puis pour le canton de Bischwiller depuis 1928, Walter fut élu, en 1931, président du Conseil général, fonctions qu’il exerça jusqu’en 1940. En 1932, il fut réélu député de Haguenau et constitua avec plusieurs députés alsaciens et lorrains un Groupe des républicains du centre qu’il présida. Il fut l’auteur de plusieurs propositions de loi sur la réglementation de l’apprentissage (1932) et la protection du commerce et de l’artisanat contre les magasins à prix unique. Il fut membre de la Commission d’enquête sur les causes de la journée de troubles du 6 février 1934. En juin 1934, il déposa un projet de loi sur la création d’une région Alsace. À partir de 1934, Walter prépara un nouveau revirement politique en inaugurant, en février, une chronique politique en langue française dans le quotidien catholique du Bas-Rhin, l’Elsässer. Il s’y prononça pour une large politique d’alliance des partis démocratiques, afin de faire face à la crise politique, économique et sociale. En 1935, il fut à nouveau élu premier adjoint au maire de Strasbourg, mais cette fois-ci d’un maire démocrate, Ch. Frey ©. Il abandonna alors définitivement la politique de Volksfront. En 1936, il fut réélu député de Haguenau et s’inscrivit au Groupe indépendant d’action populaire, constitué par les députés UPR et des collègues alsaciens et lorrains. Ses palinodies et son opportunisme lui firent, cependant, perdre une grande part de son influence au sein de l’UPR. En mai 1938, il dut renoncer à se représenter pour la présidence de la Commission départementale du parti. Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs constituants pour le maréchal Pétain. Durant la guerre, il se réfugia à Périgueux. Le 27 octobre 1942, il participa à la réunion des élus alsaciens et lorrains de Clermont-Ferrand, qui adopta une protestation solennelle contre les mesures prises par l’occupant en Alsace et en Lorraine, protestation remise ensuite au maréchal Pétain. En février 1945, il fut élu membre du comité exécutif provisoire du nouveau parti catholique alsacien dans le Bas-Rhin, le Parti républicain populaire, qui adhéra au Mouvement républicain populaire (MRP) en juillet 1945. En septembre 1945, Walter fut battu aux élections cantonales de Bischwiller par Camille Wolff ©. Il fut, cependant, élu conseiller municipal et deuxième adjoint au maire de Strasbourg. Il fut président de la Caisse d’Épargne de Strasbourg (1935-1947) et, en 1946, président de la Conférence des caisses d’épargne pour l’Alsace et la Lorraine.

Ch. Frey, Discours aux obsèques, Le Nouvel Alsacien et Dernières Nouvelles d’Alsace du 4.2.1947 ; Honneur et Patrie du 7.2.1947 ; J.-L. Hirtler, Le mouvement républicain populaire dans le Bas-Rhin en 1945-1946, Strasbourg, 1970 ; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, t. 8, 1977, p. 3215-3216 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, 1982 (portrait) ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7676-7677 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 449-450 ; A. Irjud, « Des épreuves de la guerre à la Libération (1939-1947) », Ch. Baechler et alii, Alfred Oberkirch 1876-1947. Un médecin alsacien dans la tourmente politique, Strasbourg, 1990.

Christian Baechler (2002)