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VOGT Martin

Organiste et compositeur, (C) (★ Kulmain, Bavière, 1781 † Colmar 1854). Vogt effectua sa formation dans différentes écoles conventuelles de Bavière ainsi qu’auprès de Michaël Haydn à Salzburg. En 1806, il se réfugia en Suisse pour échapper à l’enrôlement dans les armées de Napoléon. Après avoir séjourné dans les abbayes d’Einsiedeln, Mariastein et Saint-Urbain, il fut nommé cantore, organiste à Arlesheim, puis, en 1823 Musikdirektor à Saint-Gall. De 1837 à sa mort, il occupa le poste d’organiste et de directeur de la musique de l’église Saint-Martin de Colmar. En dehors de son activité de musicien d’église, il se produisit également comme virtuose du violoncelle, en particulier à Bâle. Vogt est l’auteur d’une abondante production vocale et instrumentale consacrée principalement à la musique d’orgue et aux compositions religieuses : à côté de quelques Lieder (sur des textes de Hebel et de Goethe) et de compositions pour piano, il laisse surtout de nombreuses messes polyphoniques en latin et en allemand (dont quelques curieuses messes en « plain chant polyphonique »), des motets (parmi eux de nombreuses pièces à la Vierge) et des compositions pour orgue. Plusieurs messes furent dédiées à des notables alsaciens du XIXe siècle. La plupart de ces plus de 300 compositions recensées furent imprimées, souvent à Colmar, avec des lithographies d’artistes locaux. Ses œuvres vocales et plus encore ses compositions pour orgue furent diffusées par de nombreuses anthologies du XIXe siècle, parfois bien après sa mort. La large diffusion de ses œuvres, dont on trouve des exemplaires imprimés et de nombreuses copies manuscrites en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France et dans d’autres pays limitrophes, promet encore bien des découvertes et atteste d’une étonnante célébrité à l’époque. Dans son autobiographie manuscrite, Vogt affirme avoir reçu de nombreuses offres venant de Paris, et de Londres durant les années passées à Arlesheim, propositions qu’il refusa néanmoins en raison de l’admiration que lui vouaient les publics d’Arlesheim et de Bâle. La musique de Vogt, habile et très plaisante, se situe résolument dans l’esthétique classique de Michaël Haydn, le musicien le plus influent en Europe dans le domaine de la musique religieuse, volontiers conservatrice vers 1800. Encore méconnue en Alsace, elle connaît actuellement un regain d’intérêt dans les pays de langue allemande.
Rééditions : Messe à trois voix et orgue en Fa majeur, (éd. par E. Hofmann) Musica Rinata, Ditzingen, 2000 ; Messe op. 74 en Ut majeur, pour 3 voix et orgue, (éd. par P. Koller et C. Ehinger), Eigenverlag des Domchors Alesheim, 1998 ; Messe en Mi bémol majeur pour 4 voix, 2 violons, violoncelle et orgue (éd. par P. Koller et C. Ehinger), Eigenverlag des Domchors Arlesheim, 2001.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 927 ; Martin Vogt, Erinnerungen eines wandernden Musikers, Bâle, 1971 ; Ch. Hänggi, Martin Vogt, ein Organist der ersten Hälfte des 19. Jahrhunderts. vol. 1 : Untersuchungen zur Beruflichen Stellung und zum Werk ; vol. 2 : Werk- und Fundortverzeichnis zu den Kompositionen Martin Vogts, Lizentiatsarbeit, Reinach, 1988.

Jean-Luc Gester (2002)