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VIETINGHOFF (WIETINGHOFF, WITTIN-GHOFF) Georges Michel, baron de

Lieutenant général commandant dans le Haut-Rhin, puis général de division, (PI) (★ Frauenburg, Courlande, auj. près de Saldus, Lettonie, 22.6.1722 † Versailles 21.9.1807). Fils de Ferdinand, baron de Vietinghoff-Schel, chambellan du duc de Courlande, et de Charlotte Élisabeth, baronne de Wrangel. ∞ 1762 Dorothée Salomé Wolff (★ Strasbourg 5.1.1744 † Strasbourg 12.4.1810), fille de Frédéric Wolff banquier, assesseur au Grand Sénat de Strasbourg, et de Marie Salomé Kolb. Issu de la branche livonienne de la famille Vietinghoff-Schel zu Schelenberg, d’origine westphalienne, il était l’oncle de Juliane de Vietinghoff, devenue Mme de Krüdener ©, célèbre mystique et femme de lettres. Il entra dans la carrière des armes au service de la Pologne en 1738 et servit ensuite dans plusieurs régiments étrangers au service de la France. Lieutenant au régiment de Loewendal en 1745, il prit part à la guerre de Succession d’Autriche et fut blessé au siège de Tournai. Capitaine au régiment de Nassau-Sarrebruck en 1747, il devint l’aide de camp du maréchal de Saxe. Lieutenant-colonel au régiment de Nassau-Usingen en 1755, il passa l’année suivante au régiment d’Alsace. Promu colonel en 1757, il fut affecté à l’ambassade de France en Russie, où il participa aux campagnes de la guerre de Sept Ans contre la Prusse, et fut blessé en 1758 à la bataille de Zorndorf. Colonel commandant le régiment de Royal-Bavière en 1763, il fut nommé brigadier d’infanterie en 1768. Désormais fixé en Alsace, il fut notamment l’hôte du poète Pfeffel © à Colmar en 1776. Basé avec son régiment à Landau, puis à Wissembourg en 1777, il obtint en 1780 sa patente de maréchal de camp dans l’armée du prince de Broglie © et la division du baron de Falckenhayn ©. À partir de 1781, il loua aux héritiers de la famille de Zuckmantel © le château d’Osthoffen avec toutes ses dépendances, et en fit sa résidence ordinaire. En 1789, il commandait une brigade d’infanterie comprenant notamment le régiment de La Marck et celui des Chasseurs de Champagne à Sélestat, ainsi que celui de Deux-Ponts à Neuf-Brisach, lorsqu’il fut chargé par la Commission intermédiaire de l’Assemblée provinciale d’Alsace de juguler les soulèvements populaires qui enflammaient la région de Thann à Guebwiller ainsi que le Sundgau. Ayant conduit une répression rapide et efficace à la fin du mois de juillet, il se vit imputer un moment la responsabilité d’actes de cruauté commis par ses troupes, mais fut disculpé par un mémoire très élogieux de l’un de ses officiers, le chevalier de La Rochelambert, produisant de nombreux témoignages de satisfaction émanant d’autorités locales de toute la Haute Alsace. Nommé lieutenant-général des armées du roi et commandant militaire à Colmar en 1790, Vietinghoff fut ensuite placé à la tête de la 4e division à Nancy, ainsi que des troupes de ligne réparties dans la Meurthe et dans les Vosges. Il abandonna alors le château d’Osthoffen. En 1792, nommé commandant de la 17e division militaire à Paris, Vietinghoff eut notamment la délicate mission d’encadrer, avec le chef de la garde nationale Santerre, le roi Louis XVI durant le procès de ce dernier. En 1793, il reçut encore le commandement de la 22e division militaire à Tours, mais fut relevé peu après de son poste en tant que ci-devant noble. Admis à la retraite en 1795 avec le grade de général de division, il fut pensionné par le gouvernement du Consulat et se retira à Versailles. Vietinghoff avait été fait successivement chevalier de l’ordre de l’Épée de Suède, chevalier du Mérite militaire, commandeur de l’ordre de Saint-Louis, officier de la Légion d’honneur.

Archives de l’Armée, Vincennes, série I, dossier 1259 ; Archives départementales du Haut-Rhin, 2 E 228, 15 ; Bibliothèque municipale de Colmar, I CH 263 ; Apologie sur la conduite de Monsieur le général baron de Vietinghoff à la Haute Alsace en juillet 1789, Strasbourg, s.d. [1789] ; A. Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin 1789-1745, Paris, Colmar, 1865, p. 29 ; (Anonyme), « Le dernier abbé de Murbach », Revue catholique d’Alsace, 1882-1883, p. 617 ; F. Bouvier, Les Vosges pendant la Révolution, Paris, 1885, p. 106 ; H. Pfannenschmid, Gottlieb Konrad Pfeffel’s Fremdenbuch, Colmar, 1892, p. 126 ; Ch. Hoffmann, L’Alsace au XVIIIe siècle, t. I, Colmar, 1906, p. 612, Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 919-920; Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux… 1792-1814, Paris, 1934, II, p. 551; F. Dollinger, « Châteaux d’Alsace : Osthoffen », Revue alsacienne illustrée, 1912, p. 1-14 (surtout p. 6 et reproduction d’une vue gravée du château dédiée au baron de Vietinghoff) ; J.-B. Rietsap, Armorial général, Lyon, 1950, t. Il, p. 675 et t. IV, p. 1001 et 1014; J.-M. Schmitt, Aux origines de la Révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, p. 293 ; Alphonse Halter, Dictionnaire biographique des maréchaux et généraux alsaciens et des maréchaux et généraux morts en Alsace de l’Ancien Régime à nos jours, Colmar, 1994, p. 326-327 (erreurs).

Jean-Marie Schmitt (2002)