Prêtre, historien (★ Altkirch le 25.3.1756 † Lorette, Ancône, Italie, 26.8.1817). Fils de Valentin Vogel, chapelier, et Madeleine Wilhelm, native de Brunstatt. Il fit des études à l’Université épiscopale de Strasbourg (1772 et 1781) et au séminaire de Porrentruy de 1778 à 1779. Il fut ordonné prêtre le 19 novembre 1778. Licencié en théologie en 1781. Ses études terminées, il revint à Altkirch dont il classa les archives anciennes. Il en acheva l’inventaire en 1784. D’abord vicaire à Cernay (1781), puis chapelain de la chapelle du château des Reinach à Steinbrunn-le-Haut (1784-1787), il accompagna l’ambassadeur, comte de Choiseul-Gouffier dans son voyage en Grèce en 1785 et fit une ample moisson d’observations et de découvertes relatives aux monuments de l’Antiquité. En 1789, il fut nommé curé d’Obermorschwiller.
Refusant d’adhérer à la Constitution civile du clergé, puis de reconnaître le nouvel évêque du Haut-Rhin Arbogaste Martin ©, Vogel resta tout de même en place jusqu’au printemps 1792. Craignant une arrestation imminente, il s’enfuit en Suisse où il resta pendant deux ans. Puis il revint à Obermorschwiller pour l’été 1794. En septembre, il fut remplacé par un prêtre jureur et s’exila définitivement dans la marche d’Ancône (États de l’Église), de 1794 à sa mort. Il devint chanoine de la cathédrale de Recanati en 1804 et membre du chapitre de la basilique de Lorette en 1814.
Pendant son séjour italien, il classa les archives des villes qui lui offrirent l’hospitalité et rédigea des monographies (villes de Fermo, Matelica, Cingoli, Recanati). Il établit également des arbres généalogiques pour les familles nobles de la région. La plupart de ses œuvres restèrent à l’état de manuscrits conservés à Recanati et Lorette. Son Histoire du diocèse de Recanati et de Lorette fut publiée en deux volumes, 42 ans après sa mort. Vingt-deux lettres qu’il adressa au marquis Solari, ont été publiées dans le premier volume des œuvres inédites de Leopardi. Elles avaient pour thèmes: la formation d’une bibliothèque, la technique des fouilles archéologiques, la formation de la langue italienne, la naissance de la langue étrusque, l’art poétique d’Horace, la Divine comédie de Dante, la critique d’une autobiographie d’Alfieri, le code Napoléon, un projet de réforme des études dans les États pontificaux.
P. Livarius Oliger, « Kanonikus Joseph Anton Vogel, ein elsässischer Historiker im Kirchenstaat », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1927, p. 311-348; M. Mutterer, « Un savant alsacien en Italie pendant la Révolution : l’abbé Joseph Antoine Vogel (1756-1817) », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1949-1951, p. 134-142; J. Joachim, « L’abbé Vogel d’Altkirch et la Révolution, » ibidem, 1952, p. 61-66; Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime 1648-1792, 1983-1985; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986.
Gabrielle Claerr-Stamm (2002)